L’Afrique progresse en matière de construction d’infrastructures, mais elle reste confrontée à des taux d’intérêt élevés et à des délais de remboursement généralement très courts, a signalé le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, mercredi, à Bruxelles.
‘’La construction d’infrastructures en Afrique progresse, mais le continent reste encore sous-financé en volume et mal financé à cause de taux d’intérêt élevés et de délais de remboursement généralement très courts’’, a relevé M. Sall à l’ouverture du premier forum Global Gateway.
Lancée en 2021, la stratégie Global Gateway est une initiative de la Commission de l’Union européenne dont le but est de contribuer au développement des pays partenaires émergents et en développement de l’Europe, dans les domaines du numérique, de l’énergie et de l’environnement notamment.
C’est une politique basée sur la mobilisation du secteur privé.
Le financement des infrastructures en Afrique s’élevait à 81 milliards de dollars US en 2020, contre 100 milliards en 2018, soit une baisse de 19 milliards causée en partie par la pandémie de Covid-19, rapporte le service de la communication de la présidence sénégalaise en citant Macky Sall.
Le président de la République dit tenir ces données du dernier rapport annuel du Consortium pour les infrastructures en Afrique, publié en décembre 2022.
S’exprimant en présence de la présidente de la Commission de l’Union européenne et du président de la Commission de l’Union africaine, il a rappelé que le Consortium pour les infrastructures en Afrique, créé en 2005 à l’occasion d’un sommet du G8 à Gleneagles (Royaume-Uni), rassemble autour de la Banque africaine de développement des partenaires bilatéraux et des banques de développement.
Un ‘’dialogue honnête’’
‘’Il est vrai que l’impact de la pandémie a freiné l’investissement dans les infrastructures, à cause du ralentissement de l’activité économique et de la réorientation des dépenses publiques vers des urgences sanitaires et sociales’’, a fait remarquer le président sénégalais.
‘’Même sans ces difficultés conjoncturelles, l’Afrique a toujours payé cher ses projets à cause de taux d’intérêt abusifs’’, a-t-il déploré.
Macky Sall a toutefois reconnu les efforts fournis par les partenaires bilatéraux et multilatéraux dans le financement des infrastructures en Afrique.
‘’La problématique du financement restera entière tant que perdurent les règles et pratiques qui entravent l’accès de nos pays à des ressources conséquentes et à des conditions soutenables’’, a-t-il soutenu.
M. Sall a fait allusion aux ‘’notations abusives des agences d’évaluation et à la perception du risque d’investissement en Afrique, qui est toujours plus élevée que le risque réel’’.
Le président sénégalais dit avoir rappelé cette problématique à l’Organisation de coopération et de développement économiques, au G7, au G20 et aux Nations unies, tout au long de l’exercice de ses fonctions de président en exercice de l’Union africaine en 2022.
‘’Des progrès significatifs ont déjà été enregistrés’’
Pour Macky Sall, il est important d’‘’engager un dialogue honnête pour lever cet obstacle qui continue de freiner nos efforts de financement des infrastructures’’.
‘’Nous devons aussi relever les défis de la planification et de l’ingénierie technique et financière pour améliorer les études de faisabilité des projets en créant une synergie entre les partenaires techniques et financiers et le Fonds de préparation des projets d’infrastructures du NEPAD’’, a-t-il plaidé.
M. Sall s’est réjoui, par ailleurs, des partenariats en cours entre des laboratoires européens et africains, dans les domaines de la biotechnologie et de la production de vaccins. Il estime que ‘’des progrès significatifs ont déjà été enregistrés à ce titre’’, ce qui ouvre ‘’la voie à d’autres perspectives prometteuses’’.
Le dirigeant sénégalais a invité les partenaires financiers européens de l’Afrique à ‘’soutenir par des financements adéquats ces partenariats novateurs, dans des technologies de pointe’’.
Selon lui, le Global Gateway ‘’peut faire la différence en sortant des sentiers battus et en changeant d’échelle et de paradigmes dans l’approche de la coopération’’.
L’initiative Global Gateway a été lancée en décembre 2021 dans le but de ‘’développer les infrastructures numériques, énergétiques et de transports intelligents, de renforcer les systèmes de santé et d’éducation’’, explique la présidence sénégalaise.
Elle précise que l’Union européenne prévoit d’investir ‘’150 milliards d’euros en Afrique’’, grâce au Global Gateway.
sudonline,sn