Mais l’avion « Le Sénégal » dans les airs, a-t-il un commandant de bord ?
Le cas de l’aéroport Léopold Sédar Senghor qui semble être, en ce moment, comme un cadavre en putréfaction, à la merci de charognards, nous fait penser, fortement, à cela. Déjà, la vente des terres de l’aéroport L S S par le président A. Wade est l’un des scandales les plus graves que notre pays ait connu, en matière de gestion catastrophique de son patrimoine. Ce seul fait aurait suffi, dans un Etat de droit où la justice marche sur ses deux pieds, pour valoir à Me Wade, tout au moins, une mise en exam, à la fin de son mandat, à défaut d’être destitué. Mais hélas, son successeur de fils et d’élève fidèle à son maître et en maître absolu dans le pays, comme le fut Me Wade, en a décidé autrement. C’est-à-dire de ne demander aucun compte à l’ancien gestionnaire de notre pays. C’est inique !
Ensuite, s’agissant de l’aéroport L S S, pour enfoncer le clou ou plutôt la bêtise, en lieu et place, de le conserver, tout logiquement, comme un second aéroport de notre capitale, non, l’Etat opte pour sa suppression, tout bêtement. Naturellement, cette suppression est, sans nul doute, un non-sens. Et, ce sont justement, de pareilles bêtises et d’autres non-sens qui font que certains dirigeants africains sont pris par les autres, comme de grands enfants naïfs, pour ne pas dire idiots, qui sont incapables d’identifier correctement les intérêts de leurs pays et, les défendre envers et contre tout. Mais, objectivement et sérieusement parlant, en quoi vraiment, le maintien de cet aéroport qui respecte, à tout point de vue, toutes les normes requises pour un aéroport de type international, gênerait-il notre pays dans son développement, au point de le liquider, comme si c’était de la peste, pour le bazarder ainsi?
Dans une certaine mesure et d’un point de esthétique, la liquidation des terres et suppression de l’aéroport L S S ont défiguré dans cette partie de la capitale le beau visage de Dakar. Donc, au total, ils ont même rendu moche toute cette zone de la capitale, à cause des constructions hideuses qui y sont édifiées anarchiquement et, quasiment, ne respectant pas, les normes d’urbanisme minimales exigées. A y voir de près, c’est même, au vu de ces constructions qui y naissent, si l’obligation d’une autorisation de construction, en bonne et due forme, a été satisfaite ?
En vérité, le mal de notre pays et de l’Afrique, en général, c’est ce système présidentiel qui fait du chef de l’Etat, véritablement, un « Dieu » dans leurs pays. Ainsi, le président de la République décide seul, de tout, dans le pays, sans aucune consultation préalable, de qui que ce soit. En outre, ce dernier n’a de compte à rendre à personne, même pas à une institution de la République. En plus, sa décision est incontestable et irrévocable. Il est clair qu’un tel pouvoir ne peut être que l’attribut de Dieu, mais jamais, d’un être humain. Et pratiquement, l’article 101[1] de la constitution du Sénégal donne ce pouvoir au président de la République. Ainsi, cet article absout la responsabilité du chef de l’Etat, de ses fautes commises dans l’exercice de ses fonctions, autrement dit, ses fautes sont légalisées. En règle générale, l’homme étant par nature faillible, ses pouvoirs doivent, absolument, être limités, surveillés et encadrés par, des institutions habilitées, indépendantes ne relevant et ne dépendant pas du président de la République. Fondamentalement, de telles institutions sont non seulement nécessaires dans une république mais indispensables, parce que devant servir comme l’œil du peuple sur ceux qui sont chargés de gouverner l’Etat. Naturellement, dans un système tel que celui dans lequel nous sommes tous les abus sont autorisés au chef de l’Etat car, sans le mentionner expressément, il est, de fait, au-dessus des lois. Et, dès lors, qu’il n’est pas tenu, en cas de faute dans les actes qu’il pose, comme responsable, mais on fait de lui un irresponsable. Alors, qu’il est chargé de prendre des décisions très importantes, au niveau le plus élevé de l’Etat, qui pourraient engager toute la nation, malgré tout. Et, si toutes ces bêtises et anomalies ont pu être commises, c’est bien à cause du statut de monarque du président de la République. Comme du reste, l’on note aussi que ce système, quasi monarchique, permet aussi la forte présence, injustifiable, de la famille du chef de l’Etat au cœur du pouvoir et de l’Etat.
