Une page de l’histoire du Sénégal se ferme avec un chef d’Etat sortant qui n’avait pas pris en compte la phrase du célèbre chanteur Ndiaga Mbaye « Yallaa aay ci pootum ngur. Dangay weer ba mu fendi mu taw ci kawam ». Dieu, à travers les bulletins de vote des sénégalais, a mis fin au règne d’un homme qui, quoiqu’élégant eût été son acte d’appel du 25 mars à 21h30, n’en n’a pas été pour le moins bizarre dans son manteau de chef d’Etat durant douze longues années marquées au finish par un « faux pas forcé ». Le Président sortant n’avait sans doute pas bien lu la formulation du slogan du mouvement « y’en a marre ». Son faux pas était bien forcé par le cours de l’histoire.
Voilà un homme qui a poussé l’audace jusqu’à être un jour coactionnaire à titre privé avec la nation dans un projet de monument alors même que l’article 38 de la constitution lui interdit « toute autre fonction publique ou privée rémunérée ». Il n’était pas sensé ignorer que les dividendes d’un actionnaire sont une rémunération du capital. Quel capital ! Parce que simplement,il a réfléchit et trouvé (Eureka !) l’idée de monument,il poussa l’audace en qualité de salarié dela République jusqu’à valoriser sa réflexion en termes d’actions dans un projet dont l’opportunité n’était pas essentielle sauf pour celui qui s’est enrichi dans la dation en paiement en revendant à l’IPRES des terres à lui donné par l’Etat. Le ridicule ne tue pas. Il rend simplement ridicule.
Si j’insiste sur le fameux monument érigé contre vent et marrées au moment où souffrait le peuple des denrées de premières nécessité, c’est pour montrer le caractère burlesque d’un régime en quête de postérité filiale avec des méthodes confondant l’avoir collectif aux intérêts strictement privés et familiaux.
Je ne reviendrai pas sur le fils « non gestionnaire » semble-t-ilde deniers publics mais qui bien a été au carrefour pour ne dire à la tête de décisions stratégiques comme l’organisation du sommet de l’ANOCI, l’attribution de la troisième licence de téléphonie, la concession du terminal à conteneurs, la construction des infrastructures, l’allumage (takkal mon œil !) de l’énergie nationale, l’aménagement du territoire…… longue pourrait être la liste.
Non ! Le pater continue à nous prendre pour des demeurés pour enfourcher si vite avant accusation le manteau d’avocat de son fils. Sans doute le fera-t-ilpour la fille co-gestionnaire de la grande « Mbumbaay » du fameux Fesman organisé en mimétisme de simple complexé senghorien
Non ce serait trop simple dans l’euphorie de la démocratie de coup de filélégant d’oublier les bévues inélégantes de la folie monarchique d’hier.
Il est clair que l’urgence au Sénégal sous le Président Macky est d’abord à la mise en place par volonté populaire de l’autre pilier qu’est l’assemblée nationale. Soyons réalistes. Est-ilpossible dans six jours de demander aux partis et coalitions de déposer leurs listes et d’aller à une élection législative dans environ 70 jours dans les conditions actuelles de constitution. Certains opposants sont pressés de rejoindre l’hémicycle. Le PDS aussi pense limiter les dégâts par une organisation rapide de l’élection législative avec la saignée pour aussi servir de planque d’immunité pour certains. L’intérêt dela Républiquen’est pas à l’empressement mais au réalisme.
Je crois que l’aveu-allusion du Président sortant sur les caisses vides doit pousser à plus de sagesse dans la hiérarchisation des priorités nationales qui doivent d’abord commencer par l’audit de ce qui a été fait des audits des structures de contrôle de l’Etat.
Il ne s’agira certainement pas d’aller à la chasse aux sorciers et sorcières. Il faut cependant être clair : l’impunité sera la pire des tares si le nouveau régime le cautionne. Ces hommes politiques du pouvoir sortant qui ont été beaucoup plus des prédateurs et concurrents déloyaux des opérateurs économiques par prête-noms interposés doivent être démasqués et leurs biens attribués àla République.Faut-ilaller jusqu’à l’emprisonnement qui donnerait des signes de victimisation outrancière ? C’est là où réside l’équation.
C’est pourquoi je préconise la mise sur pieds d’une commission VERRE (Vérité Réparation, Restitution). Cette commission essayera sur la base des audits de faire de sorte au moins que :
– l’argent détourné rentre dans les caisses de l’Etat,
– les prises de participation occultes soient nationalisées en vue d’une cession ultérieure et transparente à des privés de préférence nationaux,
– les injustices faites aux operateurs économiques nationaux et étrangers soient réparées
Pour ce faire,ilfaudrait que les fautifs acceptent de coopérer avec la commission VERRE. En cas de refus de coopération, seront enclenchées les procédures normales de droit pouvant aller jusqu’à la prison pour les fautifs.
A mon humble avis, nous devons voir dans le génie sénégalais les modalités de mise en place de cette commission VERRE sans entacher les principes de notre loi et sans verser dans une logique revancharde très éloignée de nos us et coutumes.
C’est à mon humble avis le moyen le plus pertinent pour régler à la fois la question de la nécessité du bilan et de la réparation sans donner l’impression d’un quelconque règlement de compte.
L’autre priorité sera de lancer une vaste concertation en vue de l’adoption de la nouvelle constitution qui fera du Sénégal une véritable République.
Le défi sera de trouver un agencement cohérent entre les priorités que sont :
– les audits,
– la nouvelle constitution et
– l’élection législative.
Le Président Macky Sall l’a certainement pris en compte dans ses rencontres avec une partie de l’élite nationale. Il devra donner dès les premières heures les signes clairs de cette hiérarchisation des priorités républicaines à coté de l’autre priorité basique et légitime de baisse des denrées de premières nécessités.
Que l’éclairage républicain guide ses pas. Ces tous premiers pas vers une claire conscience de la nécessité de rebâtir une nouvelle République condition sine qua non du développement national.
Macky va réussir s’iltien compte des leçons du régime sortant qui nous a appris tout ce qu’ilne faut pas faire.
Pour le reste, le programme Yoonu Yokkute et les conclusions des assises nationales sont assez énergiques et volontaristes (pour ne dire révolutionnaires) pour sortir ce pays des errements messianiques de courtes vues.
Le Sénégal a besoin de l’expertise de toutes et tous dans une sorte de pacte républicain à instaurer dans la sérénité.
Mamadou NDIONE
Président du Mouvement SMS 2012
Economiste Ecrivain Logisticien