L’Equipe nationale de Football va se qualifier au Mondial en Brésil. Par Karou Camara

L’Équipe nationale du Sénégal a perdu la première manche du match de barrage des éliminatoires de la coupe du monde devant la Côte d’Ivoire sur la marque de 3 buts à 1. En un an, les Éléphants ont réussi la prouesse de nous battre à trois reprises en autant de rencontres, en inscrivant au total neuf buts, soit en moyenne trois buts par match.

GAGNER EST UNE HABITUDE, PERDRE AUSSI.

Je ne doute point de la qualité de cette équipe ivoirienne, de son expérience et de son vécu, mais ma profonde conviction est que cette équipe n’est pas meilleure que la notre.

La seule différence entre ces deux équipes est la suivante: les Éléphants croient qu’ils doivent toujours gagner, là où les Lions pensent qu’ils doivent toujours perdre. C’est aussi simple que cela.

Parce que gagner n’est pas un cas particulier; celui qui a l’habitude de gagner gagne souvent comme du reste celui qui a l’habitude de perdre, perd très souvent.

C’est pour cette raison que dans le football, le sport en général, c’est toujours les mêmes qui gagnent. La ligue des champions est souvent gagnée soit par le FC Barcelone, le Réal de Madrid, le Bayern de Munich, le Chelsea FC, le Milan AC, ou Manchester United. La coupe du monde existe depuis 1930; pourtant à l’heure actuelle; seules 8 nations ont réussi à l’emporter: le Brésil (5 fois), l’Italie (4 fois), l’Allemagne (3 fois), l’Argentine (2 fois), l’Uruguay (2 fois), l’Angleterre, la France et l’Espagne (1 fois).

Ce principe s’applique aussi dans la vie, on a comme l’impression que ceux qui réussissent sont toujours les mêmes. C’est parce que tôt ou tard, ceux qui gagnent, ceux qui arrivent à réaliser quelque chose sont d’abord ceux qui y croient .Pour atteindre un objectif, il faut d’abord être sûr de soi. Il ne suffit pas juste d’avoir la volonté, il faut aussi croire en être capable.

Et c’est là tout le problème de notre Équipe nationale, ni l’entraineur, ni les joueurs, ni les journalistes sportifs, personne n’a cru que le Sénégal pouvait battre la Côte d’Ivoire. Dans les propos et analyses d’avant match, on pouvait constater que tous accordaient plus d’importance au potentiel des Éléphants en oubliant que nous pouvions en avoir nous aussi. Les joueurs sont entrés dans le stade Houphouët-Boigny avec la peur au ventre. Il faut juste revoir le premier but ivoirien pour comprendre. La panique se lisait sur le visage de notre défenseur latéral Gassama. Dès qu’il a reçu le ballon et qu’il était face à face avec Gervinho, il était tellement terrorisé qu’il lui a donné le cuir alors qu’il n’y avait aucun danger, ce qui nous fut fatal. Le garçon n’est pourtant pas nul, car il avait fait de bons matchs avant, notamment à Luanda et à Monrovia. Il a d’ailleurs joué la ligue des champions avec Lyon; c’est dire qu’il connaît le haut niveau. C’est juste qu’on l’a mal préparé, on a dû lui faire peur en lui parlant trop des qualités du joueur ivoirien.

UN ENTRAINEUR ET DES JOUEURS AVEC UN ÉTAT D’ESPRIT DE GAGNEURS

Le Sénégal a toujours eu de bons joueurs et cette génération n’échappe pas à la règle. Je crois que la génération de 2002 qui nous a valu tant de succès n’a pas plus de talents que celle-là. La différence, c’est juste que cette fameuse génération des Fadiga, Henry, Diouf, Diao, Cissé et les autres, avait plus de mental mais surtout était plus sûr d’elle. Ces joueurs respectaient leurs adversaires mais n’avaient jamais peur d’eux. Ils se disaient juste qu’ils étaient capables de le faire et ne lâchaient rien jusqu’à ce qu’ils le fassent.

