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Leymah Gbowee, Abigail Disney et Deepak Choprah : Lorsque le berceau de la Paix repose chez soi

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Le 16 Novembre 2011 dernier, eut lieu au Deepak Choprah Homebase  de New York  un débat entre Leymah Gbowee, l’une des trois récipiendaires du Prix Nobel de la Paix de cette année, la Cinéaste Américaine Abigail Disney et DeepaK. Un indescriptible sentiment de paix surplombait la pièce tandis que la Libériane s’entretenait avec l’audience de ce qui avait motivé des milliers de femmes à mener une lutte contre la guerre de son pays.

 

Pour avoir écrit « Nous Sommes Coupables », l’un des livres les plus controversés publiés cette année, des histoires comme celle de Leymah Gbowee ne font que contribuer à soutenir la fondation de ma thèse. Lorsque j’écrivais  « Nous Sommes Coupables » entre 2001 et 2004, une énorme question avait  fait vaciller mes sourcils : Comment les femmes Africaines se sont-elles jusque-là impliquées dans les processus de paix de nos pays ? Quelle a été notre part de responsabilité dans l’avènement des guerres ? De quelle façon avons-nous participé dans la destruction ainsi que la mal-gérance des pays d’Afrique et surtout dans le recul des pays en voie de développement ? En Tout et pour tout si nous n’avons rien fait d’autre à part être les perpétuelles victimes de nos dirigeants, ne sommes-nous pas coupables quelque part pour ne pas faire face à nos politiciens afin de les amener à se porter garants de leurs bévues ?

Ce concept est souvent très difficile à mastiquer particulièrement par les féministes et activistes œuvrant pour le bienfait de la femme. Quelques semaines après que le livre fut publié cet Avril dernier dans l’Etat de Michigan, je m’entretenais du sujet en compagnie d’une de mes connaissances activistes dont le travail est basé sur la lutte contre  la violence envers les femmes à travers le monde et l’éducation des jeunes filles qui, croit-elle fermement, tiennent le flambeau du futur du monde. Tandis que j’expliquais à mon interlocutrice les points que j’ai évoqués dans mon livre, je remarquais la lourdeur de l’air qui nous entourait de même que l’étroitesse de la petite distance qui séparait nos deux visages. Elle était avec son assistant et plus que la force qui émanait de la somptueuse présence de cette femme, c’est le sentiment d’agacement de ce dernier en l’esprit du chapelet de mots qui sortaient de ma bouche qui mit fin à notre conversation.  Cette femme qui a aussi reçu il ya quelques mois un honorable prix pour son travail  dans les pays comme l’Afghanistan, la Bosnie et l’Afrique du Sud m’a expliqué que la femme ne peut jamais être portée responsable pour des calamités d’ordre politiques. « Comment peux-tu même jamais penser à les blâmer ? Les Femmes des pays en voie de développement sont pauvres, non-éduquées, abandonnées, abusées, vandalisées. Même lorsque leurs époux sont riches et puissants  elles sont toujours sans voix et sans pouvoirs. »

Ai-je mentionné que c’est là une femme que j’admire énormément, ai lu la majeure partie de ses livres et aime converser avec elle chaque fois que je la rencontre dans mon domaine de travail ? Gelée par la rouge ligne imaginaire qui s’était tracée sur le sable de notre passion commune, celle de défendre les femmes, nous avions ainsi jugé meilleur de laisser la discussion se sécher au soleil comme le clichi du Niger car nous semblions d’un commun accord plus intéressées par le respect mutuel et la paix qui avait toujours su se faire valoir dans nos relations. Je me suis laissé bercer par la conviction selon laquelle lorsque mon livre verra sa traduction anglaise, elle pourra enfin le lire et se rendra comte que loin de blâmer les femmes, moi je leur tends une gerbe de fleurs et les encourage juste à mieux se regarder en face. Loin d’être leur persécutrice, je suis leur avocate car je crois fermement qu’il ne peut jamais y avoir de grand développement à long terme sans l’avènement d’une paix durable. Or il n’y aura jamais de processus de paix solide si les femmes ne sont pas impliquées et invitées à la table des négociations. Cette participation commence au quotidien à travers leurs actions de tous les jours.

