D’aucuns diront qu’il est audacieux, mais lui l’accepte. Le professeur de philosophie Souleymane Bachir Diagne a osé développer dans son livre, qu’il a présenté hier dans une librairie de la place, comment philosopher en Islam. Un titre provoquant, selon l’auteur… Par Astou Winnie BEYE
Comment philosopher en Islam. L’auteur de cet ouvrage, en l’occurrence Souleymane Bachir Diagne, se veut rassurant, de prime abord, histoire de ne pas choquer les plus fanatiques. En effet, il a dit hier, au cours de la présentation de son livre dans le cadre de la réédition de celui-ci par les éditions «Phoenix» et de sa distribution au Sénégal, dans une librairie de la place, qu’effectivement, «le titre choisi est volontairement provoquant» certes, mais il n’y a rien de blasphématoire dans le contenu. Bref, si M. Diagne devrait résumer la thèse du livre en une phrase, il dirait que «le livre veut montrer qu’on philosophe en Islam comme on philosophe au fond dans le monde entier». «C’est dire, à l’en croire, qu’il n’y a aucune spécificité dans ce point de vue là, le questionnement philosophique demeure le même, l’exigence humaine d’intelligibilité demeure la même et c’est ce qui est au fondement de la démarche philosophique, qu’il s’agisse du monde de l’Islam, du monde indien, etc.»
Mais est-ce que l’Islam a réellement besoin de la philosophie ? Est-ce permis de philosopher en Islam ? L’auteur de Comment philosopher en Islam dira «oui !» sans broncher. Il s’explique : «L’histoire répond oui. Car, il n’y a rien dans la pensée islamique qui s’oppose au cheminement philosophique.» Puis, rajoute-t-il : «Il y a une capacité de transformation très forte qui est la capacité de transformation que comporte le questionnement philosophique. L’idée que la certitude doit s’établir sur des bases fermement établies et que ces bases seront fermement établies précisément, parce qu’elles auront subi l’épreuve du questionnement philosophique, du questionnement radical qui est celui de la philosophie, c’est que toute entreprise ou expérience humaine déclarant se fonder sur la certitude comme les religions le font, a précisément besoin de ce questionnement philosophique qui est un questionnement. Parce qu’il met à l’épreuve les fondations, d’une certaine façon contribue à les rétablir».
Mais attention, il y a un paradoxe, avertit le philosophe écrivain : «C’est qu’il faut probablement pour mieux établir les fondations de la certitude faire bouger ces fondations, les éprouver et prouver leur solidité et je peux dire que c’est ce que fait le questionnement philosophique.»
En définitive, pour terminer en beauté, Souleymane Bachir Diagne, qui est chargé de coordonner présentement un livre sur le temps et, plus tard, un autre sur la notion de traduction, confie ceci : «Il faut douter pour examiner. Et, au terme de la démarche qui va du doute à l’examen, établir la certitude. Telle est la démarche par excellence de la philosophie.»
Stagiaire
lequotidien.sn
Je trouve la réflexion est très intéressante. J’ai essayé de comprendre ce passage en vain. Quelqu’un pourrait-il me l’expliquer?
«Il y a une capacité de transformation très forte qui est la capacité de transformation que comporte le questionnement philosophique. L’idée que la certitude doit s’établir sur des bases fermement établies et que ces bases seront fermement établies précisément, parce qu’elles auront subi l’épreuve du questionnement philosophique, du questionnement radical qui est celui de la philosophie, c’est que toute entreprise ou expérience humaine déclarant se fonder sur la certitude comme les religions le font, a précisément besoin de ce questionnement philosophique qui est un questionnement. Parce qu’il met à l’épreuve les fondations, d’une certaine façon contribue à les rétablir».
Merci cher lecteur pour votre aide.