Les Sénégalais ne badinent pas avec les fêtes. Quelles soient religieuses ou pas ! Même le lendemain de la fête déclaré jour ouvrable, ils n’hésitent à bouder les bureaux au grand dam de l’économie nationale qui a pâti. Certains quittent la capitale pour les villes et villages et d’autres, s’absentent délibérément sous de fallacieux prétextes. Constat fait hier, mardi 27 juin, lendemain de la Korité dans certains lieux de Dakar laisse entrevoir un rythme d’activités inhabituel dans la capitale sénégalaise. La vie s’est brusquement estompée. Peu d’agents de l’administration publique sont présents. Le travail est au ralenti. Les rues de la ville étaient presque désertes. Beaucoup de commerçants ont baissé rideau.
Un tour d’horizon effectué hier mardi, lendemain de l’Aïd El Fitr communément appelé Korité aux ministères de l’Economie, de l’Energie, de l’Agriculture… et dans certains marchés de la capitale comme Sandaga, Pétersen, Tilène, Castor, Grand Dakar laisse entrevoir une activité économique maussade. Au ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, on note la présence de quelques agents accrochés au téléphones implorer les traditionnels «déwenati» et autres (Balma akh, Balnala). Dehors, comme de dedans tout porte à croire que nous sommes dans un jour férié ou non ouvrable. Signe que Dakar n’a pas encore repris vie. La circulation est plus fluide même que le dimanche. Point d’embouteillages monstrueux notés souvent aux grands carrefours de la capitale sénégalaise.
LES MAGASINS BAISSENT RIDEAU
Au grand marché de la capitale sénégalaise (Sadaga), tout est au plat. Les magasins et autres boutiques sont fermés. Seuls quelques badauds et autres passants occupent les rues. Sur les avenues Bourguiba, Cheikh Anta Diop, Blaise Diagne, jadis, grouillant de monde, aucun bouchon n’est noté.
Sur les allées Papa Gueye Fall, qui longent l’avenue Faidherbe, le constat est le même, la circulation est fluide, les cantines situées aux abords de ces allées sont restées fermées, de même que tabliers qui occupent habituellement et illégalement les trottoirs sont vides.
Aux abords où jouxte le grand immeuble abritant entre autres ministères Energie, Enseignement supérieur et autres services, c’est la même ambiance. Dans l’immeuble abritant les ministères de l’Energie, de l’Enseignement supérieur … et autres services, au pied de l’ascenseur point de file d’attente. Dans les couloirs des dits ministères, tout porte à croire qu’il n’y a pas de travail. C’est un silence de cathédrale! Les quelques voitures garées devant l’immeuble montrent à suffisance que les agents et autres opérateurs ne sont pas au rendez-vous.
Tout près desdits lieux, se trouve le marché Pétersen. Là aussi, le constat est le même. Pas de marchands ambulants. Les lieux sont quasi vides. Une situation qui pourrait dans une certaine mesure s’expliquer par la fine pluie notée hier, matin donnant ainsi un climat relativement doux par rapport aux jours d’avant. Des avenues Lamine Guèye, (marché Tilène) Bourguiba, Voix de contournement nord (Vdn), c’est le même constat. Sur l’avenue Cheikh Anta Diop, en face du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Fann, les véhicules de transports en commun, appelés “cars rapides”, cherchent désespérément des clients. La circulation sur cette avenue généralement pris d’assaut par les vendeurs à la criée est fluide, l’ambiance bien morose.
LES PRIVES AU RENDEZ-VOUS
La Sonatel, située sur la Vdn semble être au rendez-vous. Comme d’habitude, le parking est bien plein de voitures. Dedans et même dehors. Ce qui montre bien que dans les grandes sociétés privées tout n’est pas permis. Les travailleurs sont soumis à une responsabilité civique et morale à être productif. Car, c’est de la productivité qui dépende leur gagne pain. Tout près, se trouve d’autres services de l’administration publique notamment le ministère de l’Elevage et des productions animales. Sur les lieux, des voitures garées, aucun mouvement de par et d’autre des agents. C’est le silence total. Un chauffeur, se confie à nous: «Vous savez beaucoup d’agents n’habitent pas Dakar. Alors, ils profitent des fêtes pour aller fêter ensemble en famille. Je pense que le gouvernement doit penser à faire de ce jour, un jour férié, puisque bon nombre d’entre nous s’absentent forcément le lendemain».
Dans les grandes surfaces de la place, le décor est le même. Les cafés et restaurants qui pour la plupart avaient fermé durant le ramadan le sont encore.
Il faudra attendre encore les jours à venir pour l’activité économique reprenne sa vivacité d’antan.
LES FEMMES DE MENAGE INTROUVABLES
Les femmes de ménage ne sont en reste. Elles ont toujours simplement déserté les maisons de leur «patron» pour passer la korité en famille. «Je ne suis pas allée travailler. J’ai été obligée de rester à la maison à faire le ménage parce que tout simplement notre «bonne» (femme de ménage, Ndlr) a refusé de rester à la maison pour fêter la Korité avec nous. Mon mari lui a proposé de doubler son salaire à la fin du mois, mais elle a dit niet», confie une jeune femme qui se lamente des tas d’ordures ménagères qui jalonnent le long du trottoir.
Expliquant cet état de fait constaté un peu partout dans la capitale sénégalaise, Samba Ndiaye sociologue soutient que Dakar s’est rapprochée des autres villes. «Les gens ne partaient de Dakar que lors de la fête de la Tabaski. Mais, aujourd’hui, ils ne ratent plus une seule occasion pour aller souffler en famille. Une tendance qui s’explique par le rapprochement des autres villes», soutient-il. Et d’ajouter : «jadis pour aller à Matam, certains faisaient 12 heures de temps parce qu’il fallait passer forcément par Saint-Louis avec un énorme détours. Sans occulter les différents embouteillages. Désormais, il y a l’autoroute à péage et surtout la route Linguère-Matam». Selon M. Ndiaye, les mêmes cas de figure se retrouvent dans les autres axes entre Dakar-Tambacounda-Kédougou.
«La seule grosse difficulté, que nous avons aujourd’hui, c’est le contournement de la Gambie pour nos concitoyens du Sud», fait-il remarquer. Avant de terminer par une critique : «je crois que Macky Sall aurait dû mettre les 451 milliards sur cette voie de contournement au lieu d’investir sur l’autoroute Ila Touba qui est plus politique qu’autre chose. D’ailleurs, même les économistes ne sont pas d’abord sur cet investissement. Notamment sa rentabilité». Toutefois, tempère-t-il, «même si une fois cette autoroute terminée, les populations du Nord vont davantage se rapprocher de Dakar. On fera moins de temps pour aller dans cette partie du Sénégal».
sudonline.sn