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Mamadou Ablaye N’diaye, au nom de cette aventure si bien singulière et d’une exceptionnelle fécondité

Date:

Mai 1977, sans avoir, dans les annales de l’histoire du mouvement estudiantin la même épaisseur que mai 1968, n’en constitue pas moins un moment de mobilisation exceptionnel. Le boycott des cours étaient couplés avec des piquets de masse, véritables instances de mobilisation et d’apprentissage des méthodes de de luttes. Au sortir de cette grève, la question   de la réorganisation du mouvement estudiantin était à l’ordre du jour. Cet impératif, découlant des différentes lectures de l’expérience, sera exécuté dans une période d’effervescence idéologie sans précédent. Dans l’Université de Dakar, des cercles d’obédience de gauche essaimaient comme des champignons après la pluie ! Ceux qui ne se réclamaient ni de Marx, Lénine, Mao ou Trotski étaient pratiquent exclus, pour ne pas dire auto-exclus des instances de décision. Cette dynamique produisit ses propres leaders au nombre desquels Hachem, Ousiby Touré, Djibril Dia, Bamba Ndiaye, Babacar Fall, Hamidou Dia, Ousmane Senghor et El Hadji Pape Amadou Ndiaye.

Autre facteur ayant impacté sur notre compagnonnage, l’encadrement académique et pédagogique. Nous avons toujours manifesté notre fierté d’avoir été produits de l’université de notre pays. Notre reconnaissance envers les Pr Alassane Ndaw, Dieydy Sy, Boubacar Ly, Abdoulaye Élimane Kane, Raymond-Aloyse Ndiaye, Mamoussé Diagne, Abdoulaye Bara Diop et Michel Lefebvre est demeurée une constante. Nous avons été façonnés par ces Maîtres qui savaient ce que enseigner signifie : c’est-à dire, en plus de  dispenser le savoir et de consolider l’esprit critique, mesurer à sa juste valeur l’immense responsabilité de se voir confier des jeunes d’une certaine manière contestataire jusqu’au bout des ongles.

C’est dans ce contexte que le fils du Baol, fortement imprégné de la culture du terroir, Mamadou Ablaye Ndiaye, rencontra l’enfant de Saint-Louis, ou plutôt de Pikine Angle Tall, densément ancré dans la culture Haal pular ! Certes nous étions tous deux des anciens du Lycée Charles De Gaulle, mais nous ne nous étions connus que sur les bancs de l’Université, lui né en 1953 à Bambey, et moi, en 1956 dans la vieille cité portuaire.

Nous avions très tôt réussi à circonscrire des plages de convergence : si la détermination des « camarades » à s’investir pour le triomphe du monde de notre rêve ne faisait pour nous l’ombre d’aucun doute, nous n’en pensions pas moins que de sérieux efforts devaient être fournis dans « le double axe de l’appropriation du marxisme et de la maîtrise des réalités socioéconomiques du continent », pour reprendre Amady Aly Dieng. Cette conviction nôtre était d’autant plus forte que, malgré notre divergence idéologique toujours réaffirmée avec Léopold Sédar Senghor, nous reconnaissions une certaine pertinence à sa critique même formulée sous le mode de la caricature : «  parmi ceux qui se disent marxistes peu ont lu Marx et parmi ceux qui ont lu Marx peu sont ceux qui l’ont compris. »

Notre sentiment était qu’une sorte de paresse intellectuelle, conjuguée à une propension incroyable à une restitution mécanique des textes des classiques, sous toile de fond d’une tradition critique des plus larvées, hypothéquait nos chances «  d’accéder au sommet lumineux du savoir ». Mais cette prise de conscience débouchait aussi sur une sérieuse réserve vis-à-vis de l’académisme et du carriérisme. L’un et l’autre recoupaient souvent sur leurs difficultés à saisir judicieusement les enjeux sous-jacents à l’intelligence positive des lois qui président à l’évolution de la nature et du monde des hommes.

