Les bijoux de la cantatrice

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Par ALIOU NDIAYE

Viviane Wade est un personnage fabuleux. La première dame du Sénégal est une diva. Dans son genre, elle est une cantatrice émérite, une star de la lutte politique traditionnelle et une Khar Mbaye Madiaga de l’humanitaire. Ce n’est ni de la moquerie, ni de l’ironie encore moins de la flatterie. Sa voix est monocorde certes, fluette et enrhumée, mais elle a une voix qui porte. C’est l’essentiel. Son bel canto est un regroupement de sonorités paradoxales. De l’adresse, de la maladresse et un brin de sagesse. En mars, elle était la vedette du film du rockeur Jean Pierre Bloch. Il s’agit de l’ex-gourou blanc du Festival mondial des arts nègres. Aujourd’hui excommunié, le milliardaire a diffusé le produit exotique sur Voyage, chaîne de télévision spécialisée dans le dépaysement. «La journée d’une première dame » est une perle dans la provocation. Mais les bijoux de la cantatrice sont une collection. Elles vont de la verroterie la plus populaire au beau diamant vert. Sa dernière sortie est une pierre précieuse catapultée dans le jardin du peuple sénégalais. Ramassons -la !

Viviane Wade a repris, à sa façon, Jean Ziegler. Le philosophe et humaniste suisse a passé sa vie à ressasser une vérité amère : « l’Afrique est un mendiant assis sur une mine d’or». Selon la première dame, le Sénégal ne fait pas exception à la règle continentale. Et cette vérité saute aux yeux. Comme une bombe sociale. Aux feux rouges du monde, notre pays fait la manche depuis des années. Cette mendicité internationale n’est pas le fait du peuple. Mais elle est faite au nom du peuple. Et Madame Wade aurait pu pousser la chanson au sens propre du terme. Aujourd’hui, gueuser est un domaine réservé. C’est le terrain de prédilection du ministre de la Coopération internationale. Dans son portefeuille de mendigot, Karim Wade a les plus généreux donateurs. Il s’agit des émirs du Golf, riches de leurs pétrodollars. Ces derniers donnent souvent leur zakat avec laxisme, sans jeter un regard sur l’accoutrement du demandeur. Le sultan d’Aumône a passé toutes les frontières de la logique, du raisonnable et du politiquement correct. Il s’acquitte de cette mission en jet privé. Selon la presse, la location de ce tapis volant coûte 400 millions de Fcfa par semaine au contribuable sénégalais. La banque mondiale avait voulu attirer l’attention des autorités sénégalaises sur cette scandaleuse extravagance. Pour toute réponse, le ministre des Finances s’était réfugié derrière l’argument de la dépense de souveraineté. Karim Wade ne nous apporte pas 400 millions de Fcfa de dons par semaine et nous coûte bien plus durant la même période. Le pays n’a plus le choix. Il est condamné à mendier ou à brader les bijoux de famille.

C’est cette recherche effrénée de liquidité et l’affairisme d’Etat tous azimuts qui expliquent la nouvelle bataille des télécommunications. Rien à priori ne justifie l’arrivée de Global Voice. L’Agence de régulation des télécommunications et postes aurait bien pu faire le travail de contrôle des appels internationaux. Mais l’existence de l’Artp est, en elle-même, discutable. Une direction dans un ministère ou même une commission aurait suffis. L’énergie est bien plus vitale que le téléphone. Pourtant, la régulation du secteur est confiée à une simple commission. Et nul ne peut imputer à cette structure les crises endémiques du volet énergétique. Les travailleurs de la Sonatel soupçonnent quelques groupements d’intérêt économique occultes. Et les soupçons semblent fondés. D’autant que des sociétés de connivence fortes pratiquent une politique d’accaparement féroce au détriment du Sénégal et des Sénégalais. Les jeunes vont mourir dans le ventre de l’Atlantique. Les femmes vendent leur bijou pour financer ses nouveaux voyages sans retour. Et les vielles personnes demandent l’aumône dans les rues. En période de froid, le blues de nos compatriotes dans les fermes espagnoles parvient jusqu’à nos oreilles. Mais Viviane Wade ne peut les entendre. C’est une affaire d’initiés et de sonorités.

Avez-vous entendu la chanson triste des mères de Pikine ? Un de leurs enfants, Boubacar Bâ en l’occurrence, a été vertement tancé par le fils de la diva. En concert publique, sous l’œil des caméras et devant les micros. On se serait cru dans la relation du maître et de l’esclave. Dans le texte, Karim Wade a raison. Il peut refuser une politisation de sa visite de chantier, même si la fonction de ministre est éminemment politique. Boubacar Bâ a tort. Une personnalité politique de son niveau ne doit pas se rabaisser autant. On peut être d’accord ou contre lui, mais nul ne met en doute le mérite de ce cadre libéral de la banlieue. Son engagement à la cause du Sopi est vieux et indubitable. Dans la forme, Karim Wade joue sur un registre inconnu du grand public. Culturellement, son niveau de langue chante faux. Au Sénégal, on dit de la parole qu’elle doit être habillée. Dire « Fichez-moi la paix ! » à un gros gaillard avec ses poings, c’est prendre le risque de se faire rosser. Mais, le Sopi, dans sa mutation, permet bien des audaces. En temps normal, dans un parti normal, avec des rapports normés, Karim Wade aurait couru derrière Boubacar Ba. Pour un autographe.
lobs.sn

2 Commentaires

  1. el est nee dune famill pauvre dnc sachons tous k el est devnu klk une grace a largen des senegalais
    j pe dir k cst la patrone du gang wade les voleur d la republik

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