Dans tous les cas, toutes ces pratiques en cours actuellement, sont aussi à l’attention de tous ceux qui prétendent vouloir diriger demain notre pays. Les candidats ont l’obligation de se prononcer de manière nette et claire sur cette question capitale du système et statut du chef de l’Etat. Précisément, pour remédier à cette situation anachronique, nécessairement, il faudra procéder au changement de l’actuelle constitution qui est, en fait, la mère de nos maux. Parce qu’il est devenu inconcevable que notre pays continue encore, d’être gouverné dans le même système qu’actuellement et de la même manière. Cela dit, il est, donc, devenu indispensable de rompre définitivement avec ce système et, par voie de conséquence, toutes les pratiques et méthodes y afférentes. Ce qui revient à dire, qu’il faudra rompre avec cette gouvernance autocratique cleptomane et boulimique, qui permet, sans le moindre contrôle, à celui qui dirige le pays, de piller allégrement ses ressources, à son profit, par détournement d’objectifs, au lieu de les investir au service du développement, comme par exemple la création de nouvelles infrastructures et, modernisation des existantes pour répondre à l’ère de notre temps, le numérique. Hé oui, notre pays, à part quelques éclaircies coûteuses et inappropriées, est maintenu encore dans un archaïsme qui nous fait régresser et, ne profite qu’à ceux qui détiennent le pouvoir et leurs amis. Le Sénégal, pour rompre définitivement avec toutes ces mauvaises pratiques récurrentes, devra être gouverner autrement, c’est-à-dire par des institutions fortes, crédibles et indépendantes de l’Exécutif, et non, par des individus qui seraient capables de se transformer, et même, au fil du temps, de se muer en monarques. Et, des exemples, nous en avons connus et vécus plusieurs, déjà. Voilà pourquoi, nous devons, à cet effet, bien retenir à l’esprit, cette recommandation très pertinente d’Albert Einstein, à savoir : « Si vous voulez vivre une vie heureuse, attachez-là, à un but, et non pas à des personnes ou des choses »
En principe, dans un Etat de droit qui se respecte et se considère comme démocratique et dont les dirigeants sont, surtout, très conscients de leurs responsabilités, comme cette très lourde charge qui consiste à diriger leur pays et guider leur peuple, les décisions, notamment les plus importantes, sont d’abord minutieusement examinées à la loupe par des institutions habilitées, avant leur prise et application. Dans un tel Etat, évidemment, un article comme celui-ci 101 de notre constitution ne peut pas y avoir un droit de cité. C’est pourquoi, cette protection absolue et injustifiable du chef de l’Etat par un tel article doit être supprimée de toute constitution. Car, c’est une hérésie d’être le plus responsable de l’Etat, comme son chef et, ensuite, d’être soustrait de responsabilité pour les actes posés dans l’exercice de vos fonctions. Dans le cas par exemple de chefs d’Etat obtus, qui sait, ces derniers pourraient interpréter cette disposition comme une incitation ou un encouragement ou licence à faire ce qu’ils veulent, dans la mesure où ils ne risquent aucune sanction quoi qu’il arriverait.
