Le message à la nation du président Macky Sall de ce 11 mai a plus inquiété que rassuré bon nombre de sénégalais. Certes, certaines mesures comme rouvrir les loumas départementaux peuvent se justifier comme élément de résilience de l’économie rurale. Mais là où le bât blesse, c’est quand le président dit qu’il a suivi les conseils d’une équipe pluridisciplinaire.
Cette équipe d’experts ne peut être en contradiction ni avec la science, ni avec les 6 critères proposés par l’OMS avant d’alléger ou lever les restrictions dont le premier (« la maitrise de la transmission ») est loin d’être rempli par le Sénégal. Pourquoi ne pas adopter un déconfinement lent et graduel ? Où est le protocole sanitaire avant l’assouplissement des mesures de restriction ?
Sans un protocole sanitaire rigoureux et appliqué, les mesures proposées par le président ne sont rien d’autre que livrer les populations au virus. Il n’est pas trop tard pour agir et éviter l’explosion des cas de contamination chez les populations :
- Il faut un plan de circulation avec entrées et sorties différentes dans les marchés et les loumas. Les forces de l’ordre et les agents municipaux doivent faire respecter ce plan ainsi que la distanciation physique entre tous les acteurs. Ces mêmes mesures doivent être appliquées aux grandes surfaces; en plus du marquage au sol du respect des distances;
- Le plus gros défi sera le cas des mosquées. Les mesures barrière ne peuvent se limiter au port du masque, au lavage des mains et à la distanciation physique. Est-il possible d’y ajouter que chaque fidèle vienne avec son tapis de prière et accepte la prise de température comme ça se fait au Liban ? L’état actuel des connaissances montre que les milieux confinés et clos sont des milieux propices à la propagation du virus. En Chine, une femme atteinte de coronavirus a contaminé 34% des gens (23 sur 67) dans un autobus et le système d’air conditionné y a joué un rôle important. On n’ose même pas imaginer le scénario dans une grande mosquée si un fidèle est porteur du virus avec leur système de ventilation ou de climatisation. Dans un monde idéal, les musulmans feraient comme les chrétiens en maintenant la fermeture des mosquées.
Le président Macky Sall engage sa responsabilité devant l’histoire, il a prêté serment en jurant de garantir la sécurité du pays et des sénégalais. Sa stratégie de communication comme celle de ses collaborateurs et autres soutiens d’appeler au sens des responsabilités des sénégalais ne peut le soustraire de ses obligations de président du Sénégal. Il peut déléguer de ses pouvoirs mais il ne pourra jamais déléguer ses responsabilités au peuple sénégalais.
EL MALICK NDIAYE
Montréal, Canada
Justement M. Ndiaye, on n’est pas « dans un monde idéal » dans ce Sénégal ! De plus votre critique de Macky est hypocrite et démagogique car vous savez très bien que ce sont les khalifes de Touba et de Léona Niassène qui ont refusé de fermer leurs mosquées. Mais vous faites le ni vu ni entendu, comme plusieurs faux journalistes ou opposants ces derniers temps…. Alors que voulez-vous ? Que l’État déploie la Gendarmerie pour mater la rébellion à Touba et à Kaolack ? Il a largement les moyens de le faire et peut parfaitement le faire, mais ça servirait à quoi finalement ? À quoi quand ce qu’il faut réviser dans ces régressions sociales c’est l’adoption de comportements citoyens civiques, protecteurs et responsables, tels que recommandé par le Coran lui-même et les Hadiths ? Comme on le voit partout ailleurs dans le monde, à commencer par des pays 100 fois plus musulmans de nous ! Non M. Ndiaye, en prenant cette décision d’ouvrir les lieux de cultes, Macky nous met simplement et par force devant nos responsabilités individuelles et collectives. Personne ne peut garantir la sécurité de quelqu’un qui dit ouvertement qu’il n’en veut pas… Il faut le laisser avec le virus…