Le ministre de l’énergie, Samuel Sarr n’a pas promis le paradis. Ceux qui s’attendaient à la déclaration d’arrêt définitif des délestages, doivent encore déchanter. Samuel Sarr a « décidé » de prolonger le séjour des Sénégalais en enfer. Le ministre de l’énergie leur demande d’attendre en 2012 pour la fin du cauchemar, c’est-à-dire des délestages. Mais d’ici là, la Senelec est en train, dit-il, de mettre tout en œuvre pour apporter des solutions immédiates à la panne des machines, consécutive à l’utilisation du mauvais fuel. Et que selon le ministre, la « situation reviendra à la normale » au plus tard le 15 août prochain. Le ministre Samuel Sarr était hier, mardi face aux députés pour répondre à leurs interpellations, à l’occasion de la session extraordinaire sur les raisons des coupures d’électricité et les mesures immédiates que le gouvernement compte prendre pour régler la situation.
Le ministre de l’Energie, Samuel Sarr a promis hier, mercredi 21 juillet, face aux députés, le « retour à la normale, le 15 août prochain, peut-être en début de ce mois dans la distribution de l’électricité par la Senelec ». Il en a donné l’assurance au cours d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale consacrée à la crise de l’électricité.
Il a qualifié la situation « d’atypique » et a exprimé et présenté les regrets de la Senelec et du gouvernement au peuple Sénégalais. La Senelec a connu des dysfonctionnements très graves dans la distribution du courant à partir du 4 juillet dernier. Samuel Sarr parle de « perturbations inacceptables ». Il croit savoir que c’est « l’utilisation accidentelle d’un combustible dont le résultat des analyses respectait le décret sur le contrôle de qualité » qui est à l’origine de ces graves désagréments. Le ministre de l’énergie explique que l’utilisation de ce combustible a engendré un phénomène de colmatage des machines. Mais que des actions immédiates ont été prises pour isoler ce « combustible contaminé ». Il a annoncé que des pièces de rechange ont été achetées et un plan d’action de recouvrement des machines lancé.
Le ministre de l’énergie a demandé au Directeur de la Senelec d’enclencher une procédure judiciaire pour que les responsabilités soient situées et les fautifs sanctionnés. Il a assuré aux députés que les responsabilités seront situées sur la qualité du fuel fourni à la Senelec. Et que le gouvernement est partant pour un audit financier et technique de la Senelec, de même que pour l’institution d’une Commission d’enquête parlementaire, comme l’ont demandé certains députés.
Par ailleurs, Samuel Sarr a déclaré que « les consommateurs siégeront au conseil d’administration de la Senelec au mois de septembre ». Il s’est d’ailleurs engagé à demander à la Commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse) de « regarder l’effet de l’énergie non distribuée et voir comment appliquer des pénalités au profit des consommateurs pour baisser les factures ».
Au chapitre des mesures à court terme, il y a la décision de confier à la Sar les importations de combustible, l’accélération du dépôt Sen-Stock et le renforcement du contrôle de qualité avec la réouverture du laboratoire de la Senelec.
Le Ministre d’Etat dit « avoir donné rendez- vous aux Sénégalais en 2012 pour régler définitivement le problème énergétique ». En outre, en ce qui concerne l’interpellation de certains députés lui demandant de démissionner, Samuel Sarr a « refusé de répondre aux calomnies ».
Rappelons que le ministre d’Etat est largement revenu dans son speech sur le processus qui a prévalu à l’achat du combustible mis en cause, à son acheminement ainsi qu’à son contrôle .
Des questions sans détour
Les députés n’ont pas fait dans la demi-mesure pour interpeller le ministre de l’énergie, Samuel Sarr sur les mesures que le gouvernement compte prendre pour mettre un terme aux souffrances des Sénégalais qui subissent les contrecoups des coupures d’électricité. Sans détour, parfois avec un ton dur, ils veulent avoir des assurances et des réponses concrètes à leurs questions. C’est le député Abdoulaye Sène, président de la Commission du Développement et de l’Aménagement du Territoire de l’Assemblée nationale qui a adressé la question orale au ministre de l’énergie, Samuel Sarr, lors de la session extraordinaire sur les coupures d’électricité. Dans son adresse, il a souligné que l’Assemblée nationale a tenu a exprimé aux concitoyens sa profonde solidarité dans ces moments particulièrement douloureux.
Pour lui, les « conséquences de cette crise sont incommensurables, les effets immédiats observables partout à travers le pays, sont déjà dramatiques ». Après l’état des lieux, Abdoulaye Sène a adressé ces questions, au nom de l’Assemblée nationale, à Samuel Sarr : « Quand est-ce que la fourniture de l’électricité reviendra durablement à la normale ? Quelles sont les mesures concrètes engagées à cet effet ? Dans quel délai et à quel coût ces mesures, seront mises en œuvre ? Qu’est-ce que le gouvernement envisage pour sécuriser la fourniture et renforcer le contrôle de la qualité du combustible ? ».
Il déclare : « Nous attendons du gouvernement des engagements clairs, précis et concrets, des engagements fermes, calés dans un agenda qui tienne compte de l’urgence et de la gravité de la situation ». Pour lui, il est urgent d’en dégager rigoureusement les causes et de situer objectivement les responsabilités des acteurs impliqués.
