Lettre ouverte à Monsieur le Président Macky Sall (Par Daha M. Ngaido)

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Monsieur le Président, cette lettre est ma modeste contribution pour jauger le problème du chômage que notre jeunesse subit aujourd’hui. Ce problème n’est pas une particularité propre au Sénégal, il touche toute l’Afrique et les pays du Sud en général.

Depuis l’affaire « Sonkogate » votre gouvernement s’est lancé dans une logique d’une tactique pour sortir du guêpier de chômage. Monsieur le Président il vous faut une stratégie pour une solution à long terme, mais pas une tactique pour un court terme. Résoudre le chômage ne se finance pas à coût de milliards. Qui va rembourser ces milliards? Certes, aucun gouvernement n’a le rôle d’offrir du travail à tous les jeunes, mais, il a le devoir de créer des conditions pour que les jeunes trouvent du travail chez eux pour vivre dignement.

Pour comprendre et mieux appréhender le problème du chômage, il faut poser une problématique pour ressortir des questions pertinentes pour identifier le problème. Le problème du chômage peut être analysé sous deux angles, d’abord sous l’angle sociodémographique, puis sous l’angle de la mondialisation.

 1. L’angle sociodémographique nous expose un problème qui est liée à nos cultures, à nos traditions et à nos religions. C’est un tabou d’en parler et un blasphème de vouloir changer cela. Le Sénégal est caractérisé par une extrême jeunesse de sa population, 55 % sont âgés de moins de 20. Dans quelques années ce pourcentage de la population va se projeter dans le marché du travail et joindre leurs ainés dans le chômage, ce cumul nous donne des chiffres astronomiques du chômage. C’est cette jeunesse qui constituait une bombe à retardement qui a explosé durant le « Sonkogate ». C’est cette jeunesse aussi qui constitue le canevas de recrutement des islamistes, et les contingents à l’émigration clandestine. Pour canaliser et encadrer cette jeunesse il est ultime de trouver une stratégie salutaire. Et comment ?

2.  L’angle de la mondialisation : depuis les années 1980 le Sénégal, à l’instar des pays du Sud, est soumis à des plans d’ajustement structurel (PAS). Cette théorie de développement du néo-libéralisme est venue avec dix commandements parmi lesquels le consensus de Washington a imposé aux africains, parmi tant d’autres mesures, l’ouverture de leurs marchés aux investisseurs capitalistes étrangers, mondialisation oblige. Depuis cette période, la vie de nos citoyens, surtout de notre jeunesse, est devenue de plus en plus précaire.

Monsieur le président, j’ai concocté humblement des propositions, que je vais vous soumettre, pour alléger la souffrance de la jeunesse sénégalaise.

  • Premièrement : Il faut identifier les potentiels employeurs, surtout les entreprises étrangères. Après ce récemment, imposer à tous les employeurs soit, un « Quota d’emploi » selon le capital de l’entreprise; soit, une forte « taxe pour le chômage ».
  • Deuxièmement : Ce serait une bonne chose de fusionner toutes les agences (par exemple DER/FJ, ANPEJ, 3FPT) en une superagence  placée sous la tutelle du ministère des finances qui sera capable de recueillir les données sociodémographiques du chômage au niveau national.
  • Troisièmement : Monsieur le président, il est impératif de contrôler nos ressources minières et surtout halieutiques. Tous les yeux impérialistes sont braqués sur nos ressources naturelles. Ils ont inventé le « développement durable » sans en respecter les règles. Après ce constat, il faut réviser et renégocier les contrats d’exploitation et les confier aux plus offrants, (moitié /moitié ou pas moins de 40% en plus les taxes, c’est selon).
  • Quatrièmement : Les milliards pour l’emploi des jeunes, il faut les réorienter vers l’agriculture dans les terres fertiles du fouta en aménageant la vallée du fleuve Sénégal. L’industrialisation occidentale a commencé avec l’agriculture qui fournit des matières premières vouées à la transformation industrielle. Le fouta possède la terre, l’eau et le soleil, ces trois éléments sont indispensables à  une agriculture intensive.
  • Cinquièmement : La restructuration des banques est nécessaire à mon avis. Les banques doivent pouvoir jouer un rôle pour la création d’emplois. Les banques doivent faire des prêts pour la création de petites et moyennes entreprises pour le privé, et l’État doit être le garant de ces prêts. Ainsi, les jeunes porteurs d’idées peuvent se tourner vers les banques.
  • Sixièmement : Monsieur le président, vous pouvez convoquer un forum de la diaspora à Dakar et  inviter nos compatriotes vivant à l’étranger à venir participer au forum pour trouver des solutions à la réduction du chômage en les invitant d’investir au Sénégal.

Monsieur le président, lors de vos voyages au Canada entre 2016 et 2018, je vous ai passé des notes portant sur tous les points cités plus haut dont certains sont traités en détails dans mon livre « Émigrés, leviers dormants du développement », 2013, Éditons Mélibée, Toulouse, France. 

  • Septièmement : Au niveau de l’administration, la diminution des dépenses de l’État vient au moment opportun. Certains privilèges tels que la dotation du carburant, les factures de téléphone, d’électricité et d’eau doivent être à la charge du fonctionnaire. Quelqu’un qui est payé par le contribuable doit avoir les moyens de payer son carburant et ses factures.

Monsieur le président , je ne terminerai pas sans parler du virus de la covid-19, la pandémie à terrassé toutes les économies mondiales, surtout celles des puissances occidentales. Au tout début de la pandémie les occidentaux avaient lancé à l’endroit de l’Afrique cette phrase : « L’Afrique va pleurer! ». Ce message était de nous préparer psychologiquement à leurs demander du secours massif, seul moyen de nous soutirer nos ressources. Mais, le Dieu en a décidé autrement. L’Afrique est de loin moins touchée que l’Occident, c’est une occasion de relancer et de diversifier les partenaires, les pousser à la concurrence pour accéder à nos ressources. Et, à chaque occasion des négociations mettre en avant notre jeunesse et l’intérêt supérieur du Sénégal. Ils ont la technologie qu’ils gardent jalousement sans partage, alors gardons jalousement nos richesses.

Ramadan Mubarack Monsieur le président.

Daha M. Ngaido

Écrivain,

Diplômé en développement international à

l’Université de Québec en Outaouais, UQO.

Étudiant  2e cycle, Diplomatie et les métiers de l’international à

École Nationale d’Administration Publique, (ENAP), Québec.

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