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Macky rêve d’être dictateur, la presse prête le flanc (par Mame Birame Wathie)

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La justice à terre, les députés à plat-ventre, Macky SALL n’avait plus qu’à dompter la presse pour s’arroger plus de pouvoirs que l’empereur Bokassa. Après avoir enrôlé, très tôt, les plumes parmi les plus réputées du pays, Alioune FALL,Yakham MBAYE, Madiambal DIAGNE, Abdoulatif COULIBALY, Souleymane Jules DIOP pour ne citer que ces ténors devenus dames de compagnie, le leader de l’APR s’est tourné vers les salles de rédaction, décidé en à faire des caisses de résonance de sa gouvernance. Sur la sellette, ceux qui lui tiennent tête, ne sont pas uniquement privés de publicité. Sans langue de bois face à un pouvoir aux abois, le professionnalisme doit faire loi.

Contrôler les médias. Telle est la volonté exprimée par le régime de Macky SALL qui ne cache même plus ses funestes desseins. « Le Chef de l’Etat souligne, par ailleurs, la nécessité de veiller à la qualité des programmes diffusés sur les radios et télévisions. Ces contenus doivent renforcer la paix sociale, la cohésion nationale, l’Autorité de l’Etat et les intérêts du Sénégal », a renseigné le communiqué sanctionnant la réunion du Conseil des ministres du mercredi 3 février 2021. Ainsi, après les sites d’informations dont il appelle à la régulation, le leader de l’APR veut s’inviter dans les salles de rédactions en vue de contrôler les programmes diffusés sur les radios et télévisions. Cette décision scandaleusement liberticide, qui devrait sonner la révolte chez les journalistes, n’a pourtant suscité que très peu de réactions pour deux raisons fondamentales.

La première est que Macky SALL contrôle une grande partie de la presse. En effet, le leader de l’APR n’a pas attendu d’être élu à la tête de l’Etat pour s’entourer de journalistes. Alioune FALL, Yakham MBAYE et Madiambal DIAGNE ont publiquement revendiqué leur amitié avec l’opposant qui s’était vigoureusement s’appuyé sur eux pour se distinguer des autres candidats à la présidentielle de 2012. Elu à la tête de l’Etat, il va continuer à se faire accompagner par journalistes et patrons de presse sous diverses formes. C’est ainsi qu’il  va immédiatement nommer Youssou NDOUR ministre de la Culture et du Tourisme dans son tout premier gouvernement, dirigé par Abdoul MBAYE.  Le leader de « Fekke Maci Bollé »  n’est certes pas journaliste ; mais patron du Groupe Futurs Médias (GFM), il est d’une grande utilité pour le régime. Quelques mois plus tard, en novembre 2012, feu Babacar TOURE est nommé président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA).  Cofondateur, en 1986, de Sud hebdo devenu Sud Quotidien en 1993, Babacar TOURE était alors patron du groupe Sud Communication (Sud FM, Sud Quotidien…). Avant lui, les journalistes Aminata Angélique MANGA,  Abou Abel THIAM, Racine TALLA et El Hadji KASSE avaient déjà leurs quartiers à la présidence de la République. Que dire d’Abdoulatif COULIBALY et de Souleymane Jules DIOP que l’ancien maire de Fatick a enlevé toute envie de critiquer un régime ? Les hommes d’affaires Cheikh AMAR et Serigne MBOUP, qui se sont également lancés dans la presse, sont devenus, par la magie des marchés, proches du leader de l’APR.

L’autre raison qui explique l’omerta face à cette volonté manifeste de l’Etat de contrôler les médias, c’est la libération de la parole qui bafoue les fondements et multiplie les abus. Dans une chronique antérieure, consacrée à une affaire comme celle qui est aujourd’hui d’actualité, nous écrivions : « Ce n’est point le corporatisme qui explique la réaction, parfois épidermique, de certains journalistes mécontents de la garde à vue d’Adja Astou. Beaucoup la défendent parce que ses limites sont aussi les leurs. Car, en vérité, cette Astou est indéfendable. On ne peut pas, à plus forte raison sur un plateau de télévision, exprimer tout ce qui traverse l’esprit, même magnifiquement maquillé. Sinon que les écoles de journalisme soient fermées ». Il était alors question de l’affaire Adja Astou, du nom de la présentatrice de la 7Tv gardée à vue pour avoir fait une déclaration ahurissante. A ce propos, nous avions ajouté : « Dans cette affaire, c’est la chaîne de télé qui est plus à blâmer que la mise en cause elle-même. S’il devrait y avoir sanctions, c’est à la 7Tv qu’il faudrait les infliger. Une tâche dévolue au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) et non à la police ou à la gendarmerie. C’est l’organe de presse qui est responsable de ses présentateurs. Et à ce sujet, il faut également le dire, au Sénégal, la beauté et les formes généreuses sont devenues les critères de sélection des présentatrices. Les télévisions n’organisent-elles pas des castings au sortir desquels les filles moins belles mais beaucoup plus intelligentes sont laissées en rade ? Séries et émissions sont transformées en défilés de mode mettant en scène des filles effilées roulant les R et diablement belles. De leur bouche émanent toutes sortes d’inepties». Avec ce que certains appellent « affaire Petit Dej » de WalfTv, c’est cette histoire qui se répète.

Si tout semble permis dans les réseaux sociaux, des médias dits classiques, il est attendu sérieux et professionnalisme pour ne pas donner le bâton pour se faire battre. C’est, hélas, ce qui est arrivé au groupe Wal Fadjri, considéré comme une école. En effet, en portant de graves accusations sur une personnalité de la trempe de Youssou DOUR, il faut avoir des arguments béton, à même de convaincre un juge. Se fonder uniquement sur les inepties d’une girouette comme Adama GAYE pour mettre en accusation un chat, c’est perdre de vue le B.a.-ba du journalisme et prêter le flanc. « Sachant la fin imminente, atroce, il (Macky) tente le tout pour le tout, notamment en recevant, en cachette, Bamba Ndiaye et Sidy Lamine Niass (lequel a un mérite pour avoir lancé un groupe de presse de débats). Les deux larrons, me rapporte-t-on, seraient en Ndogou au Palais ».  Combien d’organes de presse ont repris cette publication d’Adama GAYE datant du 24 mai 2018 ? Beaucoup d’entre eux se sont confondus en excuses quand, le 30 mai 2018, le même schizophrène, ventre à terre, publiait un autre texte, d’excuses cette fois, intitulé : « Oh, Sidy, Pourquoi? », faisant allusion à une plainte alors brandie par le fondateur du groupe Wal Fadjri.

Raconter n’importe quoi sur n’importe qui sans la moindre vérification est à la portée de tout le monde et donne du grain à moudre au régime de Macky SALL. Quand la vérité fait foi, le professionnalisme est loi.

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