Lutte/Navétanes : la violence érigée en vertu

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XALIMANEWS-Depuis plus d’une décennie, au Sénégal, on assiste à une flambée de violences dans les stades. A chaque fois que l’homme rencontre l’homme, c’est la bagarre, avec son lot d’incidents tristement célèbres. Le dernier en date s’est fraîchement déroulé hier lundi 6 décembre, à Rufique, lors d’un match de Navétanes, qui s’est soldé par un mort, faisant suite aux violences de la veille, lors du combat Papa Sow/Siteu.

Encore une fois de plus, la violence a sévi dans les stades sénégalais, et toujours, ce sont la lutte et les Navétanes qui sont épinglés. Alors que l’on avait pas encore fini de cogiter sur les incidents de dimanche, lors du combat entre Papa Sow et Siteu qui s’etait soldé par la blessure du premier nommé, occasionnant l’annulation pure et et simple de ce duel, ce lundi, un drame s’est produit à Rufisque. Cette fois ci, ce sont les Navetanes qui prennent le relais, avec des violences qui ont causé une perte humaine et beaucoup de blessés graves. Pourquoi cette flambée de violences dans ces 2 sports très prisés par la population sénégalaise mais qui perdent de leur crédibilité ?

La Lutte, sport national sénégalais, telle qu’elle est perçue aujourd’hui est loin de ce qu’elle doit être. A l’origine, cette discipline était perçue comme une cérémonie festive, avec de grands champions qui s’adonnaient à des duels farouches mais empreints de sportivité, devant des spectateurs bien endimanchés assis dans les tribunes, sous les envolées des griots qui y allaient de leurs chansons stimulants et galvanisateurs envers les combattants. Les gens supportaient et s’en allaient à cœur joie, à la fin des joutes, le tout, dans une grande sportivité. De son côté, le Navétane est une activité de vacances pour les écoliers et étudiants. Ces derniers, à la fin de l’année scolaire, pouvaient s’adonner à des oppositions (culturelles, sportives, etc…). Les quartiers se mesuraient entre eux, faisant éclore des talents qui pouvaient devenir de grands champions dans leurs domaines respectifs. A l’image des Oumar Gueye Sene (Mbotty Pom), Lamine Sagna et Mansour Ayanda (Kussum) , El Hadj Diouf (Saint Louis), pour je ne citer que ces 4 là, devenus stars sur le plan national avant de passer professionnels et servir leur équipe national. Ces 2 disciplines phares du sport sénégalais, sont devenues depuis plus d’une décennie, une source de violences effrénées. A chaque fois, qu’il y’à des combats de lutte ou matchs de navetanes, c’est la guerre. D’abord dans les gradins, ensuite dans les enceintes, pour se terminer dans la rue avec des affrontements à tout va, qui riment avec agressions, destructions de biens publics, vols à l’arrachée, pillages et j’en passe.

Pourquoi cette subite violence de la jeunesse sénégalaise ? Pourtant, on fréquente toujours les églises et les mosquées, on vénère les marabouts, des fois jusqu’à l’excès, mais les cœurs sont devenus méchants, cruels, hypocrites. Partout au Sénégal, y’a la violence, chez les Politiques, dans le sport, dans les manifestations religieuses. Le discours n’est plus constructeur, mais il est devenu destructeur, l’homme violent est perçu comme un idole. Le modèle sénégalais tant vanté se meurt. Ou sont passés, le Joom (vergogne), le Fulla (dignité), le Fayda (fierté), le Teggin (courtoisie), le Kerssa (quelqu’un de mesuré), le Mankoo (entente), le Yar (politesse), le Mûun (patience), le Deggu (être veridique), ces vertus bien sénégalais, maintenant rangés aux oubliettes. Plus jamais ça.

Au delà de cette violence qui sévit dans nos stades sénégalais, c’est notre société même qui est malade. Quand un spectacle, un discours, une image, ont pour cible le grand public, alors il faut être vigilant. Or, dans notre quotidien, on vit cette violence. Y’a des langages, des émissions, qui passent souvent sur le petit ecran et qui charrient des germes d’incivisme. La médiocrité est érigée en vertu.

Quand l’état qui doit encadrer ces manifestations avec beaucoup de fermeté, laisse faire en faisant preuve de laxisme, le conséquences seront toujours fâcheuses. Il faut que les autorités prennent des mesures fortes, voire arrêter ces 2 disciplines et faire leurs états généraux. La jeunesse sénégalaise aime le sport, mais ne connaît pas le sens de cette discipline. Le sport est un facteur d’unité, il doit unir et non diviser. Le diversité n’exclut pas l’unité, elle l’affirme ét doit l’enrichir, mais si tu divisés l’arbre en ses pieds, il meurt. Dans ce pays, l’intérêt publique ne préoccupe aucun esprit, on en parle rarement, la chose publique est devenue un simple territoire de chasse, un dépotoir à la cible des vandales.

Rufisque, terre de sport, regorgeant en son sein, 2 clubs récents vainqueurs en Championnat dans leurs disciplines respectives, Teungueth FC (Champion Sénégalais football en 2020/2021) et SOCOCIM (Championne Volley Féminin 2021), vivier de l’équipe nationale Féminin de Volley Ball, terre de Branco Badio (Lion de Basket) et Vieux Ndoye ancien meneur des Lions basketteurs, mérite une autre publicité, que celle de lundi, tristement célèbre.

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