L’adoption du projet de loi anti-tabac bute sur l’article 8 relatif à l’exposition à la fumée du tabac. D’un côté, il y a les associations de la Société civile dont la Ligue sénégalaise contre le tabac qui veulent une loi avec des espaces 100% non fumeur et de l’autre le gouvernement, en l’occurrence le ministère du Tourisme qui voudrait aménager des espaces fumeurs pour, soutient-on, satisfaire les touristes.
On en sait un peu plus sur les raisons des lenteurs constatées dans le vote du projet de loi anti-tabac déposé depuis plusieurs semaines sur la table du président de l’Assemblée nationale. En réalité le blocage se situe dans l’article 8 relatif à l’exposition à la fumée du tabac. Les organisations de la Société civile notamment, la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab) veulent des espaces 100% non fumeur. Ce, pour protéger la population contre les conséquences sanitaires liées à la fumée du tabac. Alors que le gouvernement, en l’occurrence le ministère du Tourisme, souhaiterait aménager des espaces fumeurs. «Ça nous ne le voulons pas», tonne Amadou Moustapha Gaye, coordonateur du projet Fca et vice-président de la Listab.
Selon Bamba Sagna de l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique, le ministère du Tourisme «tient aux espaces fumeurs dans les hôtels parce qu’il craint que cela puisse décourager les touristes qui veulent visiter notre pays». Des arguments que Bamba bat en brèche donnant l’exemple de Paris qui est, selon lui, l’une des villes les plus fréquentées par les touristes. Pourtant, cette ville ne dispose plus d’espaces fumeurs. Idem pour l’Afrique du Sud qui a voté une loi interdisant aux gens de fumer en public.
Pour l’instant, les deux parties, qui ont trouvé consensus sur les autres points à savoir l’interdiction totale de la publicité de la cigarette, l’augmentation du prix de la cigarette entre autres, butent sur ce point. Mais la Listab ne se décourage pas, elle promet de se battre encore tout en comptant sur l’engagement et la bonne foi de certains. «Parce qu’il y a quelques députés sur lesquels on met un point d’interrogation ; mais au-delà, on espère que les députés de manière générale ne sont pas irresponsables pour nous voter une mauvaise loi», soutient le vice président de la Listab.
Ensuite, il y a le soutien des familles religieuses qui, à l’unanimité, travaillent pour le vote d’une loi forte capable de protéger les populations des méfaits sanitaires de cette drogue. Car «nous savons que la loi va être votée, ça au moins c’est certain. Maintenant reste à savoir à quelle ampleur et à quel pourcentage», explique M. Gaye.
«Oumar Guèye n’a jamais été mêlé à des négociations»
Le projet de loi anti-tabac a voulu également anticiper sur la cigarette électronique. C’est pour cette raison, explique Djibril Wellé, secrétaire général de la Listab, que «le projet parle aussi des dérivés du tabac qui prend en compte cette forme de cigarette. Là aussi les discussions sont en cours. Nous espérons l’introduire dans cette loi pour ne pas, dans l’avenir, être surpris par la cigarette électronique qui, d’ici les prochaines années, va exploser», indique M. Wellé.
Des sources proches du ministre du Tourisme joint par Le Quotidien soutiennent que Oumar Guèye n’a jamais été mêlé à des négociations sur la loi anti-tabac et qu’il n’est pas au courant de l’existence d’un tel amendement.
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