A la faveur de notre cohabitation au pavillon E, Ndiaye et moi primes l’engagement de faire des études et de la recherche « «une affaire sérieuse » ! La lecture attentive du Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, de l’Anti-Dühring et du Capital, entre autres, contribuèrent à nous faire comprendre la portée de la théorie de la connaissance. La même attention présida à   notre exploitation des travaux de Basil Davidson, Cheikh Anta Diop, Jean- Suret Canal, Jean -Pierre Vernant, Boubacar Barry, Abdoulaye Bara Diop, Paul Pélissier, Joseph Ki Zerbo et, évidemment, Amady Aly Dieng. Cette précaution nous permit d’asseoir nos principes de base et, corrélativement, de nous mettre en perspective pour apporter notre modeste contribution à cet impératif que constitue le développement des sciences sociales au Sénégal et en Afrique. En résultait cette ligne directrice ainsi déclinée :

  • Contribuer à restituer à la philosophie ses attributs originels en renvoyant dos à dos l’européocentrisme et l’africanisme philosophique ;
  • Mettre l’accent sur la théorie de la connaissance comme matrice du mode de pensée philosophique ;
  • Tenir compte du fait que la philosophie, tout en renonçant à ses visées hégémonistes, n’en constitue pas moins un ordre du savoir suffisamment outillé pour soumettre avec bonheur tous les autres discours sous le regard oblique du soupçon ;
  • Articuler la volonté de vérité à la perspective de faire prévaloir dans le monde notre l’idéal de justice sociale, de liberté et de fraternité.

De cette complicité naquit Africanisme et Théorie du projet social dont la publication fut saluée par notre préfacier Amady Aly Dieng comme un évènement ! Si la rédaction de ce livre de 320 pages nous prit une dizaine d’années, il en fut autrement pour le second, Les conquêtes de la citoyenneté Essai politique sur l’Alternance survenue au Sénégal en mars 2000. La révélation du décalage entre son écriture – courant avril 2000 – et la date de sa publication effective en mars 2003, parut si irréaliste qu’un de nos brillants compatriotes nous en porta publiquement la contradiction. De ce débat naîtra le chapitre 10 de notre troisième ouvrage L’Afrique face au défi de la modernité. Ce texte, au titre particulièrement édifiant sur son envergure polémique : « Un texte et son prétexte : réponse à un critique des Conquêtes de la citoyenneté » sera d’abord publié dans Sud quotidien et Walfadjiri. Dans la même mouvance unitaire, nous proposions à nos lecteurs une réflexion philosophique sur les œuvres de l’artiste-peintre Kalidou Kassé. Cet ouvrage sera traduit en anglais par le Professeur Badara Sall de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.

Parallèlement à ces livres édités, notre complicité intellectuelle trouvait son prolongement dans la rédaction de plusieurs dossiers de presse consignant notre lecture   des bien laborieuses expériences démocratiques en cours sur l’Afrique, notamment au Sénégal. Notre journal de prédilection était, en fait, ou plutôt, de fait, Sud quotidien. Notre régularité dans la production d’articles dans ce quotidien et la fidélité à ce journal nous avaient valu des fois d’être interpellés comme les « amis de Sud »- d’autant que, à la même période, j’animais à l’antenne Sud de Saint-Louis le Banquet.

Pour Ndiaye comme pour moi, c’était des moments de délectation tout à fait singuliers que de passer mettre la dernière main sur notre dossier à paraitre. Le siège du Groupe Sud Communication nous a été toujours ouvert. Mais au-delà des bureaux, c’étaient les visages et les cœurs et au-delà des visages et des cœurs, et plus que les visages et les cœurs, c’étaient bien les esprits ! Et aujourd’hui, je revois avec ferveur des noms et des figures défiler, secouant du coup ma mémoire ankylosée par l’émotion. Des noms, des figures, des esprits allant au-delà du comportement que requiert tout simplement le professionnalisme pour faire montre, à notre égard, d’une égale générosité : Babacar Touré, Abdoulaye Ndiaga Sylla, Saphie LY, Abdou Latif Coulibaly, Vieux Savané, Ndiaya Diop, Ben Moctar Diop, ou Sérigne Mour Diop, pour n’en citer que ceux-là !

