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Les Sénégalais malades du coronavirus. (Par Yatma Dieye)

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Après la parodie de la Cigale et la fourmi publiée dans la presse en septembre 2018, voici celle des Animaux malade de la peste (Fable 1, Livre VII) qui s’inspire toujours des célèbres Fables de Jean de La Fontaine…

Un mal qui répand la terreur, mal que le Ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la mal gouvernance, le coronavirus (puisqu’il faut l’appeler par son nom) capable de peupler en quelques heures le Barsax, livrait aux Sénégalais de N’doumbélane une guerre sans merci. Ils ne mouraient pas tous-heureusement-mais beaucoup étaient plus ou moins atteints. En quelques semaines, tout le pays était soumis à sa loi. Rien ne pouvait échapper à sa colère… Alléguez la grandeur et la naissance, défendez-vous par la transhumance, la roublardise et la turpitude, le coronavirus ravit tout sans pudeur. Les villes, le soir, étaient devenues fantomatiques. Le pays tout entier ressemblait à une ville du Far West où des bandits masqués dévalisaient la banque. Les mariages étaient célébrés sans éclat, mosquées et églises étaient quasi désertes ; plus de visites d’amitié ,c’était partout une vision d’apocalypse…

Le président de la République de N’doumbélane tint conseil, et dit :

« Mes chers concitoyens, l’heure est grave ; je crois que le ciel a permis pour notre mauvaise gouvernance

cette infortune ; que le plus coupable d’entre nous se sacrifie pour la bonne cause, peut-être obtiendra-t-il la guérison commune. Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence l’état de notre conscience »

« Pour moi, satisfaisant mes ambitions électoralistes, j’ai emprisonné et exilé force opposants ; qu’avaient-ils fait ? Nul délit ; même il m’est arrivé d’emprisonner d’innocents journalistes ; je me dévouerai s’il le faut, mais je pense qu’il est bon que chacun s’accuse, car on doit souhaiter selon toute justice que le plus coupable périsse. »

-Monsieur le Président, dit le Premier député vous êtes trop bon, vos scrupules font voir trop de délicatesse ; emprisonner un maire rebelle, est-ce un délit ? Non, non. Vous lui fîtes, Seigneur, en l’emprisonnant, beaucoup d’honneur…Ainsi parla le Chef des députés, et flatteurs d’applaudir.

On n’osa trop approfondir des dignitaires du COUD, ni de La Poste, ni du PRODAC, ni de la SAR ni des Impôts et Domaines les moins pardonnables scandales ; tous ces gens, au dire de chacun, étaient de petits saints.

Le maire vint à son tour et dit : « En examinant les demandes d’aide de mes administrés et poussé par mon désir de faire comme tous mes prédécesseurs, je pris sur ma caisse d’avance un montant dérisoire pour porter secours à certains de ces administrés »

A ces mots, on cria haro sur le pauvre maire. L’avocat du président, quelque peu docte et hargneux, prouva par sa harangue qu’il fallait dévouer ce gêneur d’où venait tout leur mal. ; sa peccadille fut jugée un cas pendable. Puiser dans une caisse d’avance ! Quel crime abominable !

Rien que la prison n’était capable d’expier son forfait. On le lui fit bien voir.

Selon que vous serez allié ou opposant, les jugements du palais vous rendront blanc ou noir.

Yatma DIEYE, professeur d’anglais, Rufisque

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