L’affaire Bassirou Faye est un retentissant échec pour le procureur de la République. Le Parquet général a demandé hier à la Chambre d’accusation de rejeter l’appel formé par Serigne Bassirou Guèye et de confirmer l’ordonnance du Doyen des juges qui a accordé le non-lieu aux policiers Tombong Oualy et Saliou Ndaw. Il avait renvoyé Mohamed Boughaleb devant la Chambre criminelle pour homicide volontaire.
L’affaire Bassirou Faye est une pilule amère que Serigne Bassirou Guèye aura du mal à avaler. Même ses supérieurs ont décidé de ne pas le suivre sur sa piste du «bon suspect» que le doyen des juges avait écartée. Le Parquet général a décidé de suivre la voie choisie par Mahawa Sémou Diouf lors de l’évocation de l’affaire devant la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar. Le Procureur général près la Cour d’appel a demandé le rejet de l’appel formé par Serigne Bassirou Guèye et la confirmation de l’ordonnance du Doyen des juges. Lequel avait blanchi les policiers Tombong Oualy et Saliou Ndaw et signé l’ordonnance renvoyant le policier Mohamed Boughaleb pour homicide volontaire devant la Chambre criminelle.
Quel désaveu ! Quel échec ! C’est à croire que la Chancellerie s’est rendu compte que les investigations faites par le procureur de la République n’étaient pas fiables. Ou il y a un malaise au sein du ministère public… Comment alors comprendre cette dissonance ? La Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar, qui s’est penchée hier sur l’appel interjeté par le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Dakar, rendra sa décision le 20 octobre prochain. En attendant, Serigne Bassirou Guèye peut croiser les doigts en espérant une issue heureuse à son appel pour éviter un nouvel échec.
Serigne Bassirou Guèye désavoué
Il faut rappeler que Mahawa Sémou Diouf avait bouclé son instruction dans cette affaire en août et accordé le non-lieu à Tombong Oualy et Saliou Ndaw qui avaient été aussi placés sous mandat de dépôt pour le meurtre de l’étudiant Bassirou Faye, qui a été tué le 14 août 2014 à l’Université de Dakar. Il avait renvoyé, par contre, Mouhamed Boughaleb, un autre policier, devant la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Dakar.
Le Quotidien
La situation du procureur Sérigne Bassirou est l’exemple type qui montre qu’un homme de droit ne doit pas être populiste, il ne doit pas être politique, et donc il ne doit pas travailler par conférence de presse pour rechercher le soutien de la population par la manipulation de l’opinion. Dans ce cas, et dans ce cas seulement, l’homme de droit peut découvrir qu’il s’est trompé et faire marche arrière. L’inconvénient du populisme c’est qu’il présente le populiste en petit dieu au dessus de l’erreur, au dessus de découvertes nouvelles. Dés lors que le populiste a ameuté les médias pour charmer le petit peuple de ses conférences de presses, dés lors qu’il a martelé ses certitudes, il ne peut plus, au risque de se ridiculiser, faire autre chose que ce qu’il a martelé. Dés lors toute découverte nouvelle est interdite, toute analyse différente est interdite. Le petit dieu populiste se retrouve coincé. Il se retrouve avec la lourde tâche d’orienter le monde dans la sens de ses certitudes martelés en conférences de presse, à cause du regard pesant de ce peuple qu’il avait appelé en témoin.