Comme souligné plus haut, toutes ces anomalies et bêtises qui défient le bon sens et ne respectent ni les règles et normes de la République ni aussi la gestion des biens communs à toute la nation, sont, essentiellement, liées à la nature du système actuellement en cours, parce que, c’est lui les rend possibles. Donc, le prochain régime devra, s’il se présente en alternative, rétablir l’ordre républicain, en revenant sur toutes ces dérives inacceptables. Evidemment, s’il compte revenir à l’orthodoxie, il lui faudra nécessairement, un référendum pour une nouvelle constitution et un nouveau système. Ce sera l’occasion de réviser et refonder toutes les institutions de la République qui se chargeront de veiller sur le respect des lois, règlements et procédures, comme également la rigueur devra être de mise en toutes circonstances dans l’administration publique. La méthode actuelle de gestion loin d’être vertueuse est synonyme d’un partage et un pillage systématique de toutes les ressources du pays ici et maintenant, sans penser à l’avenir de la nation, mais et surtout, aux générations futures qui ont un droit sur les ressources actuelles du pays.
En tout état de cause, pour certaines décisions d’importance capitale qui engagent toute la nation, le seul avis du chef de l’Etat ne devrait plus suffire. Donc, prochainement, de telles décisions devront être soumises et examinées, obligatoirement, par au moins une institution habilitée à cet effet avant son application ou mise en œuvre. Comme par exemple la vente des terres de l’aéroport L S S, la suppression de l’aéroport L S S, la construction du monument de la Renaissance africaine, le partage de la foire de Dakar, le TER, les ressources minières, pétrolières, énergétiques ,etc. Tout cela et tant d’autres affaires nébuleuses entrent dans le cadre du domaine réservé du Président de la République. Mais au nom de quoi ces décisions ne relèveraient que de lui? Surtout, lorsque l’on sait que toutes les erreurs issues des décisions malheureuses du président de la République et leurs conséquences sont classées sans suite en pertes et profits. Ce n’est pas acceptable !
Donc, le peuple sénégalais, avec son expérience du passé vécu, devra, pour se mettre à l’abri, se prémunir de protection contre certaines pratiques de cette gouvernance nauséabonde qui prévaut actuellement dans notre pays. Et tout naturellement, la première étape à franchir devra être, bien entendu, le changement de cette forteresse qui est le système présidentiel. Ensuite, il faudrait, prochainement, pour le pilotage de l’avion « le Sénégal » un équipage compétent et responsable à tous égards, bien entendu, sous la direction d’un commandant de bord coresponsable avec tout l’équipage. Le peuple sénégalais ayant été pendant longtemps floué par ses dirigeants passés et présents, doit se mettre maintenant sur ses gardes, car trop c’est trop. Ce faisant, il ne doit plus se laisser tromper et, accepter d’être encore dirigé comme par le passé, à savoir par un pilotage à vue d’un unique chef qui, parfois, pourrait ne pas être totalement, en possession de toutes ses facultés mentales. Et, Dieu sait que l’on ne peut énumérer, les erreurs de mal gouvernance de nos dirigeants qui ont occasionné notre retard dans plusieurs domaines, tellement, elles sont nombreuses. Et malgré cela, certains ont encore le culot de demander au peuple sénégalais de leur faire encore. Nous avons bien fait le constat que les deux alternances n’ont guère amélioré la situation, bien au contraire. Voilà pourquoi, le peuple sénégalais doit, à présent, chercher une solution alternative crédible et salutaire aux alternances loufoques.
Enfin, nous osons espérer qu’une rupture radicale interviendra avec le prochain changement, que nous voulons surtout, loin des recettes de plats réchauffés indigestes qui maintiennent le statuquo. Au demeurant, le prochain régime qui se mettra en place, devra souverainement et courageusement, revenir et réparer toutes ces bêtises commises par les régimes précédents car, c’est une nécessité absolue pour permettre à notre pays de repartir du bon pied sinon, immanquablement, il ira droit dans le mur.
Enfin, la vision de cette vidéo dont le lien est joint nous montre, à suffisance, le niveau insondable de l’archaïsme, de l’irresponsabilité et de l’incivisme de ceux qui gouvernent actuellement ce pays et même depuis lors. Ainsi, dans ce pays, nous avons, malheureusement constaté que certains citoyens, peuvent, impunément, faire ce que bon leur semble, sans se référer aux lois. Cela doit cesser !
Mandiaye Gaye
[1] Le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison.