Me Doudou Ndoye accuse Mimi Touré de copier ses idées

Le Président de la commission nationale de la réforme foncière, Me Doudou Ndoye, a jeté l’éponge après une année  de présidence. L’absence de budget est la principale raison invoquée par Me Doudou Ndoye qui estime que Macky Sall n’a pas accompli son devoir.

Me Doudou Ndoye a finalement jeté l’éponge. Après une année passée à la tête de la Commission nationale de réforme foncière (Cnrf), l’avocat et homme politique a décidé de geler ses activités. Las d’attendre depuis plusieurs mois sans moyens. En conférence de presse hier, Me Ndoye a invité le président de la République a tiré  les conséquences de la lettre qu’il lui a adressée. «Je n’écrirais jamais que je démissionne parce que c’est un mot vulgaire. Mais, je demande au Président de tirer les conséquences de la lettre que je lui ai adressée», a tenu à préciser Me Ndoye. Il estime ainsi que la présidence de la République «n’a pas accompli son devoir» puisqu’à ce jour, «aucune somme budgétaire sous quelque forme que ce soit, n’a été affectée ni à la commission ni à  quelconque de ses membres».
Dans une longue déclaration liminaire, l’avocat est revenu sur l’absence de moyens financiers qui est la principale raison invoquée pour quitter la tête de la commission. Me Ndoye dénonce surtout le clonage de ses idées par d’autres structures gouvernementales. C’est le cas de la commission «parallèle mise en place par l’actuel Premier ministre» au moment de son passage au ministère de la Justice. «Elle a préparé un groupe qui a copié l’organisation de la Cnrf, pour attaquer ce chantier à leur façon, privilégiant des pratiques notariales d’automatisme sur le génie de la création des membres de la commission nationale de reforme foncière», détaille le secrétaire général de l’Union pour la Républi­que (Upr).
Doudou Ndoye va plus loin en accusant Mme Touré d’avoir copié purement et simplement ses idées en introduisant  dans sa commission des associations de professionnels des banques, des conseillers ruraux et régionaux, des représentants des ministères et des membres de la Cour suprême. Alors que toutes ces entités étaient déjà présentes dans la Cnrf. «C’est ma création scientifique et sociale», précise Me Ndoye.

Incompétence
Les coups portés par le gouvernement de Macky Sall à la Cnrf ne s’arrêtent pas «au clonage» de la Commis­sion. Me Ndoye rapporte également que le ministère de l’Agriculture a présenté au nom du Sénégal, des conclusions sur la réforme au cours d’une rencontre à Londres. Des conclusions que, dit-il, la Banque mondiale a rejetées. «Macky Sall ne pouvait pas l’ignorer», constate avec amertume l’ancien candidat aux élections présidentielles. Avant de constater que «dans l’actuel gouvernement, personne n’est assez compétent pour mener une réforme foncière. Ils n’en ont ni les  compétences ni l’expérience». Me Ndoye souligne que la commission a conçu un plan qui permet d’embrasser toutes les branches de l’administration foncière. «On allait doter le Sénégal d’une œuvre qui n’a jamais été tentée en Afrique», se glorifie-t-il. Mais en quittant la tête de la Cnrf, il emporte aussi ses idées. Tout juste accepte-t-il de partager les dispositions relatives à l’accès des femmes au foncier.
Finalement, après avoir adressé plus de 20 correspondances à la Présidence, l’avocat a pris la décision de se retirer. «Je ne suis pas l’employé ni le serviteur de Macky Sall», fustige Me Doudou Ndoye qui demande tout de même que les 90 membres de la commission soient dédommagés pour le temps et les frais qu’ils ont déjà engagés.  Mais à la question de savoir si ce départ est définitif,  la réponse de l’avocat laisse planer le doute. «Si le Président voulait que je revienne, il devra en discuter avec les membres de la commission, pas seulement avec moi», dit-il.