Le prix de l’emigration

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Comment peut-on accepter de voir des jeunes traverser les improbables voies sahariennes, atterrir au Fezzan et espérer atteindre la Libye ou la Tunisie ? Les Africains peuvent trouver chez eux ce qu’ils vont chercher ailleurs
«Nous avons choisi d’aller sur la lune, non pas parce que c’est facile, mais parce que c’est difficile.»

Le président John Kennedy, 1961.

Dans une douleur indicible, les Africains voient leurs fils continuer à croire que l’Europe et les autres terres sont un Eldorado. Maintenant, le business de l’émigration clandestine est devenu si lucratif que les diseurs de bonne aventure réussissent à faire croire à des gogos qu’ils peuvent changer leur destin.

En 2015, il est désolant de constater que beaucoup de nos jeunes n’espèrent se réaliser qu’à l’étranger. Qui va alors construire nos pays ? La volonté politique est là, mais où est la masse critique de la société civile, prompte à tirer sur les gouvernants, mais qui ne savent pas parler à leur jeunesse, en leur faisant comprendre que leur destin est ici et là.

Naturellement, ils ont le droit d’avoir des envies d’ailleurs, mais à quel prix ? Hier, on a vu sur les chaînes de télé un cargo abandonné par son équipage en Méditerranée, alors que ses soutes étaient remplies d’une cargaison humaine composée de «bagages» liées à l’idée qu’ils ne pourraient se réaliser personnellement qu’en émigrant en Europe. Cette Europe qui n’a jamais été autant en crise qu’aujourd’hui. Mais ils ne le savent pas.

À qui la faute ? Aux mauvaises gouvernances qui leur font croire que le meilleur est ailleurs ? Des jeunes, comme des hordes affamées, attaquent, de manière régulière, les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, au Maroc, affrontant des barrages grillagés, au péril de leur vie, pour prendre pied sur une terre pourtant africaine. Ils ne se connaissent pas et n’ont pas une bonne idée de leur personne.

On voit des jeunes dans ce pays investir de fortes sommes pour obtenir un visa, souvent «Schengen» ou Us ; on les voit crapahuter pour passer par des voies détournées, dans les géographies les plus terribles du moment (Sahara ou Afrique du Nord), pour rallier on ne sait quel Eldorado (le pays de l’or).

Quand les conquérants vont visiter de nouvelles terres, ils pensent à un inexistant et en même temps un univers des possibles, mais en général, ils ne savent pas ce qu’ils vont trouver. Ce pays de cocagne n’a jamais existé, et il n’existera jamais. C’est ici, en Afrique, que l’affaire va se passer.

Aujourd’hui, les Européens sont aussi «fatigués» que les Africains, toutes proportions gardées. Ici, au moins, on garde encore des valeurs de partage. Et c’est surtout la cause de l’engagement d’hommes d’Etat comme le Président Macky Sall qui demande à tout le monde de mettre la main à la pâte.

Comment, dans un pays où tout est en jachère, peut-on encore accepter de voir des jeunes traverser les improbables voies sahariennes, atterrir au sud du Fezzan et espérer atteindre la Libye ou la Tunisie ? En attendant d’embarquer dans des embarcations de fortune dont les capitaines ne sauraient jurer de leur cap, ne sachant s’ils devaient débarquer en Sicile, en Corse, à Chypre ou un peu vers une quelconque île des Madères.

Les jeunes africains doivent savoir se tenir et croire en eux-mêmes, mais quand on le dit, les savants tombent sur vous en reprochant une habitude à donner «des leçons de morale» ; «ce qui n’est point le cas». Sans doute, c’est ici (puisque tout part d’ici) que les gens doivent chercher les bases de leur réalisation personnelle. C’est le continent de l’avenir, et les gens vont voir ailleurs. Les Africains doivent croire en eux-mêmes. Ils peuvent trouver chez eux ce qu’ils vont chercher ailleurs.

La question essentielle est de savoir pourquoi des jeunes laissent-ils leurs terroirs au profit d’horizons inconnus. Nos Etats doivent savoir être attractifs pour leur jeunesse, et c’est la pertinence des nouvelles politiques de développement engagées par les nouveaux leaders. C’est chez nous que les contradictions propres aux pays sous-développés doivent trouver leur solution.

lesoleil.sn

2 Commentaires

  1. A 90% la faute à nos médias. Nos hommes médias n’ont pas su faire aimer l’Afrique. Ce qu’ils ont aimé et fait aimé en Occident a simplement été embelli médiatiquement.Mais, il faut d’abord le comprendre.

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