Plus joueur que jamais, le dieu argentin remet en jeu son statut divin en Afrique du Sud. Le bon départ des Albicélestes face au Nigeria (1-0) n’a pas chassé tous les doutes
Diego Armando Maradona peine à trouver ses marques dans le rectangle étriqué qu’on lui a alloué pour suivre Argentine-Nigeria – les cadres, c’est pas son histoire. Les limites non plus. Alors, il flirte avec – ça, il sait faire. Troisième minute de jeu, samedi à Ellis Park: le quatrième arbitre signale à «Sa Sainteté» qu’il y a des lignes à ne pas franchir. Sixième minute de jeu: Gabriel Heinze ouvre le score d’une splendide tête plongeante. Le sélectionneur albicéleste, 49 ans, explose dans son costard-cravate. Le tableau d’affichage ne mouftera plus au cours d’une partie débridée, assez superbe. Avant de filer aux vestiaires, Maradona embrasse ses joueurs un à un, comme ses enfants, puis brandit un poing rageur en direction des fidèles. L’Argentine a déjà un pied en huitième de finale.
Un pied gauche, naturellement. Le pied de Dieu. Parce qu’en dépit des dérives, on ne saurait considérer autrement «El Pibe de oro». Le gamin en or s’est âprement frotté au monde des adultes, plutôt mille fois qu’une: drogue, alcool, obésité, pontages coronariens. Depuis son attaque de janvier 2000, le quotidien Clarín garde au chaud le supplément nécrologique qu’il avait alors concocté en toute urgence. Mais Diego aime dribbler, y compris la mort. Aujourd’hui, il est bien vivant, plus joueur que jamais. Au point de remettre son statut d’icône sur le tapis.