Pr Marie Andrée, ma sœur et épouse, qui a suivi d’un regard des plus attentifs l’essentiel de mon cheminement avec Ndiaye, nous appelait affectueusement les jumeaux. Et elle ne savait si bien dire ! Nous écrivions en deux mains en une seule ! Nous nous reconnaissions mutuellement, et à nous deux seulement, à la fois, le droit, le devoir et la responsabilité de terminer sans risquer d’altérer, en quoi que ce soit notre pensée, un paragraphe voire tout simplement une phrase. Nos plus proches, y compris nos épouses, n’étaient en mesure de dire où commence la phrase de l’un et on se termine celle de l’autre. Du reste, c’était pour nous nous une non question. Cette complicité, qui frisait l’osmose, ne faisait l’objet d’aucun doute de la part de nos chers lecteurs qui ont souvent avoué n’avoir jamais décelé la moindre   cassure dans la conduite de notre pensée qui signalerait un moment de passage de témoin, ou plutôt de plume.

Certes, nous n’étions pas allés aussi loin que ces deux éminents penseurs égyptiens, Bahgat El Nadi et Adel Rifaat, qui signaient sous le même pseudonyme, Mahmoud Hussein. Cependant, nos amis nous encourageaient à leur manière, en nous comparant, toute proportion gardée, à Marx et Engels ! Et Pr Mamoussé Diagne, dont l’éloignement spatial vis-à-vis du duo était inversement proportionnel à la fraternelle attention qu’il nous accordait, nous donnait constamment sa bénédiction en faisant observer que nous avons réussi là où butait l’opposition sénégalaise : triompher des egos, pour faire une œuvre qui fait date ! (C’était, il est vrai, bien avant la victoire du FAL en 2000)

Au demeurant, ce duo nôtre n’avait pas en lui tout seul toute sa vérité. Il a bénéficié d’une sorte d’encadrement rapproché de la part d’hommes et de femmes suffisamment conscients des enjeux de notre engagement et des séries de privations qui vont avec  pour nous apporter leur soutien multiforme à notre aventure. Au nombre de ceux-là, celui que nous appelions affectueusement Pa Dieng, Doyen Dieng ou tout simplement Grand Dieng. Avec sa proximité, c’était l’apprentissage d’une lourdeur stylistique à élaguer, d’une affirmation gratuite à supprimer et/ou d’une polémique à biffer au profit d’une argumentation soutenue.

Ses connaissances aux dimensions encyclopédiques avérées, son sens de la critique et son obsession de voir enfin émerger en Afrique de véritables sciences sociales auront contribué à nos armer non sans infléchir notre choix des objets de nos investigations. De ce cercle des amis faisait partie Babacar Touré, à l’époque à la tête du Groupe Sud Communication. En plus de ses conseillers et suggestions des plus précieuses et de son sens remarquable de l’écoute, son soutien n’avait jamais fait défaut surtout quand il s’agissait de résoudre une question d’ordre logistique que requiert la publication de nos thèses ou la promotion de nos livres.

Cette fraternelle assistance venait à point pour des chercheurs qui, dans la mesure où ils étaient « dans l’informel », ne bénéficiaient d’aucune subvention. Je me rappelle que, en ce moment où manipuler la souris restait encore un luxe, nous n’avions même pas suffisamment de papier. Or ce support restait des plus précieux pour assurer à la pensée la traçabilité que suppose sa lisibilité, une des conditions de son intelligibilité. Mamadou Mbodj, Mariètou Ndiongue, Alfred Ndiaye, Mame Less Camara, Youssou Diop, Bakary Faye, Maître Abdoul Djalil Kane, Ibrahima Kane, Abdoulaye Badou Thiam, Sérigne Guèye, Marie Jo Bourdin, Mamdou Ly, affectueusement appelé Boy Ly, Ndiaye Thioro, Youssou Fall, sans citer tous mais sans non plus oublier personne, constitueront les maillons de cette chaîne de solidarité.

