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Licenciement en série à la résidence de l’Ambassadeur d’Arabie Saoudite au Sénégal : Des victimes dénoncent une «violation» du Code du travail

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Des femmes de ménage et un jardinier de la résidence de l’Ambassade d’Arabie Saoudite au Sénégal ont été licenciés par le nouvel ambassadeur son Excellence Abdoul Aziz Mohamed Al Haïfan. Les victimes qui ont fait le déplacement au journal Le Quotidien ont brandi des Cdi et ont promis de traîner le diplomate arabe devant le Tribunal.

L’Ambassade de l’Arabie Saou­dite au Sénégal se sépare de ses employés embauchés et jugés «encombrants», sans aucun préavis encore moins des droits. Depuis deux mois maintenant, le nouvel homme fort de la Chancel­lerie, en l’occurrence Abdel Aziz Mohamed Al Aifan «déchire» des Contrats à durée indéterminée (Cdi) de travail, signés par son prédécesseur sous le prétexte qu’il ne «veut plus voir» des femmes de ménage «incompétentes» et un jardinier «vieillissant». Ces derniers sont depuis, plongés dans un état dépressif, au point d’alerter les médias.

Quelques uns d’entre eux ont en effet joint Le Quotidien, pour dénoncer ces «licenciements abusifs déguisés» qui ne sont fondés sur une aucune «base légale». Brandissant leur Cdi, dûment signé par l’ancien Ambassadeur et qui leur a permis de contracter des prêts bancaires pour certains, ces employés n’en réclament pas moins justice d’autant plus qu’aucune indemnité ne leur a été encore versée. Pis encore, aucune notification officielle de licenciement ne leur a été faite. Et pourtant, témoignent ces femmes de ménage, qui ont été reçues dans nos locaux : «Nous travaillons depuis 5 ans à la résidence de l’Am­bas­sa­de d’A­rabie Saoudite. Nous n’avons ja­mais eu de problèmes, jusqu’à l’arrivée de son Excellence Abdel Aziz Mohamed Al Aifan. De­puis qu’il est là, il n’a cessé de nous créer des problèmes lui et son épouse, qui nous a exprimé clairement son souhait de se débarrasser de nous.»

«J’ai fait une fausse couche à cause du travail difficile»
Pour elles, les licenciements sont faits de façon très «irrespectueuse» à leur endroit. L’une d’elle s’est vue licenciée, parce que son mari est cuisinier dans la résidence. Et comme le «couple diplomatique» ne veut pas d’un autre «couple d’employés» dans la résidence, la femme est invitée à aller chercher ailleurs, selon elle, en attendant qu’elle reçoive sa lettre de licenciement ainsi que ses droits. Mais le sort d’une autre employée est plus surréaliste. Le récit de son licenciement est quasi burlesque. Elle raconte : «J’étais malade parce qu’enceinte. A cause des tâches difficiles auxquelles nous étions soumises 7 jours sur 7 et de 8 heures à 20 heures, j’ai fait une fausse couche. Après quelques jours de repos, matérialisés par un certificat médical (des documents qu’elle a brandis), je suis venue repren­dre mon travail. Mais à ma grande surprise, on m’a signifié que je suis indésirable à la résidence. Pas de lettre de licenciement encore moins d’explications rationnelles. Pis encore, les gardiens m’interdisent l’accès, ne serait-ce que, pour que je vois l’Ambassadeur en personne, afin de savoir les raisons de cette décision extrême.»
Les larmes aux yeux, ces victimes de licenciement disent ne pas rester les bras croisés. Des conseils sont engagés pour défendre leur cause et l’un des avocats est formel : «Je me suis déplacé jusqu’à la résidence de l’Ambassade d’Arabie Saoudite avec un huissier de justice, pour constater le refus de laisser notre cliente reprendre son travail. Les vigiles ont effectivement reçu l’ordre de ne pas laisser notre cliente franchir le portail, alors qu’elle n’a pas encore reçu une notification de licenciement. Ils lui ont demandée de quitter les lieux et elle n’a même pas reçu son salaire de novembre.» L’avocat qui a reçu Le Quotidien dans son cabinet se dit étonné d’une telle mesure aussi «arbitraire», qui ne «repose sur rien».
Ayant déjà saisi l’Inspection du travail pour arbitrage, l’avocat se dit déterminé à aller jusqu’au bout de cette affaire, qui est bien partie pour figurer dans les annales des «bourdes diplomatiques». «Je n’ai jamais vu pareilles choses !», s’indigne-t-il encore, tout en invitant l’Ambassadeur Al Aifan de reconsidérer sa décision.

Réaction du chef du personnel de l’Ambassade : «Les licenciements ont suivi une procédure normale»

Par A. FALL

Khaled El Zeed, chef du personnel de l’Ambassade d’Arabie Saoudite au Sénégal semble surpris par la visite du journal Le Quotidien dans les locaux de la Chancellerie, quand le chef de la sécurité lui a fait part de notre présence. Il a fallu plus d’une heure d’attente, pour qu’il nous accorde une «petite interview», au cours de laquelle, il s’est emmêlé les pinceaux, pour dire le moins. D’abord, El Zeed a foncièrement démenti l’existence de Contrats à durée indéterminé (Cdi) au bénéfice des employés licenciés avant de revenir pour reconnaître que ces Cdi, c’était juste pour leur permettre d’avoir des prêts bancaires.
Réagissant en langue arabe, traduite par un tiers, El Zeed indique à propos des licenciements, que son Excellence Abdel Aziz Mohamed Al Aifan n’est pas satisfait des services des employés remerciés, raison pour laquelle, il s’est séparé d’eux. Pour lui d’ailleurs, «ces licenciements ont suivi une procédure normale», alors qu’aucune notification officielle de licenciement n’est parvenue aux victimes encore moins leur salaire du mois de novembre. Très hésitant dans ses réponses, M. El Zeed s’est voulu par moments dogmatique : «C’est comme ça, que nous fonctionnons ici !»

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