Le président Macky Sall reste très prudent avec ses alliés politiques. Les partis politiques les plus représentatifs qui accompagnent le chef de l’Etat dans la mise en place du plan Sénégal émergent ont été bien servis. Mais comme un cadeau empoisonné, il donne la carotte et brandit le bâton. La durée du mandat d’un an renouvelable est une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête du socialiste qui bénéficie d’un CDD renouvelable s’il est loyal.
Le président de la République est un fin stratège. Il sait user de stratagème pour ferrer ses alliés surtout certains ont des ambitions de conquérir le pouvoir. Pour ce faire, l’actuel président de la République est prêt à imposer « une précarité légale » en laissant par exemple le mandat du président du Hcct à un an renouvelable. Toujours est-il qu’en politique, il faut être prudent, selon le constitutionnaliste Babacar Guèye. «Tanor a été élu. Ce qui lui permet d’être au moins légitime et assez autonome. C’est vrai que les conditions dans lesquelles le président de la République nomme le président du HCCT sont assez précaires. Nous sommes sur le terrain politique et en politique, on ne fait rien sans rien. Cela est pareil pour le président de la République mais aussi pour Niasse et Tanor. Et dans un tel cas, chacun essaie de tirer le maximum possible d’avantages de son côté. Donc, je ne suis pas surpris, par la durée du mandat qui ne permet pas au président du HCCT de faire 5 ans», dit Babacar Gueye. «Cela peut fragiliser les institutions parce qu’en démocratie, il faut que les institutions soient stables et cela dépend des relations qui sont nouées entre les deux hommes. Nous avons l’exemple de l’Assemblée où Moustapha Niasse était dans le même cas. Pour avoir gagné la confiance du président, il s’est stabilisé», ajoute le constitutionaliste. En effet, Macky Sall ne fait pas trop confiance à certains alliés et prudence étant mère de sûreté, il préfère un contrat à durée déterminée qui va être renouvelable à chaque fois que l’intéressé lui donne suffisamment de gage. Selon Babacar Gaye, porte-parole du Pds, «tout le monde se rappelle la déclaration du président de stabiliser les institutions. Mais ses déclarations sont contradictoires aux principes de base pour lesquels il a été élu. Aujourd’hui, cette institution est fragilisée par le risque d’un changement dont son président peut être confronté», dénonce le porte-parole du Parti démocratique sénégalais qui souligne que la force d’une démocratie, c’est la stabilité de ses institutions. Dans ce jeu, le Président Sall est le grand gagnant. Certains sont d’avis qu’à force de vouloir garder son poste de président de l’Assemblée nationale, le chef des progressistes a fini par transformer son parti en mouvement de soutien. Pourtant, Mbaye Dione, membre du bureau politique de l’Afp soutient que «notre parti n’est pas un mouvement de soutien. C’est vrai que l’instabilité au niveau de certaines institutions peut poser de problème, mais pour le cas de l’Assemblée nationale, cela est déjà réglé. Si Moustapha Niasse demeure à ce poste, c’est parce qu’il réunit toutes les conditions d’éligibilité. Mais je crois qu’on devrait harmoniser toutes les institutions en assurant leur stabilité. Quand on crée des institutions, on doit pouvoir créer les conditions de stabilité pour les gens qui les dirigent. La précarité n’est pas une bonne chose et le cas de l’Assemblée national doit servir de leçon, où pendant plusieurs mois, on ne parlait que du renouvellement de la présidence», dit le maire de Ngoundiane.
André BAKHOUM (L’AS)