Mon grand-père était un tirailleur sénégalais. Il s’appelait Abdoul Banna Mbaye.
Il a fait la première guerre mondiale. Il en est revenu avec une décoration.
Comme de nombreux autres, parfois volontaires, souvent enrôlés de force, mon grand-père s’est battu pour une cause qu’il pensait en rapport avec celle de son terroir. Il s’est battu contre un ennemi qu’il distinguait du colon. Sur le champ de bataille son souci restait de prouver sa bravoure et de pouvoir un jour retrouver la famille qui l’attendait sur sa terre natale.
Non monsieur le Président, Abdoul Banna n’a pas risqué sa vie pour les desserts et sucreries qu’il aurait reçus de la hiérarchie militaire française !
Non monsieur le Président, Abdoul Banna n’aurait pas accepté sous les balles du front, une discrimination lui réservant des sucreries refusées à son voisin de combat africain.
Monsieur le Président, respectez donc la mémoire de nos vaillants tirailleurs sénégalais. Ils étaient du Soudan, de la Haute Volta, du Dahomey, etc. Leur sacrifice pour la France a été un facteur déterminant dans le processus de décolonisation qui a abouti à l’indépendance des pays africains.
Monsieur le Président, respectez la mémoire de tous ceux qui se sont battus, souvent au prix de leur vie, au point de rendre inéluctable une décolonisation que vous osez présenter comme pacifique, oubliant pour le seul Sénégal les combats de E.H. Oumar F. Tall, Lat Dior, Ahmadou Bamba, les nombreux tirailleurs massacrés au camp de Thiaroye et de bien d’autres sur nos terres, et ailleurs en Afrique. La décolonisation de l’Afrique est également le résultat du sang versé pour cette lutte par des centaines de milliers d’algériens.
Non monsieur le Président, la décolonisation du Sénégal n’a pas été pacifique. Elle est le résultat d’un processus historique global et dans la durée.
Le sacrifice des tirailleurs sénégalais ne fut pas vain. Il ne fut pas la contrepartie de sucreries. Celles que malheureusement les dirigeants de certains pays d’Afrique ont accepté et continuent d’avaler en contrepartie du sang de leurs concitoyens.
Ils se sont battus pour nous. Ils ont obtenu notre liberté au prix de leur sang versé. La vôtre tout comme la mienne.
Alors du respect pour leurs mémoires s’il vous plaît !
Abdoul Mbaye
Alliance pour la Citoyenneté et le Travail
Dakar le 28 mai 2018
M. le Président, respectez la mémoire de mon grand-père !
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