Last but not least, nos épouses feront preuve d’un sens extraordinaire de la grandeur et de la dignité, révélateur de leur intelligence de cette sorte de mission qui reposait sur les frêles épaules de leurs maris. Aussi avions-nous parfois procédé, presque avec leur complicité, « au détournement » du budget familial pour l’achat de livres, de journaux ou pour nos nombreux déplacements, compte non tenu des frais de téléphone.

Tout cela avait concouru à nous mettre, pour ainsi dire, l’aise. Pour preuve, malgré les exigences de la recherche par essence possessive, en dépit de cette rigueur aux accents kantiens qui nous était souvent attribuée, nous connaissions la joie de vivre. Dans le cercle de nos amis et proches, nous vivions des moments sublimes de communion comme en témoignaient nos « sourires, nos rires, voire nos éclats de rires », pour reprendre une formulation des Conquêts de la citoyenneté.

Les péripéties de la vie, alimentées par certaines contradictions dont jusqu’ici la nature me parait des plus énigmatiques, viendront à bout d’un compagnonnage vieux de plus de trente hivernages. Nous en étions à attendre la préface d’un autre livre par notre ami Babacar Touré – qui devait être la seconde, après celle généreusement rédigée pour accompagner Les Conquêtes de la citoyenneté, Essai politique sur l’Alternance politique de mars 2000. Cet ouvrage, Presse et jeu politique au Sénégal, devait être publié par le pertinent poète camerounais et non moins éditeur, notre ami Paul Dakeyo. Traitant, entre autres, des séquences les plus significatives de la contribution des professionnels de l’information et de la communication dans les luttes citoyennes pour l’avènement de l’Etat de Droit, ce livre n’a jusqu’ici échappé à la critique rongeuse des souris que grâce au concours magique des technologies de l’information et de la communication !

Que retenir de cette aventure ? L’essentiel ! C’est-à-dire cette ligne directrice de laquelle résulte cette œuvre qui survivra aussi bien à la mort de Mamadou Ablaye Ndiaye qu’à la mienne. Du moins, je le souhaite au plus profond de moi-même.

Alpha Amadou SY, Philosophe / Ecrivain

 

 

 

3 Commentaires

  1. Que le bon Dieu l’accueille dans son Paradis, s’il etait croyant. Tout en souhaitant que Prof. sy aie dit la Shahadah lui meme, je trouve un grand plaisir de lire ce grand prof de Philo, qui avait impressione des milliers et des milliers d’eleves a Saint Louis en general et au lycee Elhadj Oumar f.Tall ou il m’a enseigne la philo en particulier. Je salue au passage tout les eleves qui faisaient la terminale des annee 1988-1989 au LCOFT.

