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Le taux de croissance tombe à 2,6% en 2013 : Le PSE hypotéqué

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Contrairement à toutes les projections et à tous les calculs, les performances de l’Economie nationale ont été bien plus faibles que ce qui était attendu. Du coup, toutes les projections de l’Etat sont menacées.

Les chiffres publiés dernièrement par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) sont venus comme un gros coup de pied dans la fourmilière. En démontrant qu’en 2013, le taux de croissance du Produit intérieur brut (Pib) n’a atteint que 2,4%, cette agence a remis en cause tout le mouvement d’optimisme que commençait à afficher le gouvernement. Et ce chiffre va même jusqu’à menacer les accords passés entre le pays et ses partenaires économiques.

La Dpee et la Banque mondiale contredites
De plus, ce qui est beaucoup plus grave, ce chiffre prend le contre-pied total de celui avancé par la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee). Dans sa «Situation économique et financière en 2013 et perspectives 2014», ce département du ministère de l’Economie et des Finances (Mef) avait estimé que le Sénégal devrait réaliser 3,7% de Pib pour 2013. Profitant de la présentation de leurs «Perspectives économiques pour l’Afrique» pour le prochain semestre, l’Economiste en chef pour le Sénégal de la Banque mondiale, M. Philip English, a repris les chiffres de la Dpee, alors qu’il devait être parfaitement informé de ceux de l’Ansd. Ce qui surprend un opérateur économique qui indique : «La Dpee fait des projections à partir des données et des enquêtes auprès des opérateurs ; tandis que les chiffres de l’Ansd viennent a posteriori et font l’état des lieux. Normalement, ce sont ces derniers que l’on devrait le plus prendre en considération.»
Au Fonds monétaire international (Fmi), la représentation de Dakar ne pense pas autrement, qui indique qu’en matière de statistiques, ceux de l’Ansd, qui jugent d’une situation écoulée, semblent basés sur des éléments plus probants. Et le travail de cette agence a toujours été loué à ce jour. Néanmoins, l’écart entre les deux chiffres est tellement grand que cela pose un problème de cohérence. D’où l’appel des partenaires au développement pour une harmonisation des données. Le Quotidien a appris que le représentant-résident du Fonds monétaire au Sénégal se trouve à Washington, en compagnie du Directeur de la Dpee. Il semble que le ministre de l’Economie et des Finances doive les y retrouver dans les plus brefs délais, pour discuter sur les développements induits par ces données.

Danger sur l’Ispe
Car, c’est un peu le programme du Sénégal avec le Fmi qui est en danger. Comme l’explique l’Economiste principal du Fonds à Dakar, «le Fonds ne produit pas de chiffres ; nous nous référons aux données livrées par les services statistiques. Nous avons donc besoin que ces derniers harmonisent leurs positions». Néanmoins, l’hypothèse que les 2,6% de taux de croissance avancés par l’Ansd est beaucoup plus solide, et cela met particulièrement mal à l’aise les fonctionnaires du Fonds : «Toutes les prévisions sur lesquelles l’Ispe a été basée vont se révéler fausses, et c’est dramatique». Donc, à Washington, le ministre Amadaou Ba risque de se retrouver, dans ces conditions, à discuter de l’opportunité de poursuivre le programme Ispe. En cette période de Sénégal Emergent, ce n’est certainement pas une bonne nouvelle.
D’autant plus qu’une croissance à 2,6%, en plus de mettre le Sénégal quasiment derrière toutes les économies de la zone Uemoa, hypothèque fortement les performances attendues du fameux Plan Sénégal émergent (Pse) du Président Macky Sall. S’il veut tenir son pari et faire au moins 4,6% de croissance en 2014, il lui faudra partir de beaucoup plus bas qu’il ne l’avait escompté. Et là, il devra prier fort pour que la pluie soit au rendez-vous, et surtout bien repartie.

La revanche du parent pauvre
Le document de l’Ansd montre en effet clairement que le taux de croissance du Sénégal est fortement dépendant des belles performances du secteur primaire, c’est-à-dire, principalement, de l’agriculture. Or, pour l’année écoulée, ce secteur a connu un recul de 15,5%, qui s’est ajouté au marasme de la pêche, en baisse de 8,5%, et au recul des activités extractives. Le tout a fait que la valeur ajoutée du secteur primaire a été en recul de 12,9% en 2013. Recul que n’a pu compenser la hausse des activités du secteur secondaire, chiffrée globalement à 0,8%, ou celle du tertiaire, évaluée à 5,6%.
Tout cela signifie que, contrairement à ce que l’on a l’habitude d’entendre, le secteur primaire au Sénégal ne sert pas qu’à fournir un emploi non qualifié à des personnes peu scolarisées, il a également un effet d’entraînement pour les autres secteurs de l’économie. Malheureu­se­ment, on ne le voit qu’à des moments de crise. La preuve, cette année, l’Etat a fortement rechigné à subventionner la commercialisation de l’arachide, et se soucie peu des ennuis des producteurs maraîchers de la vallée du fleuve Sénégal. Dans le même temps, et malgré les injonctions du Fonds monétaire international, il n’hésite pas à mettre plus de 100 milliards de francs Cfa dans la subvention de la facture énergétique. Dont on sait qu’elle bénéficie plus aux populations citadines aisées. C’est dire à quel point on a tort au Sénégal, de négliger ce «parent pauvre» de l’économie.
LEQUOTIDIEN.SN

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