Les bonnes notes diplomatiques de Macky (Par Hamidou Anne)

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Le gouvernement vient d’organiser la 6ème Conférence des ambassadeurs et consuls généraux avec comme agenda principal, la présentation de la contribution du ministère des Affaires étrangères à la présidence sénégalaise de l’Union Africaine. Nos diplomates ont aussi planché sur les défis de notre pays relatifs au terrorisme, aux menaces sécuritaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest, à l’urgence climatique, à l’émigration irrégulière, à la pauvreté et aux crises sanitaires. La diplomatie n’échappe pas aux interrogations légitimes qu’il convient de formuler vis-à-vis de l’efficacité de nos politiques publiques et de la contribution au rayonnement du Sénégal à l’étranger. Surtout au regard de la reconfiguration géopolitique qui s’opère depuis une dizaine d’années en Afrique de l’Ouest.

La politique étrangère sous Macky Sall, il faut le souligner, constitue un secteur où de vrais motifs de satisfaction sont observés, notamment sur le renforcement de la place du Sénégal en Afrique après les atermoiements du début. Senghor a bâti notre diplomatie sur les priorités stratégiques suivantes : le bon voisinage, la paix et la sécurité, les droits humains et l’unité africaine. La poursuite de nos objectifs devant passer par la préservation de la ceinture de sécurité du Sénégal. La politique étrangère de Macky Sall œuvre pour le renforcement d’une diplomatie sous-régionale, moins théâtrale et plus efficace que sous Wade. L’élément fondamental d’une diplomatie efficace est la construction de la paix avec ses voisins. A ce propos, les relations avec la Gambie post-Jammeh sont devenues exemplaires pour toutes les nations africaines. C’est à l’initiative du Sénégal que la Cedeao a chassé l’ancien violent et fantasque dictateur Jammeh du pouvoir. Adama Barrow a prêté serment à l’ambassade de Gambie à Dakar. Les éléments du Gign assurent encore la sécurité du Président gambien.

D’ailleurs, dans une récente interview à Emedia.sn, le président Barrow précise que Macky Sall n’est pas seulement son homologue, mais son ami ; ce qui augure d’une relation solide entre nos deux capitales. Grâce à la nouvelle alliance entre Dakar et Banjul, des réalisations importantes sont notées, dont la plus emblématique est le Pont Sénégambie qui a un impact sur notre économie avec un gain de temps considérable réalisé sur l’axe nord-sud et sur le désenclavement de la Casamance en plus des voies marine et aérienne.

Avec la Guinée-Bissau également, les relations se sont réchauffées, à la faveur notamment de l’arrivée du Président Emballo. Ces relations normalisées ont eu un impact positif sur la défense des intérêts vitaux du Sénégal, notamment sur le dossier casamançais. Grâce à la coopération avec ces deux pays frontaliers -qui jadis ont fait figure de base arrière du Mfdc-, l’Armée a infligé de lourdes défaites aux rebelles et repris des bases historiques du mouvement irrédentiste. La paix est une urgence vitale, mais l’intégrité du territoire national est non négociable.

L’histoire a été douloureuse entre le Sénégal et la Mauritanie avec les tragiques événements d’avril-mai 1989. La défiance qui a suivi a longtemps nourri les rapports entre Dakar et Nouakchott. Mais les relations prennent une autre tournure. Ce printemps sénégalo-mauritanien est matérialisé entre autres par la découverte et l’exploitation prochaine des réserves de gaz du projet Grand Tortue/Ahmeyim à cheval sur les deux pays.

Le Sénégal et la Mauritanie, à travers un accord de 2018, ont choisi un partage égal de la production et des revenus. Aussi, vieille doléance des populations des deux berges du fleuve Sénégal, le pont de Rosso sera enfin réalisé et la pose de la première pierre a été effectuée ce 30 novembre par les présidents Sall et Ghazouani. Ce pont ne lie pas seulement deux pays, il change la vie de millions de citoyens. Mais l’ouvrage est aussi un trait d’union entre l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb, qui épouse le vieux rêve de Senghor d’une Afrique unie.

Il reste pour notre pays à transformer la nature de la relation avec la Guinée et le Mali en proie à des régimes militaires issus de coups d’Etat. En Guinée, il convient de profiter du départ de Alpha Condé pour tendre la main à ce pays frère qui compte une importante diaspora au Sénégal. Alpha Condé, personnage tumultueux et rempli de ressentiments vis-à-vis du Sénégal et de son chef d’Etat, a joué un rôle négatif dans la relation entre nos pays. Il a fermé une année durant sa frontière, et n’a cessé de provoquer les autorités sénégalaises, qui ont eu la sagesse -c’est à saluer- de ne jamais surenchérir.
Au Mali, depuis 2013, nos soldats risquent leur vie au nom des valeurs de démocratie, de liberté et de progrès. Les Maliens ne devraient jamais l’oublier, même s’il est de notre devoir d’y être au nom des valeurs précitées et de notre longue histoire commune. La fin de la transition prochaine et l’arrivée d’un gouvernement élu seront l’occasion de renforcer la coopération, pour aider ce pays à se relever et lutter ensemble contre l’hydre terroriste qui menace toute la sous-région.

Le Sénégal est un géant diplomatique en Afrique, qui a toujours été présent là où les grandes décisions internationales se prenaient. C’est ce petit pays aux plans géographique et économique, mais grand par son poids politique et son influence sur la scène internationale, qui prendra les rênes de l’Union Africaine en janvier.

Macky Sall défendra au nom de l’Afrique dans les fora internationaux, des valeurs humanistes de paix et de solidarité ; ces valeurs sont un héritage reçu de ses prédécesseurs qui, malgré les vicissitudes de la politique intérieure et les bouleversements internationaux, ont toujours fait flotter haut le drapeau d’une grande diplomatie, d’un grand pays. La présidence de l’Ua sera celle de la perpétuation de cette tradition de faire entendre la voix du Sénégal au sujet des problématiques qui épousent l’époque.

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