Quand le Sénégal a battu la France en 2002, ce n’était pas un accident même si nous savions que cette équipe française était de loin bien supérieure sur le papier. C’est parce que nos joueurs y croyaient. L’entraineur, Feu Bruno Metsu, avait su les galvaniser, les motiver, aidé à cela par le staff (n’oublions pas le rôle de Feu Jules Bocandé), les membres de la fédération , les journalistes, le peuple dans sa majorité, tout le monde y croyait. Alors ils l’ont fait. Et même pour se qualifier en coupe du monde au Japon et en Corée du Sud, ils leur a fallu affronter les meilleures équipes du continent du moment: l’Egypte, le Maroc, l’Algérie. Et souvenez-vous, ils sont allés chercher la qualification en Namibie.

Cette génération fut vice championne d’Afrique et n’a cédé qu’aux tirs au but en finale devant le Cameroun. Avant, elle avait livré des rencontres très difficiles comme celle de la demie finale contre le Nigeria de Okacha et Kanu en, où elle a joué 10 durant une bonne partie du match.

Je ne suis pas nostalgique, mais je veux tout simplement faire prendre conscience que ce qui nous manque, ce ne sont pas des joueurs talentueux, ça nous l’avons. Il nous manque juste des joueurs, un entraineur, un staff, une fédération, des journalistes qui y croient en eux.

Incontestablement, Didier Drogba est, avec samuel Etoò, le meilleur attaquant africain de ces dix dernières années. Mais à l’heure actuelle, je ne crois pas que Drogba soit meilleur que Papis Cissé, ou Demba Ba, ou Dame Ndoye ou Moussa Sow. Il n’existe pas en Afrique, une équipe qui possède les individualités que nous avons en attaque. Alors pourquoi avoir peur en se focalisant toujours sur les qualités de l’adversaire.

Je n’aime pas parler des choix de l’entraineur, car il est souverain avec son équipe. Giresse fut un très grand joueur et est un bon entraineur. Mais on peut quand même se posait des questions sur le fait que Diamé continue à être titulaire dans cette équipe et à porter le brassard, alors qu’il a quasiment raté tous ses matchs avec l’équipe nationale depuis les jeux Olympiques. Il y a aussi la non titularisation de Sadio Mané durant ce match alors qu’il est incontestablement un des joueurs importants et la disparition de Stéphane Badji alors qu’il avait fait quelques apparitions intéressantes.

Je ne suis pas très souvent d’accord avec El hadji Diouf. Je pense que ses propos sont parfois à la limites puérils, et même ridicules. Seulement, force est de reconnaitre que El hadji fut en tant que joueur le meilleur.

En fait, Diouf était le meilleur parce qu’il a toujours cru être le meilleur. C’est d’ailleurs là où réside son problème car jusqu’à présent il pense être le meilleur même si c’est sûr que ce n’est plus le cas; c’est pourquoi d’ailleurs il tire sur tout ce qui bouge.

Mais ce qui est certain, c’est que nos joueurs actuels ont besoin de l’état d’esprit de Diouf et de celui des autres de la génération 2002.

Paul Bryant, un des plus grands entraineurs de football Américain disait ceci: “Ce qui compte, ce n’est pas la volonté de gagner, ça nous l’avons tous. C’est la volonté de se préparer à gagner.”

LE SENEGAL VA SE QUALIFIER

Je pense que les Lions vont l’emporter suffisamment devant la Côte d’Ivoire et se qualifier pour la coupe du monde 2014 au Brésil.

Je ne suis pas en train de rêver ni de faire du Selbe Ndom, je ne fais qu’exprimer mon souhait, mes vœux et ce à quoi je crois. Ce dont cette équipe a besoin, ce sont des personnes qui la galvanisent, qui la fassent prendre conscience de son potentiel. L’important n’est pas qu’elle le fasse mais qu’elle sache qu’elle peut le faire ainsi elle essaiera au moins.

Nous avons besoins de personnes qui puissent expliquer aux joueurs qu’ils ont une occasion unique de se qualifier au mondial. Et il n’est pas sûr que cette occasion puisse se renouveler. La coupe du monde a lieu tous les quatre ans et c’est une compétition difficile surtout pour les africains car il n’y a que cinq équipes qui peuvent se qualifier. Par contre, si on réussit à se qualifier, se requalifier devient plus facile car on aura encore l’habitude de gagner. La preuve, parmi les cinq équipes qualifiées lors de la dernière coupe du monde, quatre sont encore en lice.

En avant et faisons faire rugir les lions.

Karou Camara

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