Les « Charlie » et les « non Charlie » parlent cette fois-ci d’une seule voix en Afrique. Ce n’est pour dire qu’ils sont pour ou contre l’attentat, mais dénoncer la « fumisterie » où encore « l’hypocrisie » des chefs d’Etat qui ont été à la marche pour la République. Ils estiment quasiment tous que des Africains meurent tout le temps sous nos cieux dans l’anonymat sans qu’aucun dirigeant de pays ou autorité ne s’en émeut. La bronca a été tellement forte qu’elle a secouée les réseaux sociaux. Profils influents ou simples internautes, chacun y va avec son commentaire.
Le débat sur l’attentat perpétré contre le journal « Charlie Hebdo ,» a évolué. En Afrique, il ne se situe plus au niveau de « Je suis Charlie » ou « Je ne suis pas Charlie » comme on le constate partout depuis le 7 janvier dernier mais que font les six chefs d’Etat africains à Paris dans la marche ? N’ont-ils pas assez de matière à condamner ? Ou encore les morts de « Charlie Hebdo » sont plus importants que ceux de l’Afrique ramassés par dizaine ou par centaine au nord Mali, au Nigéria, en Centrafrique, au Soudan, au Kenya, entre autres.
Abdou El Kader Niang dénonce sur son compte facebook le fait qu’“aucun chef d’État ou de gouvernement européen ne viendrait prendre part à une marche contre le terrorisme, si celle-ci était organisée en Afrique ! Aucun pays européen n’aurait décrété ne serait-ce qu’un jour de deuil national pour compatir à la douleur d’un peuple africain affligé par la guerre, la famine ou une épidémie ! Pauvre de nous !“.
Un député décrie une attitude « Inadmissible et hypocrite »
Un avis largement partagé par un député à l’Assemblée nationale du Sénégal, Cheikhou Omar SY : “Peut être qu’il est temps que nous organisions une marche au nom des milliers de personnes massacrées par Boko Haram, à la place de l’indépendance au nom de la solidarité africaine et nous verrons les chefs d’État qui seront présents”
L’élu d’embrayer dans le même sillage montrant une photo où une secte Nigérian Boko Haram : « c’est là ou on attend nos dirigeants africains, faire une marche contre Boko Haram et reprendre l’offensive contre ce groupe qui décime des milliers de citoyens africains. Aller s’afficher en France au nom d’une solidarité qui peut avoir des conséquences fâcheuses contre nos ressortissants vivant à l’étranger est irresponsable. La question que l’on doit se poser est de savoir pourquoi en est-on arrivé là ? Une condamnation ferme et sans équivoque aurait suffit, vu l’ampleur des massacres qui se passent ailleurs. Inadmissible et hypocrite ».
Un journaliste parle d’indécence
Le journaliste et Directeur de publication du magazine en ligne ouestaf.com se demande combien de morts de pauvres innocents africains amèneront les chefs d’Etat à descendre dans la rue ? « Lorsque la clameur se sera dissipée, lorsque les foules se seront dispersées et lorsque chacun sera retourné dans son lit et sera face à sa seule conscience… on me permettra alors une question et une seule : combien de morts faudrait-il à l’Afrique pour que nos chefs d’Etats descendent dans les rues d’une capitale africaine en signe de solidarité avec nos milliers de sœurs et frères, également victimes des terroristes ? Victimes qui méritaient aussi de vivre – à moins de nous méprendre sur le sens que nous voulons donner à la dignité humaine et à l’égale dignité des vies humaines ! ».
Hamadou Tidiane SY, par ailleurs directeur de l’école de journalisme et des métiers de la communication sur Internet basée à Dakar d’indiquer : « J’avoue que les 3.000.000 de marcheurs sur Paris et la France, me clouent le bec. La déferlante massive m’a fait tressaillir. Mais je ne suis point convaincu. Il y avait là quelque chose d’indescriptible, d’indicible, de flou, mais de foncièrement indécent dans cette présence africaine à la marche de Paris. Je vous en reparlerai lorsque nous en aurons tous fini avec nos fortes émotions des derniers jours. D’ici là, Dieu vous garde chers amis », a-t-il promis.
Des internautes tentent de nuancer
A côté, il y en a qui sont plus nuancés. Ils se réclament de « Charlie », mais toujours estime que la situation au Nigéria est plus catastrophique. C’est le cas de Sambou Biagui.
Lansana Gagny Sakho s’interroge sur les raisons de la « haine » contre Marianne
Le consultant international, par ailleurs formateur, Lansana Gagny Sakho ne peut pas comprendre pourquoi tout cet acharnement contre les chefs d’Etat qui ont fait le déplacement à Paris. Avec des chiffres à l’appui, il a démontré pourquoi les Présidents africains doivent soutenir leur partenaire et alliés de tous les jours. Lansana a démonté les pourfendeurs des chefs d’Etat.
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