Qu’importe où nous sommes sur ce globe, nous partageons toutes un objectif commun : la nécessité de voir des changements s ’opérer. Mais ce changement n’aura jamais lieu si nous ne prenons pas l’initiative, nous les citoyens, de les implémenter au sein de nos concessions à travers la façon dont nous menons chaque pas, chaque étape de nos vies et surtout nous les femmes dans la minutie de la façon dont nous élevons nos enfants.  Nous ne pouvons plus nous permettre de continuer de faire des choix basés sur  une perpétuelle ignorance, un manque de confiance en soi battant foudroyé d’une pandémique inconscience  pour ensuite espérer que nos dirigeants nous pourvoient de soins de santé maternelle décents,  nous construisent des écoles et universités performantes en dessinant et votant pour nous des lois publiques sensées nous soutenir dans nos vies de tous les jours . Ce que nous voulons pour nous-mêmes, pensons que nous méritons pour nos enfants, nos familles et nos communautés, est ce que nous commençons à bâtir d’abord en nous puis dans nos foyers avant de le revendiquer de nos leaders politiques ainsi que de nos gouvernements.

Ceci est plus ou moins la façon dont j’ai pu expliquer en Novembre 2010 l’essence de mon livre à une graphiste américaine à qui l’on m’avait présentée afin qu’elle m’en conceptualisât la couverture. Pendant qu’elle écoutait patiemment mes explications, je lui appuyais quelques exemples :

« Quand les hommes reviennent de la guerre par exemple, qui les reçoit? Nous les femmes.  C’est nous qui courrons vers eux. C’est nous qui composons des chansons pour louer leur bravoure. C’est nous qui leur offrons l’eau qui rafraîchit. C’est nous qui leur offrons la génuflexion pour ponctuer notre respect et gratitude. Mais surtout que faisons-nous ensuite ? Nous fermons les portes derrière nous et les acceptons dans notre intimité. Quel message leur lançons-nous ? Nous les remercions de cette façon d’avoir tué l’enfant d’une autre femme. »

C’est alors que la graphiste sursauta. Du coup elle alluma son ordinateur et me montra un documentaire titré « Pray the devil back to hell » réalisé par Abigail Disney.

« Regarde me dit-elle, ce film a reçu un prix récemment parce que des femmes au Libéria ont fait exactement ce que tu viens de dire. Elles ont protesté contre le gouvernement de Charles taylor et ont fait un sitting pendant des mois pour que la guerre cesse car elles en avaient marre de voir leurs enfants tuer et se faire décimer. »

Je m’en voyais moi-même bouche-bée.

Exactement un an après cet entretien, la jeune femme à la tête de cette révolution, Leymah Gbowee reçut le prix Nobel de la Paix et je me retrouvais dans la salle à New York alors qu’elle expliquait pourquoi elles avaient entamé leur mouvement de lutte contre la guerre au Libéria. Comme Deepak Choprah, le modérateur de circonstance  l’a lui-même renchéri, Hollywood nous a tous pendant trop de décennies promu le romanticisme, l’idée ou le concept de guerre. Pendant trop de siècles les hommes ont tué, ravagé, lutté violé et détruit des territoires entiers , des régions entières, et cela a été comme une boule de neige qui a tourné avec l’histoire du monde. Il est enfin temps que le monde apprenne la culture de la raison et de la sagesse. Pour que le monde évolue, une nouvelle culture doit naître puis  être implémentée. C’est la culture de la paix. Cette culture ne pourra s’épandre qu’avec l’aide des femmes comme Leymah Gbowee, Ellen Johnson Sirleaf et Tawwakul Karman, les trois figures qui ont décroché le prix Nobel de la Paix cette année. Ces femmes sont les Ghandis, les Martin Luther King de notre millénaire. Elles sont là pour nous montrer la voie afin que nous puissions chacune d’entre nous où que nous puissions être sur cette planète, d’abord en nous puis au sein de nos concessions, «  être le changement que nous voulons voir autour de nous ».

Pendant que la plupart de nos pays respectifs se pavanent aux urnes , à la veille des élections, j’exhorte chaque femme à réfléchir intensément à ses convictions, aspirations pour elle-même, ses rêves pour ses enfants et pour sa communauté. J’invite chacune de mes consoeurs à  méditer par rapport à ses normes, ses vertus et projections pour ensuite offrir son vote au candidat qui reflète le plus les valeurs qui nous appartiennent. Il est impératif qu’en masse nous nous dégageons de cette lourde poussière qui nous rend coupables pour enfin prendre part aux étapes qui feront de nous les responsables que nous sommes de nos communautés respectives .

Woré Ndiaye Kandji

Auteur de « Nous Sommes Coupables »

Paru aux Editions Phoenix, Phoenix press International

www .worendiayekandji .com

 

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