Modou Lô est sorti avec brio de son combat contre Eumeu Sène le 31 janvier dernier. Pourtant, longtemps annoncé comme perdant et diagnostiqué outsider dans ce choc de “titans”, le Roc des Parcelles Assainies a surpris tout ce beau monde, de par sa technique, sa sérénité et sa maestria. Un fait qui a poussé bon nombre d’amateurs, de professionnels et de spécialistes à chercher qui gère son “Thioumikay”. Direct Info lève un coin du voile de ce mystère en s’entretenant avec Abdoulaye Diouf, surnommé le Sorcier de Modou Lô. Rien ne laisse deviner chez cet homme très calme, pour ne pas dire timide, le rôle déterminant qu’il joue dans les victoires du Roc. La trentaine un peu passée, Laye explique sans détour la stratégie gagnante de Kharagne. De la préparation du combat, en passant par sa rencontre et ses relations avec Modou Lô, jusqu’aux sorties des voyantes ou encore la bonne forme de son Asc Darou Salam, en Nationale1, tout y passe, dans cet entretien.
Expliquez-nous comment vous avez préparé le combat Modou Lô-Eumeu Sène ?
Il faut dire que c’est un combat qui a pris beaucoup de temps mais nous l’avons préparé comme d’habitude. Il faut comprendre par là que tout ce qui devait être fait a été fait dans les règles. Rien n’a été laissé en rade depuis que le duel a été ficelé. On était prêt depuis longtemps sur tous les plans, il fallait juste attendre le jour-j pour concrétiser les choses. Au début, c’était dur pour nous car, comme vous le savez, il n’est jamais facile de préparer un combat pendant des mois et le voir reporté au dernier moment. Les reports nous avaient beaucoup affectés. Toutefois, jamais il nous est venu à l’esprit que notre champion pouvait perdre le combat. Malgré le temps, les difficultés et les obstacles, nous sommes toujours restés sereins et sûrs de notre victoire finale surtout que notre lutteur est quelqu’un qui est de nature serein et calme dans n’importe quelle situation.
Contrairement aux spécialistes qui se sont focalisés sur le physique et la technique des deux lutteurs pour faire leurs analyses, certains ont considéré le mystique comme un élément déterminant dans ce combat, qu’en pensez-vous ?
Vous savez, on est dans un domaine où tout est possible. La lutte est notre sport national et c’est dans notre culture de nous protéger. Alors, pourquoi en vouloir à un Sénégalais qui ne suit que sa tradition ? Tout le monde peut dire que le combat a été mystique car c’est juste un point de vue mais, la réalité, c’est surtout que, dans ce combat, Modou Lô a démontré à tout le monde qu’il est un lutteur prêt physiquement et sûr de ses qualités techniques. C’est seulement ceux qui ne le connaissent pas qui ont douté de ses qualités et de sa forme physique mais, nous qui sommes tout le temps avec lui, savions déjà à quel point il s’était entraîné pour le jour-j. Comme il le dit souvent, au Sénégal, les gens ont tendance à se tromper sur une personnes musclée et une personne dotée d’une masse. Modou Lô est quelqu’un qui respecte beaucoup ses entraînements. Mais quoi qu’on puisse dire, il faut lui reconnaître le professionnalisme dont il a toujours fait preuve.
On a rapporté dans la presse qu’Eumeu Sène aurait dit à son entraîneur qu’il ne sentait plus ses bras comme s’il voulait imputer sa blessure à une attaque mystique. Qu’avez-vous à dire sur cela ?
Je ne sais pas moi mais, ce qui est sûr, c’est qu’il avait ses deux bras quand il prenait la jambe de Modou Lô alors allez savoir pourquoi il a dit ça. Par ailleurs, les gens ne doivent pas oublier que c’est lui même (Eumeu Sène) qui avait déclaré lors d’un face à face que si c’est seulement par le mystique que Modou Lô comptait pour le battre alors il pouvait estimer que c’était perdu d’avance. Maintenant, si j’entend des gens de son camp parler de mystique ça me fait rire. Encore une fois, on est au Sénégal et tout le monde a le droit de se protéger comme il le peut. Nous, nous nous sommes préparés à tout dans ce combat. Donc, eux aussi devaient faire pareille. Mais franchement, entre nous, je ne crois pas que c’est Eumeu Sène qui a parlé de mystique surtout pour un lutteur de son calibre. Vous savez, les gens ont l’habitude de toujours se précipiter après un combat pour chercher une excuse. Et, la plupart du temps, au lieu de se remettre en cause avec une autocritique personnelle, c’est le mystique qu’ils évoquent pour chercher du réconfort.
Pouvez-vous revenir sur votre relation avec Modou Lô, comment est-ce que vous vous êtes rencontrés ?
