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L’émergence, c’est quoi même au Sénégal ?

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L’expression «pays émergent» est sans doute la plus utilisée par les hommes politiques sénégalais de la première comme de la seconde alternance tant et si vrai que son utilisation est devenue un effet de mode.
Les experts de tout poil en usent et en abusent, suivis en cela par les militants des formations politiques au pouvoir. Mais au fait, c’est quoi même l’émergence ?comme dirait mon cousin Yao de la lagune Ebrié. A ce sujet, le dictionnaire Larousse dit que le verbe émerger signifie sortir d’un milieu liquide et apparaître à la surface tandis que l’adjectif émergent est ce qui apparaît soudainement au cours de l’histoire.
Quant à «pays émergents», selon l’encyclopédie Wikipédia, ce sont «les pays dont le Pib par habitant est inférieur à celui des pays développés mais qui connaissent une croissance rapide et dont le niveau de vie ainsi que les structures économiques convergent vers ceux des pays développés». L’émergence serait donc synonyme d’essor et il s’agit pour les pays concernés d’un changement qualitatif de statut.
Nous sommes d’accord que cette amélioration qualitative ne saurait se produire sans sacrifices, sans renonciation à tout ce qui justifiait l’état précédent que l’on a voulu dépasser.
De même que les béatitudes sont promises aux porteurs des valeurs de justice, de paix, d’amour du prochain, d’humilité, de don de soi, de foi …, l’émergence est la récompense des Nations ayant érigé la mystique du travail en valeur absolue.
Un proverbe africain, ne dit-il pas que la figue ne tombe jamais en plein dans la bouche. Le travail est donc le passage obligé vers l’émergence or une autorité religieuse de notre pays a estimé que les Sénégalais ne travaillaient pas assez.
Comment dès lors accéder à l’émergence dans l’oisiveté et le moindre effort avec une mentalité préférant le discours aux actes, lorsqu’il est évident que de la vallée de nos larmes à la montagne des béatitudes, il y a un long chemin à parcourir ?
Les incantations ne changeront pas l’état de pauvreté dans lequel nous sommes mais le travail résolu de tout un Peuple.
En cela, le Président américain Barack Obama a montré la voie aux jeunes managers africains qu’il a récemment reçus à la Maison blanche.
En leur suggérant de trouver des solutions en interne, de chercher l’autonomie et de promouvoir la gestion vertueuse des ressources, il leur a indiqué la voie royale du développement de leur continent qui a plus besoin, selon lui et à juste titre, d’institutions fortes que d’hommes forts.
Au Sénégal, les différents régimes qui se sont succédé ont élaboré chacun des stratégies de développement économique et social. Le régime socialiste avait conçu des plans de développement économique et social, le régime libéral de la première alternance son Document stratégique de réduction de la pauvreté (Dsrp) et celui de la deuxième son Yonnu Yok­kute puis récemment son Plan Sénégal Emergent (Pse).
Après 54 ans d’indépendance, l’on tend toujours vers l’émergence sans l’atteindre, parce que le discours s’est substitué au travail qui en est l’unique garant.
La mystique du travail qui est l’émanation de toute émergence et à laquelle nous invite le Président américain et certains compatriotes , n’est pas encore la tasse de thé de l’homo senegalensis dont la responsabilité de tout pouvoir est de l’amener à en faire son credo et d’élaborer une vison clairement définie et partagée d’un développement endogène. Le Sénégal émergent, pour moi, repose sur une bonne identification et une meilleure prise en charge des secteurs essentiels de la vie économique.
Ainsi, il me semble qu’il faut accorder une place centrale à l’éducation en mettant un accent particulier su l’éradication de l’analphabétisme et à la promotion des filières scientifiques, techniques et professionnelles. Il ne sert à rien de parler d’émergence avec des populations analphabètes dans leur écrasante majorité. Il faut donner à l’éducation non formelle plus de place dans le système éducatif sénégalais pour espérer un développement économique et social largement partagé.
Il y a lieu également d’instaurer un climat de confiance entre les différents acteurs du système pour des rapports de collaboration des meilleurs en vue de l’atteinte d’objectifs communs.
Pour ce qui est du développement rural, il urge d’accélérer la modernisation des secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Le monde rural est sous équipé ; les houes sine et occidental du régime senghorien, retapées en permanence, continuent de servir d’outils agraires. Certes, des efforts sont en train d’être faits dans ce domaine par le nouveau régime mais ils demeurent largement insuffisants. Ce constat est valable pour les deux autres sous-secteurs. Or il est admis que la valeur ajoutée attendue du secteur primaire est productrice d’une croissance susceptible de mener à l’émergence laquelle ne saurait aussi advenir sans le développement des infrastructures routières, maritimes, aéroportuaires, fluviales et ferroviaires.
La diversification des modes de transport fait partie des conditions à remplir pour un véritable développement. Le régime du Prési­dent Abdoulaye Wade a posé les jalons par la réalisation d’infrastructures structurantes ; il s’agit d’augmenter la cadence et de diversifier les pôles. Les grandes Nations développées ont misé d’abord sur le développement infrastructurel pour la maîtrise et la valorisation de leur espace.
A ce sujet, l’Etat, en créant un environnement incitatif, favoriserait la participation du secteur privé national et étranger pour le financement des politiques dans ce domaine.
Un Sénégal émergent passe aussi par un Etat de droit où l’indépendance et l’impartialité de la justice constituent le socle et dans lequel la bonne gouvernance attestée par l’exemplarité dans la gestion de la chose publique, offrirait à notre pays une image positive d’une République des valeurs où les porteurs de projets trouveront du plaisir à investir, parce qu’étant sûrs de la rentabilité et de la sécurité de leurs investissements.
Enfin, le respect du principe de la laïcité sur lequel repose cette paix sociale qui nous est tant enviée et le renforcement de la sécurité intérieure et extérieure permettront, avec la prise en compte des domaines essentiels de la vie économique et sociale comme ceux précités, à notre pays de connaître de vraies ruptures annonciatrices d’une émergence non déclamée. Voilà cher cousin Yao ma compréhension de l’émergence. Je ne sais pas si c’est la même du côté de la lagune Ebrié.