Le député de marteler : « Les erreurs, les négligences, les fautes,qu’elles soient individuelles ou liées à des insuffisances du management, doivent être analysées rigoureusement, et faire l’objet de traitement approprié, avec des sanctions justes, et des correctifs à apporter aux procédures, si besoin, au cadre institutionnel et organisationnel du secteur ».
Ce qui vient, dit-il, de se passer est difficilement acceptable et certainement pas justifiable. « Un secteur aussi stratégique que celui de l’énergie ne devrait pas souffrir d’errements, il requiert une gestion professionnelle, efficace, rigoureuse et responsable », souligne l’élu. Il a aussi dénoncé « les factures erronées se chiffrant à des dizaines de millions pour des domiciles privés occupés par des citoyens ordinaires ».
Les problèmes de management indexés
La député libérale, Fatou Youssouph Aïdara, a abondé dans le même, en regrettant les paroles du ministre Samuel Sarr qui a parlé de « petite erreur » pour ce qui vient de se passer à la Senelec. Elle parle au contraire de « grave problème ». Car du fait des coupures, les croyants ne prient plus normalement. L’élue libérale est convaincue que les « saboteurs » sont au sein de la Senelec et que le moment est venu de les démasquer.
De nombreux députés, dont Aïssatou Coulibaly, ont demandé au Ministre de tenir un langage de vérité sur la situation réelle de la Senelec. En tous les cas, pour le député Cheikh Bamba Dièye la « situation désespérément prévisible de la Senelec » est liée au déficit de management. Il explique ce qui est arrivé à la Senelec par « l’affairisme, l’amateurisme, la concurrence déloyale » En outre, Cheikh Bamba Dièye pointe du doigt « l’incurie du pouvoir, le laisser-aller, le je m’en foutisme et l’argent facile » pour expliquer les délestages et les inondations. Le député libéral embouche la même trompette de récrimination en qualifiant ce que vit le peuple de « catastrophe nationale ».
Des députés demandent la démission de Samuel Sarr
Des députés excédés par ce qui arrive aux Sénégalais avec des coupures intempestives, ont purement et simplement demandé la démission du ministre de l’énergie Samuel qui, à leurs yeux, est responsable de ce que vit le peuple présentement.
Des députés n’ont pas été tendres avec le ministre de l’énergie. Ils ont demandé sa démission hier, mercredi 21 juillet, au cours de la session extraordinaire sur les coupures d’électricité. C’est le cas des élus du peuple Abdoulaye Dramé et Samba Diouldé Thiam qui n’ont pas fait dans la langue de bois.
C’est le député libéral de Thiès, Abdoulaye Dramé qui ouvre les hostilités. Il s’adresse à Samuel Sarr en ces termes : « Je vous accuse d’être le principal responsable d’un crime économique et d’un conflit d’intérêt autour de la question de l’énergie ; d’abord comme Directeur général de la Senelec, puis comme ministre de tutelle ». Et d’ajouter : « Monsieur le Ministre d’Etat, je vous lance un défi moral. Par votre responsabilité l’économie du pays risque de s’effondrer. Et cite les ménages, les producteurs de la vallée, les hôpitaux, les élèves, les Pmi et Pme qui sont tous dans le désarroi ». Mettre à l’aise Wade
Le député de Thiès de demander au ministre d’Etat, s’il est prêt « à mettre à l’aise Monsieur le président de la République et laisser place à une commission d’enquête libre et indépendante faire la lumière sur toutes ces affaires. Si vous êtes blanchi, comme l’actuel Président de l’Assemblée, vous reviendrez fier et honoré », dit-il. Il a interpellé le ministre de l’énergie au sujet du « combustible 211 a été acheté à la place du 385 habituellement adapté aux machines ? Quelle responsabilité pour Total, Oryx, Itoc dans cette affaire fuel contaminé ? »
Situer les fautes
Pour sa part, le député Samba Diouldé Thiam constate que de la manifestation des premiers signaux qui auraient du alerter et entraîner une intervention d’urgence jusqu’à l’accomplissement du mal constaté, il s’est écoulé un temps énorme de 13 jours du 25 juin au 7 juillet 2010. Et de s’interroger : « Quel a été le comportement du management technique puis du management directorial, ministériel et gouvernemental depuis les premiers signaux ? » Et de suggérer que les fautes sur toute la chaîne, depuis l’importation du fuel, sa réception au port, sa mise en machine, le mouvement de celles-ci etc, soient situées et assumées.
Partir par devoir et par responsabilité
Pour lui, les véritables responsables et non les lampistes doivent être démasqués et sanctionnés à la hauteur du forfait commis. Et de demander à Samuel Sarr de « partir impérativement par devoir et par responsabilité, coupable ou non, si vous pouvez encore servir à quelque chose et si vous avez du sentiment et de l’estime pour le Président de la République, votre protecteur ». Le député soutient que « ce départ est une question d’ordre public, de salubrité démocratique et de sauvegarde politique du régime de l’Alternance ». Et d’ajouter : « La crédibilité du Président de la République qui vous a couvé et qui vous a tout accordé et la confiance des populations à l’égard du régime sont en jeu ». Il est alors sûr d’une chose : « Votre maintien, ainsi que celui de vos semblables, risque d’entraîner la perte du régime installé en 2000 ».
Samba Diouldé Thiam ne mâche pas ses mots à l’endroit de Samuel Sarr : « Vous êtes le symbole de l’échec, de la douleur, du ressentiment , de la violence et du désordre économique, social et politique »
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