Il était une fois Mohamed Dionne

Comme une ritournelle, son nom revient dans le cercle restreint de Macky Sall. Soit comme ministre d’Etat Directeur de cabinet ; soit Secrétaire général de la Présidence ou encore … Premier ministre. Informaticien de formation ayant fait ses armes à Ibm et ancien chef du bureau économique de l’ambassade du Sénégal à Paris, Mohamed Ben Abdallah Dione a quitté le Sénégal en 2008 pour embrasser une carrière diplomatique. «Le Pays au Quotidien» vous fait découvrir celui que d’aucuns définissent, à tort ou à raison, comme le «joker» du Président de la République.

Premier ministre, Directeur de campagne du candidat Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2007 puis président de l’Assemblée nationale, Macky Sall n’a jamais pris une importante décision sans s’en référer à son missi dominici. Présentement fonctionnaire international à l’Onudi, Mohamed Dionne, qui fut cadre de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et expert de la Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement (Cnuced) au Maghreb, acceptera-t-il de faire son come-back au premier plan dans la sphère étatique ? Homme d’influence, fidèle parmi les fidèles, Macky Sall «le travaille au corps» depuis leur dernier tête-à-tête à Addis-Abeba, en marge du dernier sommet de l’Union africaine, au mois de janvier dernier.

Mais, «le vrai sherpa de Macky Sall», naguère dépité par l’adversité au cœur de l’Etat, ne serait pas pressé de se jeter dans le marigot sénégalais infesté de sauriens aux mâchoires aussi gigantesques que protubérantes. «Mohamed John», comme on l’appelle chez les Mackystes historiques, aura été l’incontournable Directeur de cabinet du Premier ministre Macky Sall. Un conseiller de l’époque disait, un brin admiratif, ce natif de Gossas un 22 septembre 1959 : «En une semaine de service, il avait vite fait d’oublier son prédécesseur à ce poste, le magistrat El Malick Diop». Avec Me Alioune Badara Cissé, Secrétaire général du gouvernement de l’époque, «il a constitué un tandem de feu et de ruse face aux assauts des faucons du Palais», renchérit un autre proche du successeur de Me Abdoulaye Wade.

LECTEUR DE SUN TZU. En vérité, Dionne a été le principal collaborateur de Macky Sall qui ne tarissait pas d’éloges sur sa culture financière, son habileté naturelle et sa limpidité intellectuelle. Profil quasi-aristocratique, ce dandy discret, amateur de cigares et de beaux costumes détonnait dans l’entourage du « boss » par sa remarquable méthode de travail. Jamais son grand bureau à la Primature n’était fermé aux visiteurs. Au chef, «il lui parlait comme personne d’autre», dans un discours franc et direct. Pour avoir «la bonne heure de l’opinion», il se retournait invariablement vers lui. Depuis quelques temps, un club restreint de l’entourage du chef de l’Etat, sans doute nostalgique de ce grand lecteur de Sun Tzu, pleure en secret le mépris de ses charmes professionnels : «Il faut qu’il revienne pour que ça roule correctement». Mais, l’enfant de Gossas, un temps dégoûté par la politique tropicale, avait pris ses distances et s’était consacré à ses consultances internationales et à sa famille. Marqué au fer rouge par le déchirement entre Me Abdoulaye Wade et Macky Sall, il a tout fait pour les réconcilier. Mais, les ponts étaient définitivement coupés. Aujourd’hui, il vit entre Paris, le Caire et Tunis. Alors que l’exécutif sénégalais s’enfonce de plus en en plus dans le creux de la vague, cet anti-courtisan est programmé pour revenir en force auprès de son mentor qui vient de boucler le premier quart de son mandat.

PAPA SOULEYMANE KANDJI

Le Pays au Quotidien