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Lettre ouverte à Diary Sow (Par Al Hassane Fall)

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Ma très chère Diary,
Excuse-moi, tout d’abord, d’employer une appellation si familière qui n’est d’usage, généralement, que pour les intimes. Si j’ose me permettre une telle familiarité, c’est simplement en raison de l’affection particulière que j’ai toujours nourrie pour toi, depuis que tu as été sacrée meilleure élève du Sénégal ; peut-être parce que j’ai une fille et je rêve, comme tout parent, qu’elle puisse avoir un parcours académique aussi élogieux que le tien.
Ce matin, en parcourant les journaux, je suis tombé sur un extrait remarquable de l’entretien que tu as bien voulu avoir avec Monsieur le ministre Serigne Mbaye THIAM, qui nous a fait l’honneur d’en partager la teneur avec tes très fidèles admirateurs.
Je dois dire, en parcourant ces extraits mémorables, que tu m’as encore conforté dans les suppositions que j’étais, certainement, en droit de me faire sur les motivations profondes de ta disparition ou de ton silence assourdissant.
J’ai été d’autant plus rassuré dans mes convictions lorsque, de prime abord, tu as su, courageusement, écarter la thèse de l’incapacité d’être à la hauteur de la rigueur de la Prépa ou d’une fugue, justement parce que cela ne sied pas, en vérité, aux personnes de ton rang: « fugue, dis-tu, un mot bien péjoratif pour une quête si profonde (…) ceux qui cherchent une explication rationnelle à mon acte seront déçues, puisqu’il y en a aucune… ».
Diary, je ne t’apprendrai pas que l’imagination humaine a horreur du vide et comme beaucoup préfèrent croire en rien que de ne rien croire, ils vont naturellement vouloir entrer, par effraction, dans l’intimité de l’enfant de Malicounda pour espérer voler le secret de sa disparition. Malheureusement, ils ne pourront que rentrer bredouille car tu demeures un génie et les génies ont ceci de particulier : on ne peut pas entrer chez eux si l’on ne connaît pas ce que Cornelius Castoriadis appelle les Carrefours du Labyrinthe. C’est pourquoi, je t’invite à toujours garder à l’esprit que les génies sont faits pour comprendre et non pour être compris.
Par ailleurs, je ne peux manquer de te prier du fond du cœur de pardonner à ceux qui ne te comprendraient pas parce que les hommes aiment certes la grandeur de l’excellence mais s’accommodent mal de l’étrangeté du génie, anticonformiste par vocation et qui n’a pour devoir que d’inventer son propre chemin, de marcher sur ses voies propres au risque de n’y rencontrer personne.
Je terminerai par te demander une faveur : tu as fini d’étaler ton talent de grand romancier mais, pour aussi forte que soit la tentation, n’écris jamais sur cette histoire comme tu sembles l’avoir promis, n’en parle même plus car cela ne fera qu’alimenter les rumeurs et créer un débat qui ne pourra, en aucune manière, t’enrichir d’un point de vue intellectuel. Poursuis ton chemin, même si un chemin est toujours destiné à être un chemin qui égare et rappelle-toi toujours ces mots de Fidel Castro : « condamnez-moi, peu importe, l’histoire m’absoudra » …
Au revoir petite sœur, que le Tout-puissant veille sur toi !

Al Hassane FALL
Administrateur civil
e-mail : [email protected]

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