Un aménagement territorial équilibré, équitable, respectueux de l’environnement, favorisant le développement d’activités économiques, un cadre de vie accueillant, une implantation d’infrastructures sociales et culturelles est de nature à rééquilibrer au profit des campagnes les avantages de nos villes.
Malgré les multiples problèmes que les populations rencontrent dans nos villes, elles demeurent attrayantes pour les populations rurales. Celles qui y habitent ont peu de réelles opportunités de les quitter pour aller s’installer dans les villages.
Les programmes publics et privés de construction de logements s’adressent essentiellement aux habitants des villes ayant une activité rémunérée et accessoirement aux Sénégalais de la Diaspora.
Il y a une véritable inégalité et un net déséquilibre des politiques publiques entre les villes et les villages.
Il n’y a pas de politique publique d’aménagement des villages, de création de conditions économiques, sociales, culturelles favorables au maintien des populations rurales dans les villages et de leur attractivité.
Nos villages sont souvent pauvres en tout. Ils y a peu de villages structurés. Beaucoup de villages sont complètement informes, sans identité propre.
Ils sont encore nombreux les villages pauvres avec des paillotes sommaires, non électrifiés, sans eau potable, sans Internet, sans infrastructures sanitaires et de formation.
La transformation du pays passera impérativement par le programme de modernisation de mille (1000) villages sur les quinze mille (15 000) villages que compte le Sénégal.
Ce programme impliquera les architectes Sénégalais, les urbanistes, les environnementalistes, les paysagistes, les agroforestiers, etc.
Chaque village modernisé pourra avoir :
- l’eau potable, l’accès à l’eau pour l’agriculture, l’élevage et l’aquaculture ;
- l’énergie électrique filaire ou via les énergies renouvelables ;
- l’Internet haut débit ;
- le soutien à la construction des maisons avec un choix architectural consensuel et en adéquation avec le patrimoine architectural du terroir ;
- le lotissement, l’éclairage public;
- une école;
- une médiathèque ;
- un centre de santé et une maternité ;
- un marché et un espace commercial ;
- un espace d’activités artisanales, d’accueil de PME et de PMI;
- un espace agricole, d’élevage et d’aquaculture ;
- une mosquée pour les populations musulmanes et une église pour les populations chrétiennes;
- des aires de jeux, de sport et d’éducation physique ;
- le reboisement du village ;
- une forêt villageoise ;
- le désenclavement routier du village vers la route bitumée la plus proche.
Cette modernisation centrée sur les activités économiques des villageois offrira aux habitants un cadre de vie agréable avec beaucoup de facilités qui ne se trouvent qu’en ville.
Le gap ville-village, de meilleures conditions de vie, va ainsi se réduire considérablement.
La modernisation des villages sera un pas important dans la construction de l’équité territoriale indispensable à la cohésion nationale et au sentiment de la prise en charge effective de l’appartenance de chaque Sénégalais au pays.
Dakar, mardi 28 novembre 2023
Prof Mary Teuw Niane
Moderniser nos villages? Nos villes ne le sont même pas. Même Dakar ne représente une ville moderne que par ces bâtiments. Une ville moderne qui n’a même pas un système d »assainissement suffisant. Une ville moderne qui n’a aucun système de traitement ou de recyclage des déchets solides. Une ville moderne qui ne sait même pas traiter ses déchets biomédicaux. Une ville moderne où l’accès au système de santé est encore insuffisant. Aucune ville du Sénégal ne possède sa propre société de transport en commun (Paris, Montréal, Québec, Londres ect ont leur propre société de transport de leurs usagers). Une ville moderne où les clandos et calèches font partie du système de transport des personnes et des marchandises. Une ville moderne où les rues sont ensablées si elles ne sont pas inondées pour quelques millimètres de pluie. Alors travaillons d’abord pour le plus simple et accessible avant de penser au compliqué.