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Le tueur de Soumbédioune, à l’ombre: l’adjudant-chef des Ecogardes, Yaya Sonko

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L’ADJUDANT-CHEF YAYA SONKO ECROUE HIER PAR LE DOYEN DES JUGES APRES UN MANDAT D’AMENER

A la suite d’un mandat d’amener du doyen des juges d’instruction, l’adjudant-chef des Ecogardes, Yaya Sonko, a été présenté hier matin par la Brigade prévôtale, auteur de l’enquête sur la mort du plongeur Moustapha Sarr dit Tapha, devant le cabinet de Mahawa Sémou Diouf. Après avoir signifié au chef de poste des Ecogardes de Soumbédioune les charges qui pèsent sur lui, et détaillées dans le Pv 304 du 6 juillet transmis au parquet par les gendarmes, le doyen des juges l’a inculpé pour les faits de meurtre, avant de le placer sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Rebeuss, où il a passé sa première nuit hier.

Le doyen des juges d’instruction du Tribunal hors classe de Dakar, Mahawa Sémou Diouf, a inculpé hier pour les faits de meurtre sur le plongeur Moustapha Sarr, l’adjudant-chef Yaya Sonko, avant de lui délivrer un sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Rebeuss. C’est dans la matinée que l’écogarde a été livré au magistrat instructeur par la Brigade prévôtale, exécutant un mandat d’amener transmis par le magistrat instructeur depuis deux semaines. Mais il fallait attendre que la sanction disciplinaire infligée à Yaya Sonko, aux arrêts de rigueur depuis sa première audition à la Prévôté, sanctionnée par une garde-à-vue de 24 heures, prenne fin. Si l’instruction du juge confirme le réquisitoire introductif du parquet, Yaya Sonkho sera, après feu le capitaine Mawa Bâ, le second client des Assises militaires.

Dans cette affaire, tous les faits laissent apparaître une intention manifeste de tuer, et le parquet n’a pas fait dans la dentelle, en visant le meurtre. Les éléments du procès-verbal 304 du 6 juillet 2010 de la Brigade prévôtale, saisie par le ministère public, sont sans équivoque. Au cours de cette enquête, les gendarmes ont entendu les six compagnons du défunt et neuf Ecorgardes dont le lieutenant Abdou Salam Kane, Conservateur des îles Madeleines. Ce dernier a informé les enquêteurs qu’il s’était contenté de donner des instructions à ses hommes après avoir reçu des informations selon lesquelles des plongeurs s’adonnaient à la pêche interdite dans cette zone. Les six pêcheurs ont eu la même version devant les enquêteurs : c’est au moment où ils regagnaient la rive que l’adjudant-chef Sonko a ouvert le feu, alors qu’il était à moins de deux mètres de sa cible.

Meurtre à la Pk

Trois balles sont parties, l’une atteignant mortellement Tapha Sarr à la poitrine. L’impact était tel que le corps a été projeté hors de la pirogue, pour se retrouver douze mètres en profondeur. Les Ecogardes ont, à la suite de cette gaffe de leur collègue, pris la…tangente et ce sont les éléments de la Prévôté et du commissariat du Point E, aidés par les pêcheurs, qui ont repêché le corps. Une balle s’est logée dans le moteur de la pirogue alors que la troisième était introuvable. Le plus dramatique, c’est que l’arme du crime est un kalachnikov mis en position rafales au moment du tir. Plus connue sous les initiales Pk, du nom de son inventeur, cette arme de guerre, utilisée à bout portant, ne laisse aucune chance à la cible.

Devant les enquêteurs, Sonko a reconnu être l’auteur des tirs, et aussi le fait que trois balles sont parties de son arme. Mais il soutient qu’il visait le moteur et que les balles ont été déviées par les…vagues. Les cinq autres Ecogardes, voulant le couvrir, se sont emmêlés les pinceaux à travers de sérieuses contradictions soulevées par les gendarmes. Ils ont soutenu que leur collègue n’a tiré qu’une seule balle, alors que le principal mis en cause soutient le contraire. C’est dire la fissure de la défense, alors que les pêcheurs n’ont tenu qu’une seule et même version des faits, détails à l’appui.

À la suite des auditions, les gendarmes ont placé en garde-à-vue, sur instruction du procureur de la République, le mis en cause principal avant de le remettre le lendemain à ses supérieurs, compte tenu de son statut. Dès réception des conclusions accablantes évoquées plus haut, le Ministère public a sollicité un ordre de poursuite auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Environnement, Djibo Leyki Kâ, le 16 juillet. Transmettant en pièces jointes à la tutelle les conclusions de l’enquête, le Parquet a notamment fait comprendre à Djibo Leyki Kâ la gravité des charges qui étaient retenues contre son agent. Comme le révélait « L’As », si l’ordre délivré par Djibo Leyti Kâ est signé le 19 Juillet, ce n’est que plusieurs jours plus tard qu’il sera remis au parquet, après une lugubre gymnastique au sein du Cabinet du ministre de l’Environnement.

C’est ainsi que le parquet a, le même jour qu’il recevait l’ordre de poursuite, transmis le dossier au doyen des juges, pour requérir le mandat de dépôt, après avoir ouvert une information judiciaire pour meurtre contre l’adjudant Sonko. Le juge du premier cabinet avait fait transmettre un mandat d’amener contre Sonko, aux arrêts de rigueur, mandat exécuté, finalement, hier dans la matinée. Présenté le même jour au doyen des juges, l’adjudant a passé sa première nuit en prison. Le gouvernement avait déjà donné le ton, en annonçant, par la voix du Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, que la Justice irait jusqu’au bout dans cette affaire. Et la fermeté du Ministère public en est une parfaite illustration.

Cheikh Mbacké GUISSE

lasquotidien.info

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