Mali – Décès de Boubèye Maïga – Chronique d’une mort annoncée : La junte encaisse la caution de Macky mais refuse l’évacuation de l’ancien Pm

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Les dirigeants de la junte n’ont jamais cédé aux demandes en faveur de l’amélioration des conditions carcérales de l’ancien chef du gouvernement malien. Pire, ils ont encaissé l’argent payé par le chef de l’Etat sénégalais en guise de caution pour sa libération, sans pour autant accepter de libérer l’homme qui était à l’article de la mort.

Le Président du Niger, Mohamed Bazoum, a subi avant-hier et hier une volée de bois vert médiatique, surtout sur les réseaux sociaux, pour avoir fustigé la «mort en prison» de Soumeylou Boubèye Maïga, qu’il a assimilé à un assassinat. Le chef de l’Etat nigérien, qui n’a jamais porté la junte au pouvoir à Bamako dans son cœur, n’a pourtant fait qu’exprimer une vérité. Mais en ces temps où le niveau de réflexion varie selon les intérêts et les penchants des individus, tous ceux qui pensent que les putschistes de Bamako sont les meilleurs dirigeants de l’Afrique de l’Ouest sont tombés à bras raccourcis sur le dirigeant de Niamey. La moins dure des critiques portait sur les risques d’incidents diplomatiques que pouvait créer une telle déclaration.

Pourtant, alors que tout le monde était au courant de la dégradation de la santé de l’ancien Premier ministre malien, les militaires qui le maintenaient en détention n’ont jamais accepté de relâcher la pression carcérale sur lui. Aux personnes qui intercédaient en sa faveur, pour réclamer, sinon sa libération, tout au moins son évacuation à l’étranger pour raisons médicales, les autorités militaires de la Transition malienne demandaient des garanties de son retour une fois ses soins achevés, ou alors le paiement des sommes que l’on lui reprochait d’avoir détourné. Sollicité parmi d’autres dirigeants africains, Macky Sall a payé la «caution» demandée par les dirigeants de la Junte malienne. De sources bien informées ont assuré au journal LeQuotidien que le chef de l’Etat sénégalais «a payé la somme pour des raisons humanitaires», eu égard à l’état de santé fragile de l’homme politique malien.
Malheureusement, ce qui s’est passé après ressemble plus à de la flibusterie. Une fois encaissé l’argent de Macky Sall, Assimi Goïta et ses compagnons de la Junte n’ont pas respecté leur parole, et n’ont pas libéré Boubèye. A peine ont-ils consenti, au vu de la détérioration rapide de son état de santé, que Soumeylou Boubèye soit transféré dans une clinique de Bamako. L’argent que le Président sénégalais a payé n’a jamais été remboursé.

L’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a été arrêté par les militaires au pouvoir à Bamako en août de l’année dernière. Les informations sur les conditions de sa détention ont confirmé dès le départ, la volonté des militaires de l’humilier, et même, de mettre sa vie en danger. On ne peut expliquer autrement le fait de mettre dans une cellule avec des détenus de droit commun, celui qui, à un moment, a été «le flic» le plus fort de son pays. Ancien chef des services de renseignement, il a dirigé les services de sécurité de son pays, avant d’être nommé ministre de la Défense, et de devenir en 2017, chef du gouvernement, sous la présidence de Ibrahim Boubacar Keïta. Il avait été contraint à la démission après des massacres inter-ethniques.

C’est d’ailleurs pour des actes posés en tant que ministre de la Défense qu’il avait été arrêté. Les militaires de Assimi Goïta l’ont fait inculper pour «faux, usage de faux et favoritisme» dans l’achat d’équipements militaires en 2014, et lui reprochaient des surfacturations lors de l’acquisition d’un avion destiné à la Présidence du Mali.

Sa santé, déjà délicate avant son incarcération, s’est détériorée en prison. Partageant une cellule avec des détenus de droit commun, dont certains lui devaient même leur arrestation, il a été victime de toutes sortes d’avanies, qui l’ont encore plus fragilisé. Les interventions de diverses personnalités, aussi bien du Mali que de l’étranger, n’ont jamais pu ébranler ses geôliers. Il a fallu attendre le mois de décembre dernier, quand il était visible que le prisonnier risquait de mourir à tout moment, pour que le régime du Colonel Goïta consente à le faire interner dans une clinique de Bamako, alors que ses médecins réclamaient une évacuation médicale à l’étranger.
La suite, on la connaît.

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