Le redéploiement de journalistes et autres techniciens de la Rfm et de L’Observateur vers les nouveaux supports du groupe Futurs médias (Tfm Infos, Tfm Sports et Tfm Entertainement) provoque des frustrations chez les concernés qui veulent voir leur salaire augmenter du fait de leurs nouvelles tâches. Certains responsables de Gfm, qui rappellent que le Pca Youssou Ndour avait annoncé la couleur, ne voient aucun inconvénient dans la nouvelle mesure et pensent que les agents affectés ou mutés doivent s’attendre à être polyvalents au sein même de leur entreprise.
Au Groupe futurs médias (Gfm), le redéploiement d’une partie du personnel vers les nouveaux supports (Tfm Infos, Tfm Sports et Tfm Entertainement) fait grand bruit du côté des employés «mutés» ou «affectés partiellement». Nos interlocuteurs annoncent : «Le Pca du groupe, Youssou Ndour, a donné comme instruction au Directeur des ressources humaines de redéployer le personnel sans demander l’avis d’aucun chef. Les responsables ont été juste informés de la décision de Youssou Ndour». Et nos sources de renseigner : «La décision ne semble pas plaire aux responsables des supports qui pensent que cela va contribuer à dégarnir leur rédaction».
Une version que bat en brèche le directeur de la Radio futurs médias (Rfm). Joint par téléphone hier, Alassane Samba Diop rappelle : «Cette mesure de redéploiement avait été déjà annoncée, lors des festivités célébrant les 12 ans du groupe». Et Diop de poursuivre en lâchant le propos d’alors du Pca de Gfm : «On a de nouveaux produits et on a assez de personnels (pour s’en occuper). Au lieu d’aller recruter (des nouveaux), on peut prendre des gens en interne». Le directeur de Rfm de se faire insistant : «Il faut évoluer dans la vie. Je pense logiquement que quand on recrute des gens, c’est pour qu’ils travaillent. (Mais) pas pour qu’ils viennent faire un papier et partir. Je pense qu’il faut faire travailler les gens, les encourager à mutualiser les efforts pour conserver la pérennité de notre entreprise. Parce que nous sommes dans un environnement concurrentiel».
«On nous augmente nos salaires ou bien on reste là où on était»
Malgré tout, «l’absence de mesures d’accompagnement» à la suite de la notification de leur redéploiement suscite la crainte chez certains parmi les agents concernés. Qui ajoutent que leur employeur s’est réfugié derrière l’énormité de la masse salariale pour justifier l’absence de nouveaux recrutements. «Ceux qui ont été mutés ou affectés s’attendent à voir leur salaire augmenter, vu qu’ils sont appelés à produire pour deux supports différents alors que leur contrat de travail stipule qu’ils doivent travailler 8 heures par jour. Et si les deux supports pour lesquels ils sont appelés à travailler ont besoin d’eux au même moment, que vont-ils faire ?», souligne-t-on. Et la menace de fuser : «D’aucuns disent que si leur salaire n’augmente pas, ils ne vont pas rejoindre leur nouveau poste. On nous augmente nos salaires ou bien on reste là où on était».
Les employés frustrés vont même jusqu’à sonner la charge contre leur patronat : «Ils ont créé de nouvelles frustrations. Il y en avait avant.». «Ils ont fait des recrutements tous azimuts avec des salaires exorbitants. Ils se sont rendu compte, par la suite, que la plupart de ceux qu’ils ont recrutés ou débauchés n’ont pas produit le rendement escompté. Maintenant, ils ont décidé de retourner à la case de départ pour travailler avec ceux qui sont là depuis le début».
«Ceux qui se considèrent comme des sénateurs n’ont qu’à partir»
Face à ces positions, Charles Faye, chargé de la communication de Youssou Ndour, n’y va pas avec le dos de la cuillère. Joint par téléphone aussi, il ne dit pas autre chose : «Il y a des journalistes qui vont être déployés. Ils vont quitter là où ils étaient pour aller ailleurs (dans le même groupe de presse). Maintenant, s’il y a des gens qui pensent qu’ils sont des sénateurs et pensent travailler à un rythme de sénateurs sans être payés en conséquence, s’ils veulent partir, ils n’ont qu’à partir. Nous allons les remplacer par des jeunes qui sont brillants».
Parlant d’une «entreprise qui est en train de se développer» Charles Faye rappelle que le Groupe futurs médias, qui a une masse salariale annuelle de 2,3 milliards de francs Cfa, a payé des salaires à «des gens pendant deux ans, de 2008 à 2010, sans pour autant que la Tfm ne démarre ses programmes». Sur le même registre, le chargé de communication de Youssou Ndour cite son cas personnel : «Moi-même, j’étais obligé de demander à Youssou d’arrêter de me payer. Parce que je ne peux pas tricher avec son argent. Et, il me payait même plus qu’il ne rétribuait à un rédacteur en chef». Une requête qui remonte, selon lui, à la période du non-démarrage des programmes de la Tfm. M. Faye de renseigner encore à propos des nouveaux supports de Futurs médias : «Depuis 4 mois, nous émettons sur le satellite à perte».
«Les gens signent un contrat avec Futurs médias, pas avec une entité»
Revenant sur le déploiement, Alassane Samba Diop estime qu’«il n’y a pas de quoi fouetter un chat». Rappelant le démarrage des programmes de la Télé futurs médias (Tfm), il cite sa nomination à l’époque comme directeur de la rédaction de ce support. Des fonctions qu’il cumulait avec celles qu’il avait à la Rfm, en plus d’une émission qu’il anime à la télé, avant d’être déchargé de son poste de responsabilité occupé alors à la télé, du fait de la «lourdeur» des charges.
«Les gens signent un contrat avec Futurs médias pas avec une entité (du groupe). Moi, je n’ai pas de problème avec cela. J’ai discuté avec les membres de ma rédaction, mes collaborateurs, mes confrères». Et Diop d’embrayer : «A mon avis, c’est enrichissant professionnellement pour les journalistes. Aujourd’hui, vous ne verrez jamais quelqu’un dans le monde voyager (pour un reportage) avec son preneur de son. Les gens doivent s’adapter». Une façon pour lui de dire que les journalistes de Gfm devraient s’attendre à faire en même temps du web journalisme, de la presse écrite et de l’audiovisuel.
Surfant sur la même vague, le chargé de communication de Youssou Ndour, Charles Faye, appuie : «Le journaliste que nous allons former pourra être compétitif au bout de six mois. Il pourra aller là où il voudrait (après)».