Nos chemins se sont croisés par l’intermédiaire d’un ami, il y a de cela des années. J’ai commencé à le côtoyer depuis son combat contre Lac II. C’est un ami du nom de Ngagne Seck qui habite à Yoff Ndénatte qui nous avait mis en rapport, par le biais de Joe Manga, Pape Faye, Modou Guèye et Fatim Lô qui est aujourd’hui aux USA. Depuis lors, on travaille ensemble dans une parfaite harmonie. Modou Lô est devenu aujourd’hui un ami, un frère, quelqu’un avec qui j’ai partagé des moments inoubliables. Nous avons aujourd’hui une relation qui dépasse le cadre professionnel et je prie Dieu pour que cela perdure. Il est très humain, humble et très croyant. Une personne de ce genre est d’une agréable compagnie. Il a une confiance totale envers ses proches et est prêt à suivre leurs recommandations à la lettre sans jamais poser de questions ou émettre un quelconque doute.
Mis à part Modou Lô et la lutte, peut-on savoir si vous travaillez également avec d’autres lutteurs ou dans un autre domaine sportif ?
A part Modou Lô, je ne travaille avec aucun autre lutteur mais je suis quelquefois dans le football surtout avec des clubs du championnat local. J’ai eu à collaborer avec les dirigeants du Jaraaf de Dakar dans le cadre de la finale de la Coupe du Sénégal de l’année dernière. Cette année encore, je travaille avec beaucoup de clubs de L1 de Dakar mais, pour des raisons professionnelles, je préfère ne pas donner des noms. Les gens font souvent appel à moi pour les aider et je m’efforce à chaque fois de leur apporter la meilleure des solutions possibles. Nous rendons grâce à Dieu qui nous a permis d’être dans le métier que nous exerçons actuellement.
Sur un autre registre, comment appréciez-vous les sorties tout azimut des « voyants » qui ont investi le milieu de la lutte et qui ont d’ailleurs pronostiqué la défaite de votre lutteur lors de ce combat ?
Je rends grâce à Dieu pour ça. Tout dépend de Lui et nul ne peut échapper à son destin. Laissons donc tout entre Ses mains Lui qui connaît le présent et le futur. Dans la vie, chacun a ses propres motivations, ses propres objectif à atteindre mais, de grâce, que chacun reste à sa place. On a tendance à confondre « chercheur » et « voyant » mais il faut souligner qu’il n’est pas bon de désespérer juste sur la base de prédictions. Selbé Ndome doit se taire une bonne fois pour toute sinon tant qu’elle continuera à parler de Modou Lô, elle verra toujours sont espoir s’effriter. Elle sera toujours déçue à force de faire des pronostics sur les combats de Modou Lô. Ils sont nombreux les Sénégalais qui savent faire ce qu’elle prétend savoir faire mais jamais on ne les entendra parler à tout va. Ces lutteurs-là, dont-elle prédit leur défaite, ont tous des familles qui sont plongées dans le désarroi à chaque fois qu’elle s’adonne à son jeu préféré. Notre chance, cette foi- ci, c’est qu’elle a contribué à créer de la sympathie et à pousser les Parcellois à faire bloc derrière Modou Lô. Ça nous a poussé à redoubler d’efforts et à être encore plus solidaire à notre champion. Il s’y ajoute que Modou Lô est quelqu’un qui ne prête jamais attention à ces choses-là. C’est quelqu’un qui croit beaucoup en lui et c’est pourquoi nous tous, qui sommes avec lui, avons oublié le sens de l’expression avoir peur.
Vous habitez à Darou Salam (Sébikotane), on a vu également votre Asc amorcer un bon début de championnat en Nationale1, 1er de la Poule B à la 4ème journée. Quel est votre secret ?
Comme je le dis souvent, je rends grâce à Dieu, encore et toujours. Nous avons effectivement une équipe qui fait de merveilleuses choses en Nationale1 et nous prions Dieu pour que cela continue. C’est des jeunes très motivés et très compétents. Ils sont toujours concentrés sur leur objectif et très prompts à mettre en pratique les directives. Une chose qui est déterminant dans chaque entreprise humaine. L’année dernière, nous étions en Nationale2, cette année, nous sommes là en Nationale1, avec de bons résultats et s’il plait à Dieu, nous serons l’année prochaine en L2 pour montrer de quoi nous sommes capables. Évoluer dans le championnat sénégalais, à n’importe quel niveau, est très dur. Les moyens ne sont jamais disponibles et tout ce fait au jour le jour. Cependant, nous remercions et saluons nos dirigeants qui font un bon travail avec les joueurs qui sont très bien encadrés.
Par Leral.net