Le parti d’Abdoulaye Wade survivra-t-il à la retraite politique de ce dernier ? Tiendra-t-il même jusque-là ? Rien de moins sur. Les défections s’enchaînent et s’accroissent par pans entiers sur l’étendue du territoire national depuis la défaite mémorable du 25 mars dernier. Les décisions jadis parole d’évangile du Maître, sont ouvertement contestées, remises en causes, comme celle de nommer Omar Sarr, le maire de Dagana coordonnateur général et mandataire du parti pour les législatives prochaines. Bref, le Parti démocratique sénégalais (Pds) semble proche de l’implosion.
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) va-t-il imploser plus vite que prévu ? C’est à craindre au regard des défections qui font légion depuis que son chef a été battu à plate couture le 25 mars dernier par Macky Sall, le candidat au second tour de la coalition Benno Bokk Yakaar. Il ne se passe pas un seul jour sans que l’on n’annonce dans la presse, le départ de pans entiers d’individus et de responsables se réclamant d’une fédération libérale de telle ou telle région ou des membres de telle ou telle structure du parti ou des mouvements affiliés du sommet à la base. Le Pds ne s’est pas seulement libéré de ses anciens alliés, il se délivre de ses membres. Parmi ceux qui restent encore accrochés à la barque, la révolte explose contre le dernier coup du Maître.
On assiste en effet, à une véritable levée de boucliers depuis que le Secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade a pris la décision de nommer l’ancien Monsieur élection de son parti, le maire de Dagana, Oumar Sarr, coordonnateur général, mandataire du parti, chargé de la confection des listes aux élections législatives de juillet prochain. Le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, désormais ancien Secrétaire général de la fédération libérale de la région, membre du Comité Directeur du Pds, a officialisé hier, mercredi 11 avril son départ du parti. Il a présenté son directoire de campagne pour les législatives où il entend s’engager par le biais d’une coalition dénommée «Action autour de Baldé».
A Kaolack, Daouda Faye, le sénateur de Wade dit mettre en place le Parti écologique libéral et tend la main au nouvel homme fort du pays, Macky Sall. Baïla Wane, ex-directeur général de la Lonase a quitté également le navire libéral pour déposer son baluchon chez les «Apéristes», les nouveaux maîtres du Sénégal. Cherche-t-il protection auprès de son ami de président, on lui prête en effet plusieurs casseroles dans sa gestion de la Lonase qui devraient le conduire devant les juges pour y répondre? Ou plutôt vient-il seulement prêter main forte à son ami qui a besoin de massifier son parti et de disposer à peu de frais de ressources humaines « qualifiées »?
Toujours est-il que comme si cela ne suffisait pas à un Pds bien mal en point et à son chef défié de plus en plus, on annonce une conférence de presse animée conjointement aujourd’hui, jeudi 12 avril par Pape Diop, président du Sénat et Mamadou Seck, président l’Assemblée nationale. Tous les deux nourrissaient la secrète ambition de remplacer Abdoulaye Wade à la tête du Pds ou étaient annoncés par leurs affidés comme candidats à la succession du vieux chef. Pape Diop et Mamadou Seck auraient d’ores et déjà le soutien « militant » des anciens ministres Abdou Fall et Abdoulaye Baldé, ainsi que celui du maire libéral de la Commune d’Arrondissement des Parcelles Assainies, Moussa Sy.
De sources proches des milieux libéraux, tout ce beau monde dénoncera publiquement en l’occasion, la nomination de Oumar Sarr comme coordonnateur national du parti. Il s’élèvera également contre les listes de candidatures qu’il élaborera pour les législatives prochaines parce « qu’elles seraient établies par procuration de Karim Wade».
Moussa Sy, le jeune député maire des Parcelles Assainies qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui n’a jamais cessé de ruer dans les brancards en tout ce qui concerne Karim Wade, le fils, a demandé à ses frères et sœurs de parti de prendre leurs responsabilités, s’ils tiennent au Pds. Selon lui, les membres du parti ont déjà fait beaucoup de concessions à leur Secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade. Moussa Sy conteste vigoureusement la désignation de Omar Sarr au poste de coordonnateur général et de mandataire du parti conséquemment.
A Tambacounda, le responsable libéral Pape Omar Samb a invité, lundi 9 avril dernier, la direction du parti à prendre toutes « ses responsabilités » dans la confection des listes pour les élections législatives du 1er juillet. Car souligne a-t-il souligné, « il est temps que le parti revoit son fonctionnement au niveau national et au niveau des fédérations départementales ».