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Le Sénégal sous Macky : La décadence jusque dans les mots

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Les façons de parler trahissent souvent des états d’âme, des façons d’être et des conduites morales Un des signes de la dégénérescence morale dans laquelle est plongée notre pays est le désespoir qu’expriment certaines formules du langage populaire. Si jadis les locutions les plus populaires étaient entre autres « défar bo mu baax », « tabax ba mu kowé », « door waar », etc., aujourd’hui nous sommes inondés par un vocabulaire défaitiste, désespéré et affairiste « ay door la », « door marteau » (escroquerie)  « deuk bi dafa macky »…

 

L’ascension spectaculaire des louangeurs dans les médias, le fait qu’ils soient désormais perçus comme des exemples, voire parfois comme des modèles de réussite, explique en partie cette culture du maraudage public. Des maraudeurs dans le sport, dans la politique, dans l’art et dans toutes les sphères de la vie sociale ont réussi à gommer la frontière entre l’essentiel et le superflu, entre la réalité et l’illusion, entre le sérieux et le folklorique. Ils ont tout bonnement inversé le mode des priorités et le système des valeurs. Ils sont dans toutes les télés et dans toutes les radios. Ils sont des maraudeurs de l’histoire, mais leur habilité est telle qu’ils se présentent comme les héros de cette histoire.

 

Les consciences sont ainsi infestées par un discours dont la platitude est manifeste, mais paradoxalement acceptée, standardisée. Au lieu d’arrimer nos références et nos mœurs politiques et économiques sur les standards internationaux, nous avons au contraire élevé les côtés sombres et décadents de nos traditions en standards de notre modernité. C’est une forme de manie consistant à faire semblant d’être heureux alors qu’on est anxieux. On chante, danse, jacasse pour occulter un mal-vivre universel.

 

La danse n’est nullement une forme de communication experte dans la situation de détresse du peuple. Il faut rappeler que même devant un cercueil, la danse est parfois exécutée comme forme d’exaltation de la vie ou de ce qui a été du destin du défunt. Mais quand, en période de crise, une autorité ne trouve d’autre forme de communication que la danse, c’est soit de l’insouciance, soit une façon de voiler une peur devenue handicapante. La communication excessive tue la communication et, par ricochet, la politique. C’est dommage que la politique soit devenue dans notre pays une comédie qui risque de déboucher sur une tragédie.

 

Alassane K. KITANE

Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès

Président du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal

Membre de la commission Programmes et stratégies l’initiative politique et citoyenne l’IPC/FIPPU

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