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Le président philippin sème la confusion sur la scène internationale

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Où en est la politique étrangère des Philippines? En proclamant un divorce fracassant d’avec Washington, le président philippin Rodrigo Duterte sème la confusion aux Etats-Unis comme à Manille où certains de ses proches collaborateurs l’ont contredit.

Rares sont les jours où l’avocat controversé de 71 ans ne se lance dans une tirade hostile aux Etats-Unis, quand elle n’est pas injurieuse. Mais en annonçant jeudi à Pékin sa « séparation d’avec les Etats-Unis » au profit d’une alliance avec la Chine et la Russie, Rodrigo Duterte a donné le signal le plus clair à ce jour qu’il voulait torpiller une alliance vieille de 70 ans. « Je me suis réaligné sur votre mouvance idéologique (celle de la Chine) et je vais peut-être me rendre aussi en Russie pour parler au (président Vladimir) Poutine et lui dire qu’on est trois contre le reste du monde: la Chine, les Philippines et la Russie. C’est la seule voie ».

Jusqu’à la prise de fonctions de M. Duterte le 30 juin, Manille était l’un des alliés des Etats-Unis les plus importants et les plus fidèles en Asie. Les Philippines étaient également un maillon clé de la politique du « pivot » vers l’Asie chère au président américain Barack Obama. Les Philippines sont aussi un bastion démocratique –même chaotique et corrompu–dans le Sud-Est asiatique depuis la fin de la dictature de Ferdinand Marcos en 1986. Mais il se révèle que M. Duterte, qui se dit socialiste et entretient des liens étroits avec les communistes toujours engagés dans la rébellion, éprouve une profonde antipathie à l’endroit des Etats-Unis. Il a qualifié plusieurs fois le président américain de « fils de pute » et demandé aux Philippins de se souvenir des crimes commis par les Américains lorsque l’archipel était une colonie américaine, entre 1898 et 1946.

Il explique à ses compatriotes que les Etats-Unis n’ont rien fait pour eux, choisissant d’ignorer le fait que des milliers d’Américains ont perdu la vie pour libérer l’archipel de l’occupation japonaise durant la Seconde guerre mondiale, de même que les centaines de millions de dollars d’aide américaine. Le président philippin a annoncé la fin des patrouilles conjointes en mer de Chine méridionale, ainsi que des exercices militaires qui voient des milliers de soldats américains transiter par les Philippines chaque année.

Explications et clarifications
Les sorties de M. Duterte sèment le trouble à Washington, où les autorités ont dit plusieurs fois n’avoir reçu aucune notification officielle de ses annonces. « Je veux juste dire que, évidemment, nous sommes au courant de sa rhétorique », a déclaré jeudi le porte-parole du département d’Etat américain John Kirby. Ses déclarations sont « de manière inexplicable contraires à la relation très étroite que nous avons avec le peuple philippin, ainsi qu’avec le gouvernement, à tous les niveaux, et pas seulement dans une perspective sécuritaire », a protesté le responsable américain. « Nous allons chercher une explication de ce que le président voulait dire exactement quand il a parlé de séparation avec les Etats-Unis. Ce n’est pas clair pour nous ce que cela signifie dans toutes ses ramifications ». Il a également laissé entendre que les différents gouvernements asiatiques savaient de moins en moins à quoi s’en tenir avec M. Duterte, qui reproche à l’Occident de dénoncer sa guerre anticriminalité dans laquelle des milliers de personnes ont été tuées. « Ce ne sont pas que les Etats-Unis qui sont perplexes face à cette rhétorique », a déclaré M. Kirby. « Nous avons des nouvelles de nombre de nos amis et partenaires dans la région qui sont également dans la confusion ».

Schéma fréquent après des déclarations explosives de M. Duterte sur des sujets brûlants comme les Etats-Unis ou la guerre contre la drogue, ses collaborateurs ou ses ministres s’emploient ensuite à tenter de les minimiser, les clarifier ou les interpréter. Quelques heures après la déclaration sur la « séparation », les ministres philippins des Finances et de la Planification économique ont publié un communiqué commun pour dire que Manille n’allait pas tirer un trait sur l’Occident.

« Nous allons maintenir nos relations avec l’Occident mais nous voulons une intégration plus forte avec nos voisins », écrivent-ils. Le ministre du Commerce Ramon Lopez soutient que son pays ne va pas couper les ponts avec les Etats-Unis. « Je suppose que tout ceci serait mieux expliqué par les collaborateurs du président », a-t-il dit à la chaîne ABS-CBN. « Mais ce qui est clair pour moi, c’est que nous poursuivons en fait nos activités, il s’agit juste de rompre la dépendance envers ces pays ».

(Source : 7sur7.be)

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