Il vient de fonder Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies, le premier think tank ouest africain travaillant sur les différents aspects de l’extrémisme violent et promouvant les solutions préventives par l’éducation à la paix, le dialogue des cultures et des civilisations (www.timbuktu-institute.org) à travers l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA) installé maintenant à Dakar depuis Décembre 2015. Comme il le martèle à chaque occasion « Le monde contemporain est un marché globalisé et libéralisé où circulent des biens symboliques, si nous ratons la rare opportunité d’y positionner notre offre, nos enfants vont en consommer d’autres, et ce n’est pas le meilleur scénario pour notre continent« .
Pour Bakary Sambe, ce n’est pas rien si « il y a vingt ans nous étions qualifié de « hopeless continent » (continent sans espoir) et qu’aujourd’hui la compétition mondiale la plus féroce se déroule en Afrique ». Mais, avertit-il « il faudrait qu’on soit conscient de notre force, la non conscience de cet enjeu serait notre pire faiblesse ».
Les lecteurs de Xalima l’avaient découvert depuis le début des années 2000 mais il s’est illustré sur la scène mondiale de la recherche avec la réédition de son essai Islam et diplomatie aux Ex-Editions Phoenix des Etats Unis en 2011.
Présent dans les débats de société et sur les questions internationales, on se souvient de ses positions à contre-courant lors de la polémique sur l’envoi des soldats sénégalais au Yémen ou encore ses prises de bec avec Tariq Ramadan, notamment pour exiger « une reconnaissance de l’héritage islamique africain comme socle d’un patrimoine devant éviter à l’Afrique une docile importation des idéologies au lieu de se positionner comme le continent des alternatives« .
Très souvent critiqué, il y a quelques années, pour ses thèses sur la menace djihadiste en Afrique de l’Ouest qualifiées, alors, d’« alarmistes » par certains, de nombreux observateurs et gouvernements reconnaissent, aujourd’hui que Bakary Sambe a été « précurseur » dans ce domaine avec la publication en 2013 du premier rapport « Paix et Sécurité dans l’espace CEDEAO » intitulé, « Overview of religious radicalism and the terrorist threat in Senegal » (Grand angle sur le radicalisme religieux et la menace terroriste au Sénégal), réalisé avec le Think Tank panafricain, l’Institut d’Etudes de Sécurité (ISS), basé à Addis Abeba, Dakar, Nairobi et Pretoria.
Sambe vient de publier récemment un ouvrage sur « Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale » (Juillet, 2015) qui a la particularité de partir des propres sources du mouvement avec une analyse des écrits du fondateurs du mouvement pour dit-il « diagnostiquer le mal à la racine, afin de rompre d’avec la vision strictement sécuritaire qui peine à donner des solutions durables ». Croyant fermement aux initiatives africaines, il confiera la sortie européenne et nord-américaine de ce livre aux Editions Presses panafricaines basées à Montréal pendant que des traductions arabe et allemande sont en cours.
A l’heure de ce qu’il appelle « les appartenances mondialisées », Sambe mène actuellement une recherche sur la « construction des identités religieuses des jeunes entre le local et le global » et s’intéresse de plus près aux « processus de basculement des jeunes vers la radicalisation » Il est, aujourd’hui, toujours d’après la sélecion deNew African Magazine, l’un des experts les plus avisés sur les risques liés à l’extrémisme violent, sa prévention.
Bien debout sur ses « pieds africains », Bakary Sambe est en train de scruter un monde qui change. A observer ce qui se dessine au Moyen-Orient entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, sunnites et chiites, Sambe confie en privé qu’il se demande parfois, provoquant, si le « choc des civilisations » prophétisé par un certain Samuel Huntington ne s’était pas finalement réalisé au coeur même de la même « civilisation » Pour dire que ce qui risque d’être son prochain ouvrage va encore soulever quelques débats….comme d’habitude.
Xalima s’associe aux chaleureuses félicitations de la diaspora sénégalaise dont Bakary Sambe est issu et souhaite bon vent à ses nouvelles initiatives.