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Mali: la bataille de Talataye entre jihadistes empire la détresse des habitants du nord

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Dans le nord du Mali, le groupe État islamique au Grand Sahara, qui s’était emparé de Talataye mardi 6 septembre après une bataille, a quitté cette localité entre Gao et Ménaka. Jusqu’ici, le flou demeurait sur les événements opposant l’EIGS au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), affilié à al-Qaïda et qui contrôlait la localité jusqu’à cette attaque. Mais le Mouvement pour le salut de l’Azawad, groupe pro-Bamako signataire de l’accord de paix de 2015, était également impliqué.

Les combattants du groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS) sont arrivés en masse mardi 6 septembre après-midi, à bord de plusieurs centaines de motos.
La branche sahélienne du groupe terroriste est à l’offensive depuis le mois de mars dans le nord-est du Mali, la mission des Nations unies dans le pays estime qu’elle a pris le contrôle de trois cercles sur quatre dans la région de Ménaka. Mais Talataye était toujours aux mains du groupe jihadiste rival, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim, dans son acronyme arabe) – plus précisément d’Ansar Dine et des katibas affiliées à al-Qaïda au Maghreb islamique, membres du Jnim.

De nombreux morts dans les attaques entre EIGS, Jnim et MSA

Selon différentes sources sécuritaires locales, à 15 heures locales mardi, l’EIGS a lancé l’offensive sur les deux parties distinctes qui composent la ville : à l’ouest étaient rassemblés les jihadistes du Jnim, quand l’est était défendu par quelques éléments, en nombre réduit, du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA). Celui-ci est un groupe armé membre de la plateforme loyaliste à l’État malien, signataire de l’accord de paix de 2015, et qui s’efforce ces derniers mois de protéger les populations de la zone.
Les combats durent entre trois et quatre heures et tournent à l’avantage de la branche sahélienne du groupe État islamique. Aucun bilan fiable n’a été établi pour le Jnim et l’EIGS, mais les morts seraient nombreux, selon les sources. Le MSA, lui, déplore quatre hommes tués.

Ni les groupes armés Gatia, allié habituel du MSA, ni la CMA, autre coalition de groupes armés du nord signataires de l’accord de paix, ni l’armée malienne et ses supplétifs russes n’ont pris part aux combats. L’armée malienne a indiqué mardi soir dans un communiqué avoir mené un vol de « reconnaissance offensive », sans déployer de militaires au sol.

D’autres batailles d’envergure

Dès le lendemain, mercredi 7 septembre, les jihadistes de l’EIGS ont quitté Talataye : « C’est leur stratégie habituelle, note un cadre du MSA, ils ne restent jamais sur place. »
« Ils savent aussi que le Jnim va se remobiliser et revenir », ajoute une source sécuritaire, qui rappelle que Talataye est une localité stratégique pour le contrôle des routes menant à Gao, Ménaka ou, plus au nord, à Kidal. Celle-ci prédit donc d’autres batailles d’envergure.

La plupart des habitants avait fui avant l’attaque. Mais depuis le départ de l’EIGS, une trentaine de cadavres de civils, dont des enfants, ont été découverts. Talataye est aujourd’hui presque déserte. Depuis mercredi, des combattants du MSA sont revenus sur place ainsi que, selon ce groupe armé pro-Bamako, certains jeunes habitants de Talataye affiliés au Jnim. Ils ont retrouvé une localité saccagée, dont les boutiques ont été pillées puis incendiées : « Ils n’ont rien laissé derrière eux, il n’y a plus rien à manger », indique un notable de Talataye.

Des habitants fuyant dans l’urgence et dans le plus grand dénuement

Les habitants de Talataye étaient déjà nombreux à avoir quitté la localité ces derniers mois, du fait de la succession d’offensives menées dans la zone par l’EIGS. Selon les sources, ces attaques auraient fait entre 300 et 700 morts dans les campements et villes de la région de Ménaka. Ce mardi, quelques heures avant l’assaut de l’EIGS, les habitants qui n’avaient pas déjà quitté Talataye apprennent que des centaines de motos de l’EIGS semblaient s’approcher : ils fuient alors dans l’urgence, souvent à pied.
Le MSA indique avoir contribué à l’évacuation de certains habitants avec ses véhicules.

Aujourd’hui encore, selon un notable de la localité et une ressortissante de Talataye vivant à Gao – première ville du nord du Mali, à environ 150 km de Talataye –, des centaines de familles sont toujours en brousse, au nord de la ville, dans le plus grand dénuement. « Ils n’ont rien à manger depuis mardi, indiquent ces sources, et ils n’ont pas les moyens d’atteindre les villes les plus proches. »

Appels à l’aide

Ces responsables civils de Talataye sollicitent l’aide du gouvernement malien, des ONG présentes au Mali et de la communauté internationale pour les secourir.

Cette situation de détresse vient s’ajouter à un tableau qui ne cesse de s’assombrir : depuis le début de l’offensive de l’EIGS dans le nord-est du Mali, 50 000 déplacés internes se sont déjà entassés à Ménaka, selon les Nations unies. Cela a fait tripler la population de la ville. Sans compter les milliers d’autres déplacés qui ont choisi de rejoindre Gao, Kidal, ou de passer les frontières nigérienne ou algérienne.

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