Lettre au Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye (Par Tafsir Ndicke Dieye)

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Monsieur le Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, vous venez de former votre premier gouvernement sur proposition de votre Premier ministre Monsieur Ousmane SONKO. Que nos vœux de réussite vous accompagnent. 

Dans ce gouvernent, la Culture est rattachée à la Jeunesse et aux Sports. Sans discuter ici de sa pertinence ou impertinence, nous souhaitons partager, avec vous, quelques unes de nos préoccupations concernant ce secteur dont l’utilité, au plan national et dans nos rapports avec les autres, ne souffre d’aucune ambiguïté.  

Président, malgré les efforts consentis par les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays, le secteur culturel sénégalais peine à occuper sa véritable place dans les préoccupations majeures de nos décideurs publics. Sans occulter la responsabilité de ses acteurs dans cet état de fait très regrettable, vous devez, durant votre mandat, œuvrer à redynamiser la vie culturelle de notre pays.

En effet, aux difficultés liées à une redéfinition de sa véritable mission dans un monde marqué par des bouleversements dans tous les domaines (politique, économique, social, culturel, technique etc.), qui ont complexifié les rapports humains, s’ajoutent celles relatives aux modes d’accès aux fonds destinés à soutenir l’éducation, la formation, la production, la promotion,  la protection, et la circulation de ses acteurs.

Dans ce contexte, comment le secteur culturel de notre pays pourrait-il jouer son rôle d’outil d’éducation populaire par la culture ? Comment pourrait-il instruire, former, informer, crée de l’économie et de l’enthousiasme selon les valeurs de nos cultures et croyances qui mettent en avant la citoyenneté, la solidarité, l’éthique, et l’équité, dans une perspective de renforcement des relations fraternelles intercommunautaires ? 

Comment pourrait-il participer à la formation du citoyen et contribuer à l’épanouissement personnel de chacun par une réappropriation des valeurs socioculturelles du pays et une ouverture aux apports positifs de l’extérieur dans un monde de plus en plus façonné par les flux d’informations et d’orientations offertes par l’Internet ?

Président, l’Internet contribue à : consacrer la démocratisation de la connaissance, marquer la fin de l’anonymat, démystifier les frontières terrestres, rapprocher les êtres humains, créer un lieu (par excellence) d’exhibitionnisme et de voyeurisme, favoriser un espace de facilitation des revendications sociales et du combat politique entre belligérants, promouvoir le droit à l’information qui n’épargne ni l’intimité de l’individu ni le « secret d’Etat », créer un marché incontournable des ressources humaines, des idées et des objet etc.

Autant de fonctions dont certaines sont utiles à l’épanouissement de nos cultures, surtout si l’on se situe dans leur dimension dite « Diplomatie culturelle », qui se décline en une sorte de politique publique dont le but poursuivi est essentiellement de proposer aux pays étrangers des spécificités des cultures nationales. 

Président, dans un tel monde de plus en plus digitalisé, quelle Diplomatie culturelle assoir pour permettre un partage de nos valeurs, acquis et atouts culturels sans la vitalité d’industries culturelles réelles, bien construites, la création de nouveaux espaces de dialogue, de nouveaux publics à l’international, et une bonne diffusion de la création culturelle de nos acteurs ?

Parmi ces valeurs, acquis et atouts culturels supra-cités, figurent nos langues nationales : comment les valoriser  davantage dans nos rapports avec l’extérieur si l’on sait qu’elles ont  une fonction d’enrichissement culturel dans leur dimension ambivalente : dans les valeurs de la communauté humaine qu’elles identifient, et par une certaine ouverture, dans celles des autres communautés qui pourraient les avoir en partage ?

Président, au-delà de sa capacité à séduire les partenaires étrangers d’un État, à flatter la fierté, servir la courtoisie, renforcer l’attractivité du pays par une impulsion de l’action culturelle et une propulsion de la création de ses acteurs culturels, la Diplomatie culturelle offre des possibilités de nouer des relations politiques fructueuses entre les peuples.Dans un monde de plus en plus interdépendant, elle sert de moyen d’inclusion sociale, de compréhension mutuelle, de connaissance de l’autre dans ce qui fait son identité culturelle. 

Il arrive que l’ État l’exerce par le biais d’accords intergouvernementaux (par exemple, la création du Louvre à Abou Dhabi le 06 mars 2007 entre la France et les Emirats arabes), d’actions coopératives entre l’Etat et d’autres forces mises en valeur, surtout dans le domaine de l’événementiel culturel (par exemple, le projet TEATROSKOP créé en 2012 qui cherche à identifie et multiplier les acteurs des échanges pour le spectacle vivant entre la France et l’Europe du Sud-Est en s’appuyant sur les Instituts français), de créations de réseaux d’institutions afin d’appuyer la promotion de sa culture et de sa langue à l’étranger (avec l’exemple du Goethe institut ou celui des Instituts français), de Conventions de coopération culturelle (comme le Sommet Culturel France – Allemagne du 24 mai 2011 à l’occasion du Forum eG8 tenu à Paris pour fournir des réflexions au G8 de Deauville du 26 au 27 mai 2011 consacré aux technos ; ce genre de Sommet culturel est fait pour régler des problèmes et organiser des actions croisées), etc. 

Président, pour toutes ces raisons, autant l’ État a le devoir de multiplier les initiatives allant dans le sens de créer des leviers culturels (contenants, contenus, etc.) en mesure de pactiser avec le secteur culturel international dans l’optique de promouvoir les données culturelles les plus représentatives de sa nation, autant il ne doit pas négliger la mise en place d’une politique de facilitation de la participation de ses acteurs culturels dans les événements phares de la vie culturelle africaine et mondiale, qu’ils soient à l’actif des gouvernements, du secteur privé ou relevant du partenariat public-privé.

En cela, nous tenons à saluer l’initiative de  État du Sénégal qui a créé plusieurs fonds en faveur de ses acteurs culturels pour le rayonnement de leurs œuvres au plan national, et sur l’international, parmi lesquels, le Fonds d’Appui à l’Édition d’un montant de 600 millions de FCFA, que nous gagnerions, pour plusieurs raisons, à transformer en Fonds de Promotion du Livre, de la Lecture et de l’Ecrivain. 

Président, comment consolider les acquis matériels et financiers du secteur de la Culture, en les renforçant, et en les démocratisant de manière à ce que les plus jeunes et les autresacteurs culturels des coins les plus reculés du Sénégal puissent en tirer profit à l’instar de l’élite qui, semble-il, accapare l’essentiel des efforts fournis par l’ État ?

Président, en vous réitérant nos souhaits de réussite dans votre mission régalienne à la tête de l’État du Sénégal, veuillez recevoir nos distinguées salutations. 

Tafsir Ndické DIEYE Poète – Romancier – Chroniqueur 

Directeur du Centre Socioculturel Moussa FAYE Thiadiaye – Sénégal 

PRIX DU LIVRE AFRICAIN FESTIVAL INTERNATIONAL DU LIVRE GABONAIS ET DES ARTS (FILIGA) EDITION 2023

Parrain du Festival « Palabres poétiques de Lyon » au Printemps des poètes en France.

Lauréat du Trophée d’honneur 2017 offert par le Consortium des Organisations pour la Solidarité Issue des Migrations (COSIM) AUVERGNE RHÔNE ALPES ALPES.

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