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Le plan migratoire de Trump : le « mérite » avant les liens familiaux

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Le président des États-Unis a annoncé, jeudi, une réforme de l’immigration qui accroîtrait de façon significative les exigences en matière d’éducation et de qualifications au détriment des regroupements familiaux. Le rejet de son plan par le Congrès laisse peu de doutes, mais la proposition a toutes les chances d’être brandie comme arme électorale.

Reprenant un de ses thèmes de prédilection, Donald Trump a présenté un plan à saveur électoraliste.

La nouvelle politique migratoire fera du système américain d’immigration « la fierté de notre nation et l’envie du monde moderne », a-t-il déclaré d’emblée depuis la roseraie de la Maison-Blanche.

La proposition de la Maison-Blanche vise deux objectifs, a-t-il indiqué : d’une part, mettre un terme à l’immigration illégale et sécuriser la frontière sud et, d’autre part, « moderniser en profondeur » le système dysfonctionnel d’immigration légale.

« Nous discriminons les génies, nous discriminons l’intelligence », a-t-il soutenu, assurant que les États-Unis attireraient dorénavant les immigrants « les plus brillants » et ancrant son plan dans des motivations économiques et sécuritaires.

Accusant les démocrates d’être en faveur de l’ouverture des frontières, de la baisse des salaires et d’un « chaos anarchique », le président Trump a affirmé que sa proposition privilégiait « les emplois, les salaires et la sécurité des Américains ».
Le président Trump a indiqué que le nombre d’immigrants reçus resterait stable, mais serait davantage axé sur le « mérite », vantant à quelques reprises le Canada pour son programme d’immigration de travailleurs qualifiés.

Le plan de la Maison-Blanche prévoit d’assujettir les cartes vertes, qui confèrent à des citoyens étrangers la résidence permanente et leur permettent de travailler légalement aux États-Unis sans visa, à un nouveau visa « construire l’Amérique », qui serait attribué en fonction de points attribués selon des « critères clairs », a-t-il dit.

L’âge, la maîtrise de l’anglais, l’éducation et une offre d’emploi déjà reçue feraient partie des critères.

Pour favoriser leur intégration et leur « assimilation », les immigrants devraient apprendre l’anglais et passer un examen civique, a ajouté M. Trump.

Réduire le nombre de réunifications familiales

La nouvelle politique réduirait considérablement l’immigration basée sur les liens familiaux, qui permet depuis des décennies aux immigrants reçus de faire venir des membres de leur famille.

Actuellement, les deux tiers du 1,1 million de nouveaux détenteurs annuels de cartes vertes les reçoivent en raison de liens familiaux. Le plan ferait en sorte que 57 % des cartes vertes seraient dorénavant remises en fonction de l’emploi et des compétences, a précisé le président.

Ironiquement, les parents de la femme du président, Melania, ont profité l’an dernier du regroupement familial qu’il dénonce.

Dénonçant les « demandes frivoles » de certains demandeurs d’asile qui « abusent » du système, Donald Trump a en outre affirmé que les requêtes des réfugiés « légitimes » seraient « rapidement acceptées » et les autres, « rapidement refusées ».

Au cours de son allocution, le président n’a pas abordé la situation des Dreamers, ces jeunes immigrants sans papiers emmenés aux États-Unis par leurs parents dans leur enfance.

La porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders, a soutenu que le plan n’incluait pas de mesures de protection à l’endroit de ces jeunes parce que cet enjeu était trop « divisif ».

Le président avait annoncé en septembre 2017 la fin du programme, mis en place par le président Barack Obama, qui permettait de régulariser temporairement leur situation.

Les démocrates critiquent un plan « mort-né »

Le plan a notamment été élaboré par le gendre et conseiller du président, Jared Kushner, en collaboration avec le conseiller aux politiques Stephen Miller, reconnu pour ses ambitions de durcir la politique migratoire américaine. D’après l’agence Reuters, Jared Kushner a eu quelque 50 rencontres avec des groupes conservateurs.

Le projet, qui ne fait pas encore l’objet d’un texte législatif selon le Washington Post, n’a aucune chance d’être adopté à la Chambre des représentants, sous contrôle des démocrates.

Sans surprise, ceux-ci ont d’ailleurs accueilli hostilement la proposition de la Maison-Blanche.

Dans un communiqué, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a averti que le plan était « mort-né ».

Dire que les critères d’application de ce plan sont “fondés sur le mérite” est le comble de la condescendance.

Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants
« Sont-ils en train de dire que la famille est sans mérite? Sont-ils en train de dire la majorité des personnes qui sont venues aux États-Unis au cours de l’histoire de notre pays sont sans mérite, parce qu’elles n’ont pas un diplôme d’ingénieur? », s’était-elle insurgée avant l’annonce, dont les médias avaient révélé les grandes lignes.

Elle a accusé la Maison-Blanche de recycler « le pire de ses plans d’immigration », énumérant les politiques de détention familiales « barbares » pour les demandeurs d’asile arrivés par la frontière sud, les efforts pour la construction « inutile » du mur le long de la frontière avec le Mexique et l’abandon des Dreamers.

Certains élus républicains n’affichent pas un grand enthousiasme à l’égard du projet.

Les groupes de défense des droits des migrants, comme le Center for American Progress et Human Rights First, ont pour leur part pourfendu la proposition, affirmant notamment que le président poursuivait sa « guerre contre les immigrants ».

Ces organisations avaient notamment dénoncé son décret migratoire interdisant le territoire américain aux ressortissants de six pays à majorité musulmane, ultimement validé par la Cour suprême, en juin 2018.

Un thème électoral

Donald Trump a mentionné que si les démocrates ne l’approuvaient pas, la politique migratoire serait mise en œuvre par les républicains après l’élection de 2020, assurant qu’ils seraient victorieux au Sénat, à la Chambre et à la Maison-Blanche.

L’enjeu migratoire, au centre de la campagne présidentielle du républicain en 2016, a donc toutes les chances d’être à nouveau un thème majeur des élections de l’an prochain.

Au cours des dernières décennies, diverses réformes migratoires, mises de l’avant par des démocrates ou des républicains, se sont heurtées à un échec. En juin 2018, la Chambre des représentants, où les républicains étaient alors majoritaires, avait rejeté une réforme migratoire auquel Donald Trump avait donné son aval.

Source ici radiocanada

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