Le contentieux entre l’Etat du Sénégal et le village de Cambérène, provoqué par l’implantation de la station d’épuration risque d’être fatal au régime libéral qui, par la voix du président de la République, avait déprécié le poids électoral de la communauté layène. A quelques encablures de 2012, Cambérène très remonté contre ce jugement du chef de l’Etat compte bien démentir ces propos d’Abdoulaye Wade.
Ce dimanche, une conférence de presse dans le cadre de fournir des arguments scientifiques et techniques pour la délocalisation de la STEP, a réuni le comité d’initiative pour la défense de l’environnement, le maire de la commune d’arrondissement, le représentant des délégués de quartiers, l’imam, des autorités et habitants de la localité. En effet, après avoir démontré sur le plan scientifique et technique que Cambérène n’est pas le lieu approprié pour abriter la station d’épuration des eaux usées, la communauté layène qui précise que cette lutte n’est pas « politique ou confrérique », n’enchante pas la « déconsidération » du président de la République à leur encontre.
Pour les cambérènois, ces propos sont « indignes » d’un président de la République. Une méthode de déstabilisation de leur combat car « après de vaines tentatives, l’Etat avait récupéré des jeunes pour leur faire tenir un langage contraire à celui des habitants », indique Libasse Sylla du comité d’initiative qui informe que les jeunes du Mouvement pour le Développement de Cambérène (MDC) ont fini par faire leur mea culpa et adhérer au comité.
Mésestimer leur poids électoral relève de l’ignorance selon les habitants de Cambérène qui soutiennent que les appels drainent des foules comme Touba et Tivaouane. Seulement « nous ne faisons pas beaucoup de bruit », disent-t-ils. Toutefois, « qui gagne Dakar, gagnera la présidentielle et nous n’élirons jamais un candidat qui ne respecte pas les layènes », rétorquent-ils.
Le président de l’ASC Yarakh, localité qui connait les mêmes problèmes environnementaux que Cambérène a aussi pris part à cette conférence. Tout en disqualifiant l’ONAS dans le règlement des problèmes environnementaux, Mbacké Seck qualifie cette société d’assainissement à un « assassin ». « Nous vaincrons ceux qui sont là et on va les mettre dehors », prophétise-t-il.
L’imam Babacar Hanne a lui aussi laissé entendre qu’ « on n’acceptera jamais le manque de respect envers les populations de Cambérène qui est la capitale des layènes où se repose le prophète ». L’imam n’a pas manqué de prédire un danger qui guette le Sénégal sous peu, « si on ne se dit pas la vérité », dit-il, car « le Sénégal n’est la propriété de personne », tonne-t-il.
Mamadou Sakhir Ndiaye
pressafrik.com