Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a proclamé vendredi l’indépendance de ce vaste territoire du Nord du Mali. Une indépendance toute relative puisqu’aucun pays n’entend la reconnaître et qu’une grande partie du secteur est en fait contrôlée par les islamistes.
La situation est toujours très mouvante au Mali, où les événements se succèdent les uns après les autres depuis une semaine. Vendredi, les rebelles touaregs sont passés au stade supérieur de leur défi contre le pouvoir central deBamako.
Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), leur principal groupe, a en effet officiellement auto-proclamé l’indépendance du territoire dont il contrôle désormais une partie dans le Nord du pays. « Le comité exécutif du MNLA appelle la communauté internationale dans son ensemble à reconnaître immédiatement, dans un esprit de justice et de paix, l’indépendance de l’Etat de l’Azawad« , écrit Billal Ag Acherif Acherif, le leader de l’organisation, basée à Gao, l’une des principales villes du Nord.
Refus africain
Cette proclamation reste cependant pour l’instant toute symbolique -et devrait le rester très longtemps. Malgré la demande du MNLA, aucun pays n’entend reconnaître l’indépendance de l’Azawad, notamment les nations voisines (Algérie, Mauritanie, Niger) qui abritent chacune une forte communauté touareg. L’assurance du MNLA qu’il n’a pas l’intention de toucher aux frontières ne changera pas grand-chose sur ce point.
Même refus en France. « La France est attachée à l’intégrité territoriale du Mali, il n’est pas question de remettre en cause la souveraineté de ce pays« , expliqueAlain Juppé, le ministre des Affaires étrangères. De son côté, Gérard Longuet, son collègue de la Défense, souligne que cette « déclarationd’indépendance unilatérale n’aura pas de sens » aussi longtemps qu’elle ne sera pas reconnue par les pays africains. Or l’Union africaine dans son ensemble y est opposée.
Retournement contre les islamistes ?
L’indépendance de l’Azawad est aussi très relative puisque une bonne partie du territoire, dont Tombouctou, sa ville emblématique, n’est plus sous le contrôle des touaregs mais de leurs alliés islamistes (notamment le groupe Ansar Dine) plus ou moins liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique. Le MNLA sous-entend d’ailleurs qu’il est désormais prêt à se retourner contre ses encombrants partenaires.« Maintenant par rapport aux extrémistes, (…) nous savons que le MNLA a une lourde mission à accomplir, celle de sécurisation totale des régions de Gao, Tombouctou et Kidal« , explique le mouvement.
Objectif du MNLA : obtenir des appuis internationaux dans le combat contre le pouvoir central, toujours aux mains des putschistes du 22 mars. Cette prééminence des islamistes sur le terrain inquiète en effet les Occidentaux, qui craignent que le Nord du pays ne devienne un nouveau sanctuaire pour le terrorisme. lci.tf1.fr
Catastrophe humanitaire à venir ? |
Conséquence de tous ces problèmes politiques maliens : le Nord du pays, où des dizaines de milliers de personnes se sont déplacées pour fuir les combats et où les prémices d’une nouvelle crise alimentaire sont signalées en raison de la sécheresse, serait « au bord d’un désastre humanitaire majeur« , selon Amnesty international. |