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Les jenes Danois de retour à l’école

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Le Danemark, considéré comme un précurseur social et politique, s’engage dans un chemin qui soulève un débat virulent au Québec. Le petit pays scandinave s’apprête à rouvrir ses écoles primaires après un mois de confinement, dans l’espoir d’immuniser la population en l’exposant graduellement au coronavirus d’ici à la mise au point d’un vaccin.

Le gouvernement danois dit chercher un équilibre entre la nécessité de protéger la santé publique et celle de mettre le pays à l’abri d’une douloureuse récession — qui peut faire des ravages sociaux.

La réouverture des services de garde et des écoles primaires pour les enfants de 11 ans et moins, à compter de mercredi, est considérée comme une première étape vers un retour graduel à la vie normale, a expliqué la première ministre sociale-démocrate, Mette Frederiksen. «?Il est important de ne pas garder le Danemark confiné plus longtemps que nécessaire?», a déclaré la première ministre de 42 ans lors d’un point de presse, la semaine dernière.

Comme le Québec, le Danemark fait partie des gouvernements ayant réagi rapidement à la pandémie de coronavirus. Le royaume de 5,8 millions d’habitants dénombre à ce jour 285 morts et 6318 infections à la COVID-19. Au Québec, le bilan atteignait 360 décès et 13 557 cas pour 8,5 millions d’habitants en date de lundi.

Les pays d’Europe, frappés deux semaines plus tôt que le Québec par la pandémie, commencent à assouplir les règles de confinement. La Norvège, autre pays scandinave, prévoit rouvrir ses services de garde à compter de la semaine prochaine, et les écoles primaires la semaine suivante.

En France, pays durement touché par le coronavirus, le président, Emmanuel Macron, a annoncé lundi que les écoles rouvriraient graduellement à compter du 11 mai.

Un laboratoire pour le Québec

Le Québec a la chance, si l’on peut dire, de pouvoir tirer des leçons des stratégies mises en place en Europe, estime Stéphane Paquin, professeur à l’École nationale d’administration publique. «?Les pays d’Europe ont deux ou trois semaines d’avance sur nous. On verra si le déconfinement graduel mènera ou non à une remontée importante de la mortalité là-bas?», explique ce spécialiste des pays scandinaves.

Comme au Québec, les gouvernements scandinaves établissent leurs décisions d’après les recommandations d’experts. Les dirigeants ont écouté les experts en santé publique lors de l’éclatement de la crise, mais commencent à se tourner vers les économistes, souligne Stéphane Paquin.

«?La réouverture des écoles permettra aux parents de retourner travailler. Ce sont vraiment les considérations économiques qui prennent le dessus?», explique le professeur.

«?Écouter les économistes, ça ne veut pas dire qu’on fait du populisme, ajoute-t-il. La COVID-19 tue des gens, mais une récession peut être extrêmement néfaste pour une société. Ça peut entraîner des suicides, briser des familles, causer des dépressions et entraîner des conditions sociales extrêmement difficiles.?»

Consensus social

Comme au Québec, les pays scandinaves fonctionnent par consensus. Les gens font généralement confiance aux gouvernements, qui jouissent de forts taux d’approbation. La réouverture des écoles primaires est plutôt bien acceptée par les Danois, malgré des craintes légitimes pour la santé des élèves et du personnel scolaire.

«?Je ne suis pas inquiète. La courbe semble s’aplanir, et les hôpitaux disent qu’ils maîtrisent la situation. Je trouve que c’est un bon moment pour une réouverture graduelle?», indique au Devoir Annika Due Cornet, mère d’une fillette qui retournera mercredi à l’école à Copenhague.

Elle est rassurée par les mesures encadrant le retour en classe. Les cours prendront place autant que possible à l’extérieur. L’aménagement des locaux favorisera la distanciation sociale. Les élèves ou le personnel malades ou ayant un doute à propos de leur santé devront rester à la maison. Les directions d’école ont aussi le pouvoir de suspendre les classes en cas de complications.

La décision de rouvrir les écoles au Danemark crée tout de même des inquiétudes. La page Facebook «?Mon enfant n’est pas un cobaye?» a rassemblé plus de 30 000 membres en quelques jours.

La santé d’abord

Le même débat déchire le milieu scolaire au Québec depuis que le premier ministre, François Legault, a évoqué une éventuelle réouverture des écoles, lors de son point de presse de vendredi. Le chef du gouvernement a toutefois insisté sur le fait que la priorité demeure la santé des enfants et du personnel. Toute décision sera prise en accord avec la santé publique.

«?Il y a un seul critère qui va compter, ce n’est pas l’économie, c’est la santé des Québécois, a souligné François Legault au cours du week-end de Pâques. On va prendre une décision dans l’intérêt de nos enfants. Nos enfants sont ce qu’il y a de plus important.?»

Les données scientifiques démontrent que les enfants sont moins vulnérables que les adultes à une infection au coronavirus et peuvent contribuer à immuniser la population de façon naturelle, a expliqué le DHoracio Arruda, directeur national de la santé publique.

Il faudra bien rouvrir les écoles un jour, a souligné sur Twitter le DAlain Vadeboncœur. Un vaccin n’est pas garanti. Il arrivera dans 12 à 18 mois, s’il arrive. «?Dans ce contexte, comment trouver une manière de développer l’immunité sans catastrophe???», demande-t-il.

Ouvrir les écoles en mai permettrait aux élèves de se reposer durant les vacances d’été. En septembre et dans les mois suivants, les hôpitaux risquent d’être accaparés par la grippe saisonnière — ou le coronavirus. «?Il faut prendre la décision la moins mauvaise, estime le Dr Vadeboncœur. Si le report des écoles à l’automne est pire, la bonne décision est de les ouvrir plus tôt. Ou d’attendre le vaccin.?»

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