  2. Je ne sais pas si c’est moi qui ne sait lire ou décrypter un article de presse,mais j’avoue que je suis plus moi même depuis que j’ai lu cet article de Alpha SY.. Mais je crois que Mr Ndiaye n’est pas mort,sinon quelle prouesse stylistique que de parler d’un disparu sans jamais le considérer comme n’étant plus de ce monde.En effet,Mr Sy n’a fait que rappeler des souvenirs,certes du passé,en ressassant les points saillants de son compagnonnage avec Vieux Ndiaye.Sauf peut être dans l’excipit de son article ou il évoque la mort pour l’invalider aussitôt au cas ou elle devait advenir pour lui et son frère d’armes .Mr Sy vous ne vous souvenez plus de moi,mais chaque fois que vous êtes descendu en provenance de Saint Louis chez mon professeur ,aux HLM6 et à Niary Talli ,je vous voyais.Je vous vois encore vous trois:Alfred,vieux et vous même,un trio d’intellos unis par le concept.Vieux et moi ,nous allions à Fass,chez Mr Nazime ou vivait sa fratrie.Thioro Ndiaye la pharmacienne dont j’ai assisté à la soutenance avec Mr Ndiaye,Aminata la kennedienne,Fallou Gallas le regretté,mon condisciple qui était dans la même classe de terminale A123 au lycée Blaise Diagne en 1984 et avec Mr Ndiaye comme professeur de philosophie vivaient dans cette maison.Aussi dans cette concession appelée Makaan vivaient Baay Abdou,Diaz le pétrochimiste algérien,Issa l’italien,Serigne le postier,,Mandiaye le musicien artiste qui a dormi dans la meme chambre que Michael Jackson lors du passage des Jackson Fives à Dakar….Mr Ndiaye m’a initié à la culture philosophique et politique par la lecture d’ouvrages de reference qu’il sélectionnait à ses soins et dont je devais faire le compte rendu de lecture.Nous avions des débats hebdomadaires sur l’actualité par la lecture de Sud Quotidien et Le Monde diplomatique dont nous ne rations aucune publication.On parlait en ce temps de lecture symptomale.j’ai donc longtemps été son disciple, mais pas son talibé parce qu’il n’était pas un taliban de la pensée unique.Ce faisant il m’avait enseigné l’importance du parricide dans le procès de la connaissance,que la réflexion philosophique a triomphé du dogmatisme en se départissant jamais du réflexe parricidaire qui doit être dans le gène de tout bon philosophe ou intellectuel.Et c’est sous ce rapport qu’il fallait envisager la critique marxienne et engelsienne de Feuerbach et Hegel à propos du matérialisme historique et du matérialisme dialectique.Je l’écoutais,le comprenais et lui restituais ses enseignements dans des devoirs qu’il finit par photocopier.Même mon cahier de cours qui est resté un document de chevet a été photocopié par ses soins.Oui c’était certes l’inutritio,mais aussi la restitutio car il ne dictait pas le contenu de ses cours qui étaient magistraux ,sauf les textes d’application qu’il inscrivait au tableau avec sa spéciale calligraphie.Je le vois encore avec ses lunettes d’intellectuel,sa mise esthète et élégante,le verbe haut saupoudré et mâtiné de réminiscences philosophiques,politiques et mythologiques..Chaque cours était un évènement qu’il menait avec une captatio benevolentiae qui subjuguait toute le classe.Nous sortions du cours de philo très enthousiaste.Je me souviens de notre salle de classe enfumée modérément du parfum d’Amsterdam,son tabac à pipe préféré.Mr Ndiaye m’a initié au jazz et à la musique classique en me donnant l’outillage technique et herméneutique pour décrypter cette musique élitiste interdite à une oreille doxique.C’etait du Mile Davis,Duke Ellington,Count Basie,Dizzy Gllespie,Ornet Coleman,Art Blakey, Ravi Shankar, Vivaldi,Morart,Ravel,le canon de Pachelbel….Mr Ndiaye et moi allions à Bargny chez mes parents ou ma mer lui faisait ses petits plats.Il appréciait particulièrement la sauce gombo qu’il finit par ritualiser dans ses menus.Ce qui le connaissent savent qu’il est un fin cordon bleu,il m’a appris à déguster le gnoki à la romaine,les spaghettis,la sauce bolognaise,le pot au feu….
    Je décide de ne plus aller plus loin dans le témoignage car ce que je veux dire est indicible et mon clavier est devenu subitement frigide et mes doigts ankylosés.Mr Sy n’a pas comme je le soulignais dans l’incipit de mon post une oraison funèbre.Point d’accents métaphysiques ou de relents de fins dernières or implorer je ne sais le rachat de qui que ce soit .Nous magnifions en hommage et en témoignage la grandeur de cœur et d’esprit de ce grand sénégalais héros du concept.