Alphonse DIOP
Administrateur d’Assemblée

2 Commentaires

  1. EBOLA SALL DEFINIT LE PSE COMME UBE MARMITE A TROIS PIEDS.CELA PEUT S’IMAGER AINSI….LE PREMIER PIED REPRESENTE LE SENEGAL…LE SECOND LE FMI ET LA BANQUE MONDIALE….ET LE TROISIEME LA FRANCE NEOCOLONIALISTE ET LES DIVERSES INSTITUTIONS EUROPEENNES….CONCLUSION?…C’EST LE RETOUR DE L’AJUSTEMENT STRUCTUREL QUI MENE INELUCTABLEMENT A UNE DEUXIEME DEVALUATION.EBOLA SALL A VENDU LE PAYS.

  2. Mr. Alphonse DIOP, votre compréhension d’un plan pour un Sénégal émergent est séduisante et est incontestablement la bonne . Mais en vérité , la capacité des peuples à émerger et à se développer réside principalement et uniquement dans leur quantum moral et civique . Tous les peuples étant partis de rien , l’émergence va de soit pour ceux qui ont le plus haut potentiel de ces deux notions ; les voies , les moyens et les comportements pour y parvenir se définissent , se trouvent et s’adoptent aisément par tous , du sommet à la base . — Où en sommes nous de ces deux valeurs en ce qui nous concerne nous sénégalais ? A la moindre quantité , du sommet à la base convenons en ! Alarmant non !? —- Quel que soit donc le plan : émergent , ascendant , de lancement ou d’essor , il n’aura aucune chance de réussite s’il n’inclus pas la promotion de ces valeurs là d’abord dans les coeurs et dans les esprits , par tous les moyens humains , matériels et financiers dont nous disposons déjà . Cela prendra le temps que cela prendra , mais si c’est un sacrifice , il faudra bien le consentir . La discipline collective librement acceptée et exercée qui en naîtra soulèvera toutes les montagnes que nous voudrons , dans le respect et la confiance dans chacun et en nous tous . —- UTOPIQUE ! Dites vous ? Alors l’émergence aussi dirais-je !
    PSE = Plan SALL émergents .  » DOU DEM FEENN  » .

    ELECTIONS ANTICIPEES !!! —- ELECTIONS ANTICIPEES !!! —- ELECTIONS ANTICIPEES !!! —- ELECTIONS ANTICIPEES !!!

    EUYINEUW …………………………………….
    .

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