Simple effet d’annonce ou réel pas en avant vers la démocratie ? Les militants éthiopiens s’interrogent après la promesse faite par le premier ministre, Hailemariam Desalegn, mercredi 3 janvier, de libérer des prisonniers, notamment des figures politiques. Ceux qui ont déjà été condamnés seront graciés, tandis que les charges pesant contre ceux qui sont en instance de jugement seront abandonnées, a annoncé le chef de gouvernement lors d’une conférence de presse.
Il n’a toutefois pas apporté davantage de détails sur la date de l’amnistie, ni sur le nombre de prisonniers concernés et leur identité.
Cette déclaration était inattendue dans ce pays, le deuxième plus peuplé du continent, où les autorités sont souvent accusées de bafouer les libertés et de museler les opposants politiques. Le premier ministre a prôné le « consensus national » et rappelé son intention « d’élargir l’espace politique ». La décision intervient peu après la demande faite par l’Union européenne, mercredi 20 décembre 2017, d’ouvrir des enquêtes indépendantes sur des affrontements communautaires à la frontière entre les régions Oromia et Somali, dans l’est du pays, qui auraient fait des centaines de morts, selon des chiffres officiels.
Emballement
L’Ethiopie est secouée par de vives tensions politiques, notamment par une crise au sein de la coalition au pouvoir depuis plus d’un quart de siècle, le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), menaçant la stabilité de cet allié des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme dans la région.
Dix mois d’un état d’urgence, levé en août 2017, n’ont pas apaisé la colère du peuple qui était descendu dans les rues entre novembre 2015 et octobre 2016, Oromo et Amhara en tête. Les deux principaux groupes ethniques du pays, qui forment près des deux tiers d’une population de 100 millions d’habitants, ont manifesté notamment contre les expropriations de terres et la mainmise de la minorité…
Le Monde