N’ayons pas peur des mots, car dire les mots tels qu’ils sont, peuvent lever des voiles sur certains incompréhensions et maux de la société. Pour pouvoir comprendre cette petite introduction, essayons de faire une analyse entre la pudeur et la religion mais également entre la sexualité et la culture.
1) – La pudeur et la religion
Tout le monde est d’accord que chaque religion a son caractère moral. Tout le monde est également d’accord qu’aucun croyant ne se rendra dans un lieu de culte en étant complètement nu. Ce ne serait ni à la mosquée, ni à l’église, ni à la synagogue parce ce que tout simplement la pudeur fait partie intrinsèque de la religion.
La pudeur est ce qui nous oblige à rester dans l’honorabilité tout en nous interdisant des dérives à caractère physique, moral et verbal. De ce fait, la pudeur peut être considérée comme une barrière entre ce qui est privé et ce qui est public. Et cette barrière est encore plus valable en public qu’en privé car ce qui est fait en public subit le jugement des hommes tandis que ce qui est fait en privé relève uniquement du jugement de l’Œil Invisible qui à la fois, voit ce qui est caché et apparent.
2) – La sexualité et la culture
La sexualité quant à elle, a depuis la nuit des temps, été ce sujet le plus tabou de la société et pourtant elle fait partie de la vie de tous les hommes de la terre. Car à travers la procréation, la sexualité nous permet de peupler le monde et ainsi perpétuer notre espèce humaine.
De la même manière la sexualité tout comme la religion font partie intrinsèque de la société, de cette même manière la culture occupe une place prépondérante dans la vie de l’humain puisque étant cet ensemble de signes distinctifs qui permet à l’humain d’avoir des repères dans sa conduite au sein de la société. Et c’est aussi à partir de ces signes distinctifs que chaque peuple s’est forgé des codes permettant aux communautés de pourvoir s’identifier les unes les autres.
Donc, toute la beauté du monde réside dans cette différence culturelle, cette multiple de cultures qui fait qu’aucune culture ne peut se prévaloir supérieure aux autres cultures.
C’est pourquoi j’ai été frappée par cette citation de Wade Davis que j’avais lue pour la première fois aux USA sur un tableau accroché dans une cuisine. La c itation disait ceci : “Le monde dans lequel vous êtes né n’est qu’un modèle de société. Mais les autres cultures ne sont pas des tentatives ratées d’être vous ; ce sont des manifestations uniques de l’esprit humain“.
Alors ! Que serait l’humanité sans cette différence culturelle ?
Il faut que nous acceptions nos différences pour pouvoir vivre en paix dans ce monde qui est devenu si complexe et violent à la fois parce que tout simplement les limites ont été dépassées. Et pour pouvoir vivre en harmonie dans une communauté, il faut aussi que nous sachions mettre des limites aux considérations individualistes et aux penchants personnels non conformes aux codes et signes distinctifs de la communauté.
Comme dit l’adage : “Ta liberté s’arrête là où commence celle de l’autre.”
Pour ma part, j’ai utilisé la pudeur, la religion, la sexualité et la culture comme argumentaire dans le contexte de l’homosexualité au Sénégal pour simplement dire ceci : La société sénégalaise dans sa majorité n’a pas peur de l’homosexualité. Elle veut tout simplement se mettre un garde-fou lui permettant de préserver ce qu’elle a déjà comme acquis et qui fait son identité propre : c’est-à-dire sa Foi et sa Culture.
La problématique de l’homosexualité au Sénégal est avant tout une question de gènes autrement dit d’ADN culturel. Il faut que l’on analyse la manière dont la société dans sa grande majorité appréhende la pudeur, la sexualité, la religion, car ce qui est valable en privé ne saurait être valable en public même s’il y’a toujours des dérapages car aucune société n’est parfaite.
Si d’autres cultures ont légalisé le mariage pour tous, si d’autres cultures acceptent que des hommes se marient entre eux, ou que le concubinage peut exister entre deux femmes, c’est tout à faire normal de leur concéder cette liberté puisque leur environnement leur permet OUVERTEMENT cela. Si la gay pride est autorisé dans certaines villes du monde, c’est parce que tout simplement les co-habitants leur ont donné ce droit. Si dans certaines villes européennes, la prostitution peut s’afficher sur des vitrines des maisons closes c’est parque tout simplement leurs LÉGISLATIONS leur permettent cette marchandisation. Donc, tant que tout cela est acceptable dans la sphère où l’on vit, franchement il n’y a rien à dire la dessus.
Mais il faut que nous acceptions également que ce qui est valable dans certaines cultures ou d’autres sphères, ne saurait être accepté dans d’autres environnements culturels. Même si Aujourd’hui, la mondialisation s’est permise ce droit de vouloir imposer son modèle sans tenir compte des valeurs culturelles, morales et même économiques des uns et des autres. La preuve, certaines sociétés ont complètement perdu leur mode d’alimentation ancestral au détriment des produits manufacturés et importés d’ailleurs. Maintenant, la question est de savoir si ce qui est permis pour l’alimentation doit être valable pour la culture et la morale ?
