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L’offensive militaire russe au Mali

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XALIMANEWS : Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, et son homologue malien, le général Ibrahim Dahirou Dembelé, ont signé, le 26 juin 2019 à Moscou, un accord de coopération militaire et de sécurité. Avec en toile de fond, les difficultés grandissantes des forces françaises au Mali en matière de maintien de l’ordre.

L’accord de coopération militaire entre Moscou et Bamako a été signé lors du Salon international militaire Army 2019 où se pressent désormais de nombreux galonnés africains. Les ministres de la défense venus d’Afrique sont soucieux de diversifier leurs approvisionnements en armement et leur protection sécuritaire. En 2018, le ministre burkinabé de la Défense en avait fait de même.

Le rejet grandissant de la France

On se rappelle que dans les années 60 et 70, avec la Guinée de Sekou Touré, le Mali de Modibo Keita fut l’un des pions de l’ex URSS sur l’échiquier de la guerre froide, en Afrique de l’Ouest. Sans aller aussi loin qu’en Guinée, l’ex URSS intensifia sa coopération militaire, culturelle et minière avec le régime panafricaniste et anti occidental de Bamako. La présence russe fut omniprésente et diversifiée. Il est aujourd’hui facile à la Nouvelle Russie, de rappeler ce « âge d’or » de la coopération russo-malienne et de pointer du doigt le néo colonialisme et les errements de la coopération franco-malienne.

Au Mali, aujourd’hui les massacres se succèdent aux massacres, tantôt du côté des Peuls, tantôt du côté des Touaregs ou des Dogons, tandis que la lutte contre les djihadistes s’annonce longue et incertaine. Au Sahel et surtout au Mali, l’action de la France, avec notamment l’Opération Barkhane, est l’objet de critiques acerbes, voire désormais de manifestations hostiles, d’autant que le soutien affiché au président Ibrahima Boubacar Keita et à son régime très corrompu discrédite la France du président Macron et de son ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Les revers français, une aubaine pour la Russie
En Centrafrique et au Mali, Jean-Yves Le Drian, a eu un rôle majeur dans la tentative de sauvetage militaire de ces deux pays puis dans le fiasco de ces interventions qui ont eu peu d’impacts sur la crise nationale de ces deux pays, au contexte pourtant si différent. Comme en Centrafrique, le président Poutine a saisi cette opportunité exceptionnelle pour s’introduire durablement dans ce qui était jadis le » pré carré français.

Jean-Yves Le Drian fut le ministre de la Défense du président Hollande durant les cinq années du quinquennat ( 2012-2017). On se souvient de l’émotion du président Hollande, le 3 février 2013 à Bamako, lorsqu’il déclarait que c’était le plus beau jour de sa vie politique. Jean-Yves Le Drian était à ses côtés et pouvait apprécier la liesse du peuple malien vis-à-vis de la France et de son président. L’Opération Serval devait sauver le Mali.
En juillet 2019, Jean-Yves Le Drian ministre des Affaires étrangères d’Emmanuel Macron doit mesurer le changement d’attitude du peuple malien. Si évidemment l’Opération Sangaris avait des objectifs purement centrafricains, comme l’Opération Serval était circonscrite au Mali, l’Opération Barkhane s’inscrit dans la lutte contre le djihadisme au Sahel. Pourtant, les constats ne sont pas loin d’être les mêmes : « on va dans le mur ».

Des experts militaires français, devenus consultants, émettent de sérieux doutes sur l’efficacité de notre action au Sahel et notamment au Mali. Le général Bruno Clément-Bollée, ancien patron de l’Opération Licorne en Côte d’Ivoire, a été récemment sans langue de bois sur la situation au Sahel et l’Opération Barkhane. Le 6 juin 2019, au micro de Radio France Internationale, n’ a-t-il pas déclaré que » nous allions droit dans le mur » au Sahel, que c’était une « descente aux enfers » et que que la situation ressemblait » à celle de Centrafrique où des seigneurs de la guerre locaux se sont arrogés des fiefs sur lesquels ils règnent en maîtres « . Après le départ sans gloire de Sangaris en Centrafrique, on peut s’interroger sur le devenir de Barkhane au Sahel et notamment au Mali .

Le Mali, une nouvelle cible de la Russie ?
En moins de deux ans, la Russie a réussi à s’implanter durablement en Centrafrique, en présence de 12 000 Casques bleus de la Minusca et d’une base militaire française à l’aéroport de Bangui. L’Accord de Khartoum entre les autorités de Bangui et les groupes rebelles a été préparé par les négociateurs et conseillers russes. Le groupe Wagner, présidé par le célèbre oligarque Evgueni Prigogine, est désormais présent dans le mercenariat, le renseignement, le contrôle des médias et évidemment l’exploitation des mines d’or et de diamant. Les campagnes anti-françaises se sont multipliées dans les milieux politiques et médiatiques centrafricains. L’accord de coopération militaire russo-centrafricain de septembre 2017 a légitimé cette nouvelle donne. En sera-t-il de même au Mali ?
L’accord militaire russo-malien du 26 juin 2019 va-t-il permettre au groupe Wagner de s’implanter au Mali comme il l’a fait en Centrafrique ? Les richesses minérales notamment aurifères du pays, la forte demande en armement de toutes parts, les trafics en tous genres et les campagnes anti françaises dans l’air du temps à Bamako constituent des attraits qui ne devraient pas être négligés du côté du Kremlin.

Source: Mondafrique

PID

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