  3. Je ne sais pas si c’est moi qui ne sait lire ou décrypter un article de presse,mais j’avoue que je suis plus moi même depuis que j’ai lu cet article de Alpha SY.. Mais je crois que Mr Ndiaye n’est pas mort,sinon quelle prouesse stylistique que de parler d’un disparu sans jamais le considérer comme n’étant plus de ce monde.En effet,Mr Sy n’a fait que rappeler des souvenirs,certes du passé,en ressassant les points saillants de son compagnonnage avec Vieux Ndiaye.Sauf peut être dans l’excipit de son article ou il évoque la mort pour l’invalider aussitôt au cas ou elle devait advenir pour lui et son frère d’armes .Mr Sy vous ne vous souvenez plus de moi,mais chaque fois que vous êtes descendu en provenance de Saint Louis chez mon professeur ,aux HLM6 et à Niary Talli ,je vous voyais.Je vous vois encore vous trois:Alfred,vieux et vous même,un trio d’intellos unis par le concept.Vieux et moi ,nous allions à Fass,chez Mr Nazime ou vivait sa fratrie.Thioro Ndiaye la pharmacienne dont j’ai assisté à la soutenance avec Mr Ndiaye,Aminata la kennedienne,Fallou Gallas le regretté,mon condisciple qui était dans la même classe de terminale A123 au lycée Blaise Diagne en 1984 et avec Mr Ndiaye comme professeur de philosophie vivaient dans cette maison.Aussi dans cette concession appelée Makaan vivaient Baay Abdou,Diaz le pétrochimiste algérien,Issa l’italien,Serigne le postier,,Mandiaye le musicien artiste qui a dormi dans la meme chambre que Michael Jackson lors du passage des Jackson Fives à Dakar….Mr Ndiaye m’a initié à la culture philosophique et politique par la lecture d’ouvrages de reference qu’il sélectionnait à ses soins et dont je devais faire le compte rendu de lecture.Nous avions des débats hebdomadaires sur l’actualité par la lecture de Sud Quotidien et Le Monde diplomatique dont nous ne rations aucune publication.On parlait en ce temps de lecture symptomale.j’ai donc longtemps été son disciple, mais pas son talibé parce qu’il n’était pas un taliban de la pensée unique.Ce faisant il m’avait enseigné l’importance du parricide dans le procès de la connaissance,que la réflexion philosophique a triomphé du dogmatisme en se départissant jamais du réflexe parricidaire qui doit être dans le gène de tout bon philosophe ou intellectuel.Et c’est sous ce rapport qu’il fallait envisager la critique marxienne et engelsienne de Feuerbach et Hegel à propos du matérialisme historique et du matérialisme dialectique.Je l’écoutais,le comprenais et lui restituais ses enseignements dans des devoirs qu’il finit par photocopier.Même mon cahier de cours qui est resté un document de chevet a été photocopié par ses soins.Oui c’était certes l’inutritio,mais aussi la restitutio car il ne dictait pas le contenu de ses cours qui étaient magistraux ,sauf les textes d’application qu’il inscrivait au tableau avec sa spéciale calligraphie.Je le vois encore avec ses lunettes d’intellectuel,sa mise esthète et élégante,le verbe haut saupoudré et mâtiné de réminiscences philosophiques,politiques et mythologiques..Chaque cours était un évènement qu’il menait avec une captatio benevolentiae qui subjuguait toute le classe.Nous sortions du cours de philo très enthousiaste.Je me souviens de notre salle de classe enfumée modérément du parfum d’Amsterdam,son tabac à pipe préféré.Mr Ndiaye m’a initié au jazz et à la musique classique en me donnant l’outillage technique et herméneutique pour décrypter cette musique élitiste interdite à une oreille doxique.C’etait du Mile Davis,Duke Ellington,Count Basie,Dizzy Gllespie,Ornet Coleman,Art Blakey, Ravi Shankar, Vivaldi,Morart,Ravel,le canon de Pachelbel….Mr Ndiaye et moi allions à Bargny chez mes parents ou ma mer lui faisait ses petits plats.Il appréciait particulièrement la sauce gombo qu’il finit par ritualiser dans ses menus.Ce qui le connaissent savent qu’il est un fin cordon bleu,il m’a appris à déguster le gnoki à la romaine,les spaghettis,la sauce bolognaise,le pot au feu….
    Je décide de ne plus aller plus loin dans le témoignage car ce que je veux dire est indicible et mon clavier est devenu subitement frigide et mes doigts ankylosés.Mr Sy n’a pas comme je le soulignais dans l’incipit de mon post une oraison funèbre.Point d’accents métaphysiques ou de relents de fins dernières or implorer je ne sais le rachat de qui que ce soit .Nous magnifions enpt hommage et en témoignage la grandeur de cœur et d’esprit de ce grand sénégalais héros du conce.

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