Me Aïssata Tall Sall plaide pour la rationalisation des partis politiques au Sénégal. Il a interpelé hier le ministre de l’Intérieur à cet effet lors du vote de son budget.
La multiplication des partis politiques au Sénégal gène au plus haut niveau la socialiste Me Aïssata Tall Sall, qui demande leur «rationalisation». Elle estime que deux cents formations politiques pour un pays de près de douze millions d’habitants, «c’est inacceptable». Selon la parlementaire, «la démocratie ne signifie pas la pagaille». «Multipartisme intégral (en référence à Abdou Diouf qui l’a instaurée, ndlr) ne veut pas dire que quiconque se lève, crée sa propre chapelle, crée son parti politique sans que cela, d’ailleurs, ne corresponde à tous les critères de fond nécessaires pour se considérer comme un véritable parti», a motivé le maire de Podor. «Qu’est-ce qu’un parti qui ne va pas à l’élection ou aux élections ? Qu’est-ce qu’un parti politique qui ne réunit pas ses instances, qui ne va pas en congrès, qui n’agit pas de façon démocratique ?», a interrogé l’ancien ministre de la Communication.
L’avocate indique que même s’il est vrai que la création d’un parti politique est libre, pour autant compte tenu de l’importance que les partis jouent dans notre système démocratique, «il est bon, aujourd’hui, non pas de mettre le terme, mais d’engager une réflexion sur la multiplicité ou la multiplication de nos partis politiques». Et d’ajouter : «Deux cents partis politiques au Sénégal, je pense que c’est trop», a-t-elle fait savoir. Elle estime que «nous pouvons arriver à rationnaliser le système démocratique politique pour encore faire un pas supplémentaire à l’instar de ce que l’ancien président, Abdou Diouf, avait fait en 1981 (multipartisme intégral)».
Cela permettra, selon elle, de faire faire un pas supplémentaire à notre démocratie. La Secrétaire nationale du Ps, chargée de la communication du Ps, réitère qu’il est possible de rationnaliser par le financement des partis. Même si personne ne peut interdire la création d’une formation politique. Me Tall Sall se dit convaincue que «le financement des partis politiques est une grande question moderne des grandes démocraties». Et elle croit que le Sénégal est aujourd’hui à ce niveau.
Dans ce sens, elle estime qu’il est très facile d’arriver à cette rationalisation. «Si le parti obtient un certain nombre de suffrages des Sénégalais, s’il réunit régulièrement ses instances, il a droit à un soutien par le financement public des ressources nationales. Ceux qui ne répondent pas à ces exigences devront alors mourir de leur belle mort», a-t-elle suggéré.
Cette préoccupation n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Le ministre de l’Intérieur a révélé qu’une étude de la rationalisation de l’espace politique est en train d’être réalisée dans le but de permettre aux acteurs politiques d’avoir un document de base et des pistes de réflexion en vue de réaliser des progrès sur cette question.
Source : La Tribune