Le feuilleton Idrissa Seck Abdoulaye Wade ressemble à une fable interminable. Les retrouvailles longtemps annoncées entre les deux anciens collaborateurs peinent à prendre effet.
En dépit des nombreuses mises en scène théâtralisées comme celle du 4 novembre 2009 dans le fief du maire de thiès. L’audience du 12 août dernier entre le secrétaire général du Parti démocratique sénégalais et son ancien numéro 2 est la dernière pièce de cette fable plus que comique interprétée sous les yeux et les oreilles des sénégalais plus préoccupés par leur quotidien difficile et leur avenir incertain. Idrissa Seck, pourtant deuxième à l’issue de la Présidentielle de 2007, était promis à un bel avenir d’opposant de la dimension de l’autre « opposant au pouvoir » depuis 2000 pour avoir damé le pion aux favoris socialiste et progressiste, respectivement Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse arrivés troisième et quatrième. Ses manœuvres avec son ex mentor réélu dès le premier tour ont substantiellement réduit sa côte de popularité et apparemment « déçu » nombre de ses sympathisants. Le tapis… bleu déroulé au fils du chef de l’Etat, karim Wade, par son père a ainsi tout l’air de jeter le doute sur les prétentions du « fils d’emprunt ». Même si son potentiel futur adversaire, investi sur la liste de la coalition présidentielle aux Locales de mars 2009 n’a su profiter de l’occasion pour prendre la mairie de dakar. L’édile de Thiès, lui, préfère s’emmurer dans son silence et laisser Karim Wade occuper l’espace politique. Et peut être aussi le temps. son temps surtout. Car, il l’a dit à la veille de son énième face-à-face avec le maître du Palais. « Chaque chose en son temps », a justifié son mutisme lors d’une rencontre avec ses militants dans sa commune. Dans une fable, il y a toujours une leçon de morale à retenir. serait-elle alors une mort certaine de l’ours que semble incarner ici idrissa seck ?
LA PEAU DE L’OURS
Les aléas de la politique dicteraient à coup sûr, la prudence et non une conclusion hâtive pour le dénouement de cette pièce qui se joue entre les deux personnages principaux que sont seck et Wade. Comme le consent Jean de La fontaine, « Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ». De la même manière que pour, andré roussin, « on ne frappe pas un homme à terre, il risque de se relever ».
Or l’enrôlement de l’un des grands éléments de idrissa seck et de Rewmi, en l’occurrence Awa Guèye Kébé, sonne comme une gifle contre justement un homme qui a, visiblement perdu patience et rumine sa mise à l’écart de l’appareil du parti et de l’Etat. Affaibli. Peut-être a-t-il senti sa « mise à mort » aujourd’hui seulement en se prêtant à un appel du pied décrypté par le président Wade qui l’a reçu dans les heures qui ont suivi sa sortie médiatisée et sa petite phrase : « Les souffrances des Sénégalais me sont insupportables ». Et dire qu’il a rompu le silence ! Que les deux ont parlé de la situation nationale en plus ! C’est connu qu’à chaque fois que de basses combines se font en haut lieu et en toute discrétion, c’est la situation nationale qui est au coeur des discussions. Rien d’autre que pour dire ‘’c’est nous dans nous’’.
Est-ce une simple réaction à des manoeuvres dont il a le seul « don » olfactif ? ou alors est-ce la fin de la « somnolence » de l’ours qui affûte ses griffes pour déchirer le scénario de succession ? La fréquence des rencontres entre les deux hommes, peut aussi participer d’une mise en orbite d’un « joker » pour Wade, au cas où le plan de « dévolution monarchique » qui lui est prêté ferait chou blanc.
Hamath KANE
lagazette.sn