Comme je l’ai dit un peu plus haut, je pense que la pudeur voudrait que l’on n’exhibe pas tout devant l’autre.
Il faut aussi retenir ceci, nous sommes obligés et condamnés à vivre ensemble sur cette planète. Mais sommes-nous obligés d’être tous du même bord culturel, philosophique, moral, et même économique? Pour ma part, je n’y crois pas.
Je préfère laisser l’autre faire ce qu’il veut car c’est son droit le plus absolu mais qu’il n’oublie surtout pas que la liberté n’est pas absolue car la pudeur sera toujours là pour lui rappeler cette barrière fondamentale dans toute relation humaine. Mais l’homme a toujours considéré que la liberté est illimitée alors que c’est complètement faux. Si c’était le cas, on aurait pas créé des lois pour réguler la conduite sociétale.
Même si l’homosexualité existe au Sénégal, car selon les dires ça existe bel et bien, mais c’est notre Culture et notre Foi qui nous interdisent de l’exposer. C’est pourquoi la société dans sa majorité est prête à en découdre avec qui que ce soit voudrait remettre en cause les valeurs communes. Sinon, quel sera l’héritage culturel du Sénégal de demain?
C’est pourquoi j’ai également aimé cette autre citation de Wade Davis qui dit ceci : “Une culture survit lorsqu’elle a suffisamment confiance en son passé et suffisamment de parole en son avenir pour maintenir son esprit et son essence à travers tous les changements qu’elle subira inévitablement“.
Oh que Oui ! Nous savons tous que la société entière est entrain de subir une transformation profonde. Ce qui n’était pas permissif hier l’est aujourd’hui. Surtout avec internet, la pudeur a reçu une grosse claque en pleine figure. La preuve des millions de scènes de corps nus foisonnent les écrans sans aucune sorte de barrière entre la liberté et la pudeur. Mais est-ce une raison valable de baisser la garde devant tant d’exhibitionnisme?
Regardez comment en Europe la tenue vestimentaire a pris une tournure extraordinaire! De la majestueuse robe de la Reine Victoria avec le corset ceinturé autour de la taille et la poitrine, en passant par la classique jupe trois-quart de Madame Coco Chanel et aujourd’hui au 21eme siècle avec ce nouveau type de pantalon (legging) moulant et épousant complètement les fesses parfois bombées et échancrées à outrance par des pratiques chirurgicales dans l’unique but d’être mises en évidence pour épouser les contours les plus intimes de la femme. Est-ce que ce changement de code vestimentaire est un moyen de libérer la femme ? Tout le monde est libre de ses réponses et ses interprétations sur la question.
Et nous savons tous également que quelque part dans ce monde existe aussi des hommes et des femmes qui vivent complètement nus. D’autres sont nés dedans parce que c’est leur culture, d’autres les ont adopté par esprit philosophique et style de vie. On les appelle les naturistes.
Mais est-ce une raison de vouloir imposer à la majorité les mœurs d’ailleurs?
Donc c’est pour dire que la société sénégalaise sait que tout cela existe ailleurs.
Tout comme le monde LGBT utilise son propre agenda pour défendre ses droits, le monde conservateur a également le devoir de préserver ses acquis culturels.
Il faut que nous acceptions une chose, le monde LGBT est libre de faire ce qu’il veut mais que cela soit en conformité avec les codes et valeurs de la société dans lequel il vit. Même si l’homosexualité existe au Sénégal, il est impensable aujourd’hui qu’elle soit exhibée aux yeux de la société car tout simplement notre ADN culturel par pudeur leur refuse cette liberté.
Ce qui est certain, deux choses fondamentales ont dominé ce monde. C’est le sexe et l’argent. Et toutes les déviations de la société tournent autour de ces sujets. Mais que serait également le monde sans la préservation de l’identité culturelle?
Réfléchissons sur cette citation de Wade Davis cet ethnobotaniste et anthropologue qui dit ceci : “Et aucune description d’un peuple ne peut être complète sans référence au caractère de sa patrie, à la matrice écologique et géographique dans laquelle il a décidé de vivre son destin. Tout comme un paysage définit le caractère, la culture naît d’un esprit de lieu“.
Donc, il ne s’agit pas ici de remettre en cause ou de polémiquer sur les opinions et avis des guides religieux et pouvoirs politiques et administratifs sur la question mais plutôt que chaque citoyen sénégalais réfléchisse sur la question tout en tenant compte du droit et devoir de tout un chacun en centrant la référence culturelle dans le débat.
* Mareme KANTE
Plume de Citoyenne
Bravi pour votre article, il est tres instructif et appelle les hommes a utiliser leurs cerveaux avant de s’exprimer ou d’agir. Cela manque beaucoup au senegal aujourd’hui ou on asssiste a une certe forme de nationalisme exentrique base sur des valeurs peu endogenes mais plus exogenes.