l’occasion de la célébration du Grand Magal de Touba qui se profile à l’horizon et qui marque le jour où Serigne Touba Khadimou Rassoul Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (Psl) obtint du Seigneur son Agrément Eternel au prix de moult et lourdes épreuves. Ce m’est encore, en ce mois béni de Safar, une joie indescriptible et un plaisir au demeurant toujours renouvelé que je me permets d’apporter notre modeste contribution à ce rendez-vous inédit de la Mouridiya et de la Ummah islamique. Ainsi donc, je soumets à votre lecture ce témoignage frappant, toujours d’actualité, que fit le Président Mamadou Dia (1) le 04 septembre 1957 à Touba et dont nous vous tenons, ci-contre, la substance :
« Pour nous Sénégalais, pour nous nationalistes sénégalais, le pèlerinage de Touba n’est pas, bien évidement, une affaire politique électorale. Ce n’est pas non plus le simple accomplissement d’un rite ordinaire. Plus que tout cela, et au-delà de toutes les petites préoccupations immédiates, Touba est pour nous, à travers les années, et dans la longue marche que nous avons entreprise, une référence fondamentale. Car le Mouridisme est une création originale, dont le fondateur est un Saint pas comme les autres. Ahmadou Bamba nous apparaît, avant tout, comme le marabout dont la vie, l’œuvre, la doctrine se sont définies en s’opposant, parfois durement, à toutes les influences étrangères et se sont exprimées dans une création toute nouvelle et purement africaine. A ce titre l’héritage d’Ahmadou Bamba constitue à la fois un enrichissement inappréciable de notre patrimoine spirituel et une affirmation de cette autonomie culturelle qui est, tout autant que l’indépendance économique, une condition nécessaire du développement national ». Et toujours le Président Dia de poursuivre: « Lorsque je dis que toute la vie d’Ahmadou Bamba a été marquée par cette volonté de se définir par ses propres valeurs, et en s’opposant à toutes les influences, à toutes les pressions, je ne veux pas tout rappeler d’une histoire que chaque Sénégalais doit cependant connaître. Et quel Sénégalais ignore les difficultés qu’a rencontrées Ahmadou Bamba, les persécutions mêmes qu’il a subies de la part des autorités administratives. A toutes les menaces, à toutes les pressions, Ahmadou Bamba a résisté, simplement, sans ostentation, mais sans défaillance, maintenant la pureté de sa doctrine et son indépendance à l’égard des pouvoirs ; cette indépendance à l’égard de César hors de laquelle aucune spiritualité ne peut s’épanouir. Et la leçon d’Ahmadou Bamba ne s’arrête pas là. Car son attitude a porté ses fruits que nous recueillons aujourd’hui. Son inflexibilité a fini par forcer l’estime et l’admiration de tous, et d’abord de ceux-là même qui l’avaient suspecté et poursuivi ».
Selon le Président Dia : « Touba est donc bien pour nous le lieu où a triomphé l’esprit de résistance et la dignité sénégalaise. A qui serait tenté de l’oublier, Touba rappelle que l’estime, même celle des adversaires, se mérite. Elle ne vient pas récompenser la servilité ou l’acquiescement systématique. Elle reconnaît la valeur de qui s’affirme, dans l’opposition s’il le faut. Toute personnalité qui maintient son intégrité, obtient sa reconnaissance. La dignité, qu’elle soit d’un homme ou d’un peuple, se conquiert, mais ne s’achète pas. Toute l’œuvre d’Ahmadou Bamba, dans sa forme comme dans son fond, du point de vue littéraire comme par son contenu spirituel, est nourrie des mêmes valeurs et porte le même témoignage. Et cette œuvre, si riche formellement, vaut encore plus par la doctrine qu’elle apporte. Car le Mouridisme a repensé complètement l’Islam, dans le respect de l’orthodoxie, et selon le génie de notre peuple. Par cet effort doctrinal, l’Islam au Sénégal a cessé d’être une religion importée pour devenir une religion populaire, une religion vraiment nationale incarnée au plus profond de nous-mêmes. Pour toutes ces raisons que j’ai dites à Touba jeudi dernier, pour tous ces apports constitutifs de notre personnalité sénégalaise, nous considérons Ahmadou Bamba comme une des valeurs essentielles du nationalisme africain, et le Mouridisme comme un élément fondamental de notre patrimoine culturel. C’est pourquoi le pèlerinage de Touba est notre pèlerinage, à nous nationalistes sénégalais et tel est le sens du témoignage, que nous rendons lorsque nous participons à ce grand rassemblement et à cet acte de Foi sénégalais ».
Ce témoignage poignant sur Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul (Psl) d’un nationaliste sénégalais, d’un homme de conviction intransigeant sur ses principes, méritait d’être porté à l’endroit de tous les patriotes pour une meilleure compréhension de ce que le nationalisme africain doit à Cheikh Ahmadou Bamba. En tout cas, nous nous associons à Lui, en ce mois béni, dans les témoignages de Grâce à Son Seigneur à l’occasion de ce jour que nous approchons en l’occurrence le 18 Safar qui sera célébré, cette année, le 23 janvier 2011 à Touba, capitale spirituelle du Mouridisme, et sous le Khalifat de Serigne Touba Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, à qui nous souhaitons une longue vie et une parfaite santé.
Bon Magal !
(1) Mamadou Dia, Ancien Président du Conseil du Gouvernement du Sénégal : Ce que le nationalisme doit à Cheikh Ahmadou Bamba (Témoignage fait, le 4 septembre 1957, à Touba et paru dans le journal Walf Fadjri du 06 mars 2007)
Par Birame Lothi DEME Parcelles Assainies Unité 4 N° 307 –